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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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entrer dans le presbytère, déclara nerveusement le marguillier. Il a trop peur qu’on découvre ses exemplaires de Luther et de Calvin.
    — Il n’est plus temps de se préoccuper de ce genre de chose. Il faut éteindre le feu !
    — Défoncez le portail ! » cria quelqu’un.
    Sir Thomas contempla le portail de chêne massif et s’esclaffa. « Il nous faudrait un bélier pour ça !
    — Il existe une porte latérale », lança une voix. Deux hommes se précipitèrent vers l’église avant de revenir tout de suite en annonçantque la porte latérale était elle aussi fermée à clef. Levant les yeux vers la fenêtre, je vis que les flammes semblaient plus vives.
    Finch, le marguillier, s’avança. « J’ai une clef, mais je l’ai laissée chez moi !
    — Eh bien, courez la chercher, espèce d’idiot ! » s’écria Harsnet en poussant le marguillier qui hésitait, jetant un regard horrifié vers le vitrail. Quelqu’un s’agenouilla et se mit à prier le Seigneur afin qu’Il sauve l’église et ne lui inflige pas un deuxième malheur.
    Lord Hertford apparut à nos côtés. Se penchant en avant, il parla à voix basse à Harsnet. « Je devrais m’en aller, lui dit-il. Je ne peux rien faire et si l’église est en feu il va y avoir tout un tohu-bohu. »
    Harsnet opina du chef. « Oui, monseigneur, c’est peut-être une bonne idée.
    — Moi je reste, déclara sir Thomas. Je tiens à assister au spectacle ! » précisa-t-il, la mine gourmande. Son frère lui jeta un regard agacé, haussa les épaules, puis s’éloigna d’un pas rapide.
    Harsnet contemplait le vitrail. « Regardez ! Le feu ne semble brûler qu’à un seul endroit, dit-il à voix basse. Et je ne sens pas la moindre odeur de fumée.
    — Et qu’est-ce que ce bruit ? » demanda Barak.
    Par-dessus la voix de l’homme priant le ciel et les murmures horrifiés du reste des fidèles, on entendait un faible et étrange son venant de l’église, une série de grognements étouffés, plus semblables à ceux d’un animal que d’un humain.
    « Grand Dieu, que se passe-t-il là-dedans ? » s’écria Harsnet, la peur se lisant sur son visage dans la pénombre.
    Finch revint en courant dans le cimetière, une grosse clef à la main. On s’agitait autour du portail qu’il déverrouilla puis ouvrit tout grand. Cinq ou six personnes s’engouffrèrent dans l’église, avant de se figer sur place. Quelqu’un poussa un cri d’effroi. Sir Thomas Seymour fendit la foule, Barak et Harsnet sur les talons. Une atroce odeur de chair brûlée mêlée à des relents de poisson nous fit suffoquer. Nous nous arrêtâmes tous à l’entrée de l’église, pétrifiés devant le terrible, l’incroyable spectacle qui s’offrait à notre vue.
     
     
    Dans la nef, vêtu d’une aube sacerdotale, un homme était enchaîné à un pilier de pierre et, telle une torche humaine, flambait dans l’obscurité, bien qu’on ne vît pas comment, il n’y avait aucun combustible autour de lui. Quelqu’un s’évanouit, tandis que d’autres fidèles s’agenouillaient et suppliaient le Seigneur. Barak et sir Thomas avancèrent, suivis de Harsnet et de moi. La chaleur dégagée par l’hommeen feu était si intense que nous dûmes nous arrêter à sept ou huit pieds de lui. Je n’oublierai jamais l’horrible vision. L’homme qui brûlait était le révérend Yarington. La chair rougie par le feu apparaissait à travers les vêtements déjà calcinés et le sang dégouttait dans les flammes en grésillant. L’infortuné, dans les affres de la douleur, nous fixait du regard. On lui avait attaché un bâillon sur la bouche avec de la ficelle et le bruit que nous avions entendu était en fait ses cris de souffrance étouffés par le tissu.
    Les yeux exorbités, il regardait ses fidèles qui demeuraient frappés de stupeur, jusqu’au moment où quelqu’un s’écria : « De l’eau ! Allez chercher de l’eau ! » Trois hommes se précipitèrent hors de l’église, et le pasteur, les yeux lui sortant de la tête, les suivit du regard. Mais il était trop tard, déjà même avant notre entrée dans l’église. Horrifié, je vis la fière tête s’embraser, les cheveux blancs devenir, l’espace d’un instant, une sorte de halo jaunâtre, avant de disparaître en crépitant. Comme les flammes commençaient à lui dévorer le visage, sa tête tomba en avant et le terrible grognement cessa.
    « Aucune fumée, déclara Harsnet

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