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Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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aisément le dur boyau. La flèche siffla comme une vipère furieuse et fila se planter dans la gorge de l'un des routiers qui s'écroula avec un hurlement que le sang étouffa. La jeune femme en cherchait une autre pour abattre le second garde, mais déjà il tombait auprès de son compagnon, frappé par Josse qui l'avait rejointe.
    Alors, les gens de Montsalvy se réveillèrent. L'enchantement perfide de la peur disparut. Flèches et carreaux d'arbalète s'envolèrent, obligeant les hommes d'Apchier, qui accouraient à la rescousse, à refluer vers leur camp. Bientôt, sur l'espèce d'esplanade qui s'étendait entre la muraille et le camp des assiégeants, il n'y eut plus rien que les dépouilles misérables du pauvre moine supplicié et de ses gardiens.
    — Cessez de tirer ! cria Josse. Il est inutile de gaspiller les munitions...
    Une voix protesta avec indignation.
    — On ne va tout de même pas laisser ce pauvre frère Amable, pendu là, comme renard pris au piège, pourrir sous notre nez et se défaire vilainement au vent et à la pluie ?

    Fendant la foule comme un vaisseau de haut bord voguant par gros temps, sa cornette jouant assez bien les voiles, Gauberte, qui, décidément, semblait avoir pris à tâche de faire entendre la voix de la cité et de remplacer le chœur antique, rejoignit Catherine qu'elle domina de toute sa tête massive, encore élargie par les deux nattes noires, grosses comme des bras d'enfants, qui s'enroulaient sur ses oreilles. Plantée en face de la châtelaine dans son attitude favorite, les poings aux hanches, la toilière ajouta :
    — C'était un saint homme, doux comme une brebis du Bon Dieu, et il est mort pour nous. Lui faut l'obscurité de la bonne terre chrétienne et non la vilaine impudeur des larrons. Et si personne ne veut aller le décrocher, je jure par la croix de ma mère d'y aller, moi !
    Ouvrez-moi seulement la porte !
    Catherine hésita. Sortir, même en force, c'était risquer la bataille à découvert où les assiégés n'auraient pas l'avantage. C'était surtout risquer d'être balayés par un ennemi qui s'engouffrerait facilement par la faille ainsi ouverte. D'autre part, Gauberte avait raison : laisser la dépouille du moine aux mains de ses bourreaux, c'était une honte.
    Sentant qu'elle était sur le point d'emporter la décision, Gauberte insista, mi-suppliante, mi-impérieuse.
    — Alors, not'Dame ? Qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce que...
    Le lent battement de la cloche du monastère sonnant en glas vint lui couper la parole et interrompre les réflexions de Catherine.
    Machinalement, chacun se retourna vers l'intérieur de la ville où, en même temps, éclatait un chant funèbre.
    — Les moines ! dit quelqu'un. Les voilà ! Ils sont tous dehors !
    En effet, marchant sur deux files, les Augustins de l'abbaye remontaient vers la porte Saint-Antoine. Les mains au fond de leurs larges manches, le capuchon rabattu sur les visages ne laissant voir que leur bouche, ils psalmodiaient à voix forte les prières des trépassés. En tête, flanqué de deux frères portant de grands cierges de cire jaune, venait l'abbé Bernard. Couvert d'une chasuble violette à croix d'argent tressé, mitre en tête, il élevait à deux mains l'ostensoir où, cernée des rayons d'or d'un soleil orfévré, brillait l'hostie. À son approche chacun s'agenouillait.
    Parvenu devant la herse close, l'abbé, sans cesser de chanter, fit signe de la relever. Sur le rempart, tous les yeux se tournèrent vers Catherine, interrogateurs.

    Cette fois, elle n'hésita pas. On ne barre pas le chemin à Dieu !
    — Ouvrez ! cria-t-elle. Mais que les archers se postent aux créneaux et se tiennent prêts à tirer. Armez les arbalètes. Si quelqu'un fait mine de s'approcher du seigneur abbé, tirez sans attendre l'ordre !
    Le grincement de la herse qui se relevait passa sur ses nerfs comme une râpe. Le risque était grand. Les hommes qui avaient si cruellement massacré le moine reculeraient-ils devant le Saint-Sacrement ? Dans un instant, peut-être, la horde les submergerait. Hurlante, elle s'abattrait sur Montsalvy ouverte. Chaque arme trouverait un fourreau de chair et de sang. Les cris d'agonie suivraient de bien peu le chant des funérailles et ce serait la fin... Le pont-levis tomba avec un bruit d'apocalypse.
    Vivement, Catherine reprit l'arc dont elle s'était servie et qu'elle avait appuyé au merlon d'un créneau. Posément, elle y plaça une flèche.
    — Si Bérault d'Apchier se

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