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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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me fournir pour mon prochain spectacle et un menuisier qui devait construire le décor s’est récusé. Il s’agit du Château de la persévérance que l’on doit donner à l’hôtel du lord-maire, jeudi prochain. Ils rompent donc leur contrat. Ai-je un recours ? Normalement je me serais adressé à messire Elliard, mais depuis son décès… »
    Je lui expliquai que s’il pouvait en effet intenter une action en justice, il était trop tard pour sauver son spectacle. Il ne lui restait qu’à essayer la persuasion. Il repartit, l’air morose mais moins angoissé, décidé à s’efforcer de convaincre ses partenaires. Sur le seuil, il regarda la pluie qui tombait de nouveau à verse et remonta le capuchon de son manteau, avant de se tourner vers moi. « N’a-t-on fait aucun progrès dans la recherche du meurtrier de messire Elliard, monsieur ? Il paraît que l’audience a été ajournée pour permettre au coroner de mener son enquête.
    — Je crains qu’il n’y ait aucune nouvelle pour le moment.
    — Peut-être n’y en aura-t-il jamais, dit-il en secouant la tête. Voilàce qui arrive quand on tarde à attraper un assassin. On ne l’arrête jamais. »
    Il s’en alla et je me dis que si lui ou les Londoniens connaissaient la vraie histoire, l’angoisse qui régnait dans la ville se transformerait en véritable panique.
     
     
    Le lendemain matin, je partis de bonne heure pour Bedlam. Constamment réveillé par le bruit de la pluie, j’avais eu une nuit agitée, et je me sentais à la fois épuisé et préoccupé. Genesis avançait lentement et avec prudence le long des rues boueuses. La mort de Felday pesait toujours sur mon esprit. Si le tueur ne s’était pas intéressé à moi, l’avoué aurait toujours été en vie. Toutefois s’il avait été honnête, il ne serait pas mort. N’ayant pas encore reçu de réponse de Harsnet, j’avais laissé un message indiquant où je me rendais, comme je le faisais toujours depuis quelque temps.
    Ce matin-là, j’avais reçu une brève missive de Dorothy. Guy était venu examiner Bealknap et avait prescrit du repos et de bons soins, alors que de nouvelles purges et de nouvelles saignées risquaient d’être fatales. « Ton ami médecin lui conseille de rester ici quelques jours jusqu’à ce qu’il ait récupéré ses forces. » Lisant entre les lignes, je devinai qu’elle n’appréciait guère ces conseils.
    La vue du portail de Bedlam me ramena à la réalité. Comme je traversais la cour à cheval, je vis deux silhouettes familières sortir du bâtiment : Daniel et Minnie Kite. Enserrant son épouse de son gros bras, Daniel avait l’air préoccupé, tandis que Minnie semblait plus calme. Ils levèrent les yeux vers moi au moment où je parvenais à leur hauteur. Je tirai sur les rênes.
    « Bonjour. Vous venez de rendre visite à Adam ?
    — Oui, monsieur, répondit Daniel.
    — Je dois rencontrer le Dr Malton tout à l’heure. Il vient l’examiner une nouvelle fois. »
    Le visage de Minnie s’éclaira. « C’est un homme de bien. J’ai l’impression qu’il aide Adam. Il déclare que cela prendra beaucoup de temps, mais il me semble que mon fils va un peu mieux. Il…
    — Adam nous prête parfois un peu d’attention maintenant, enchaîna Daniel. Il arrête de prier quelques instants. Et il mange désormais. Je me demande… Je me demande s’il pourra finalement prendre ma suite. » Il me regarda d’un air presque suppliant, comme s’il espérait que je pourrais lui fournir une réponse.
    « Un jour peut-être, répondis-je d’un ton vague.
    — Mais je ne suis pas sûre qu’Adam ait jamais eu envie d’exercer lemétier de son père. Notre fils nous en veut-il pour quelque raison ? demanda Minnie en me fixant. Vu la façon dont il continue à nous traiter.
    — Attendez donc un peu. Le Dr Malton ne saurait tarder. Vous pourriez alors vous entretenir avec lui. »
    Ils échangèrent un regard sceptique. « Peut-être pourrions-nous…, commença Minnie, mais son mari secoua la tête.
    — Non, ma mie. Il faut que nous assistions à l’office. Par les temps qui courent, nous devons soutenir notre pasteur. » Il leva de nouveau les yeux vers moi, mais son visage s’était soudain fermé.
    « Comment va le révérend Meaphon ? demandai-je d’un ton neutre.
    — Il est très soucieux, monsieur. La persécution sévit en ce moment. Nous craignons, dans notre église, que l’un de nos voisins, le révérend

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