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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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voleur », déclara Barak, d’une voix grave.
    Piers changea de mine, prit un air dur, calculateur. Le masque est tombé, pensai-je. « Je pourrais dire pas mal de choses sur le vieuxmoricaud, si je voulais, rétorqua-t-il d’un ton soudain tranchant comme une lame. Par exemple, qu’il adore les idoles et se prosterne devant une grosse croix ancienne dans sa chambre. Que le prêtre qu’il va voir a la réputation d’être secrètement papiste. Que c’est un sodomite qui me force à commettre des actes immoraux avec lui.
    — Vous mentez ! m’écriai-je avec colère.
    — Peut-être bien. Mais il aimerait bien au fond. Je le connais assez pour deviner qu’une telle accusation lui ferait honte et le mettrait très mal à l’aise. Vous qui êtes avocat, imaginez l’effet que ça produirait sur un jury, vu que c’est un ancien moine. La sodomie est punie de pendaison, tout comme le vol. Si je perds tout, je m’assurerai qu’il ne s’en tire pas indemne, conclut-il en me fusillant du regard.
    — Quel répugnant petit saligaud, pas vrai ? » dit Barak.
    Le geste que fit alors Piers fut si soudain qu’il nous prit au dépourvu. Tendant le bras derrière lui, il saisit un flacon se trouvant sur la table et en lança le contenu à la face de Barak qui poussa un grand cri, tituba en arrière, lâchant son épée pour porter ses deux mains à son visage. Piers se jeta sur la porte, l’ouvrit à la volée et s’enfuit dans la nuit. J’entendis ses pas s’estomper dans le dédale des rues du quartier de Bucklersbury.
    Je courus vers Barak et lui retirai délicatement les mains du visage, redoutant de découvrir son état. Il avait les yeux rouges et mouillés de larmes, mais il n’y avait pas d’autres dégâts. Je perçus le parfum acidulé du citron.
    « Mes foutus yeux, grogna-t-il.
    — Je vais aller chercher de l’eau. Je crois que c’est seulement du jus de citron. Ce n’est pas grave. » Me précipitant dans la cuisine, j’en rapportai un seau d’eau et un chiffon, et lui baignai les yeux. « Cligne les paupières, espèce d’idiot ! » m’écriai-je.
    Après un complet nettoyage, la douleur diminua, même si les yeux restèrent injectés de sang. « Quelle expérience Guy faisait-il avec des citrons ? demanda Barak. C’est un fruit qui coûte très cher.
    — Il préparait quelque médecine, je suppose.
    — Ce sale petit rat doit se trouver à des milles d’ici à présent.
    — Oui. Je pense qu’on a intérêt à demeurer là jusqu’au retour de Guy », soupirai-je. J’appréhendais son retour.
     
     
    Il revint une heure plus tard et écarquilla les yeux de surprise en nous voyant assis dans son échoppe, Barak continuant à se tapoter les yeux avec un chiffon.
    « Que s’est-il passé ? »
    Je lui racontai la scène sans signaler les menaces de Piers contre lui. Quand j’eus terminé mon récit, il s’affala sur un tabouret, l’air malheureux. Il resta assis plusieurs minutes, puis se remit lentement sur pied. Il avait l’air d’avoir vieilli de dix ans. « Montrez-moi vos yeux, Barak », fit-il d’un ton las. Il prit la bougie et les examina. « C’est bien de les avoir lavés à grande eau. Je fabriquais simplement un cataplasme au citron. » Puis, se tournant vers moi, il m’apostropha d’une voix tremblante de colère, d’un ton que je ne lui avais jamais connu jusque-là.
    « Vous auriez dû vous adresser à moi en premier, au lieu d’agir derrière mon dos.
    — J’ai pensé qu’il valait mieux que nous affrontions directement Piers.
    — Vous craigniez que je vous empêche d’agir. »
    Je ne savais que répondre. « Je reviens de chez Bealknap, expliqua-t-il. Il va mieux, comme je le pensais. Il se plaint que les domestiques de Mme Elliard ne vident pas assez souvent son pot de chambre. J’ai accepté cet homme grotesque parce que vous m’en avez prié, tout comme je me suis impliqué dans votre chasse à l’homme. Et voilà comment vous me remerciez ! Je croyais que vous aviez confiance en moi, Matthew.
    — J’avais le sentiment que vous ne pouviez pas voir le vrai visage de Piers. Et il fallait agir de toute urgence. C’est un voleur, Guy.
    — Et maintenant il est parti.
    — Je suis désolé. Que puis-je dire d’autre ?
    — Rien. » Il baissa la tête, serrant le chiffon mouillé entre ses mains. Il y eut un silence qui parut durer une heure. Je finis par reprendre la parole. « Deux nouveaux crimes ont été

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