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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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où ils avaient bien failli laisser la vie. Un chariot venait d’arriver de Barnet et on y plaçait les blessés les plus graves, sous l’œil du médecin et de messire Goodridge, le magistrat.
    Un cri poussé par Russell fit que je me retournai. Sir Thomas et Harsnet se joignirent à moi pour escalader les moellons. L’intendant désignait quelque chose à ses pieds. Il avait découvert un bras coupé, revêtu des restes d’une robe de moine lacérée, la main intacte et d’une atroce blancheur. Un instant plus tard un homme souleva une ardoise et fit un bond en arrière en hurlant. Il avait mis au jour une tête coupée, à peine reconnaissable car elle était recouverte d’une épaisse couche de poussière. Absolument impassible, sir Thomas prit un mouchoir et se mit à dépoussiérer la macabre trouvaille.
    Il s’agissait de l’homme qu’on avait vu trôner dans le majestueux fauteuil. Les yeux avaient été éjectés de leurs orbites sanguinolentes, mais je reconnus le grain de beauté sur le nez et la balafre sur la joue. Étonnamment, le sourire demeurait sur les lèvres. Réprimant une violente nausée, je compris pourquoi. Traversant la chair, de minuscules clous avaient été plantés dans la mâchoire afin de maintenir la bouche ouverte. « Cet homme était déjà mort quand nous sommes entrés dans la pièce », dis-je à Harsnet.
    Seymour se pencha et ramassa la tête avec autant de désinvolture que si ç’avait été un ballon. Je me rappelai alors l’effroyable histoire du chariot plein de têtes de Turcs en Hongrie. Il la porta, du sang dégouttant encore du cou tranché, jusqu’à l’endroit où était assis le doyen Benson, qui fit un bond, les yeux écarquillés d’effroi. « Est-ce une…
    — Oui. C’est bien une tête, acquiesça sir Thomas en la brandissant. Mais à qui appartient-elle ?
    — Il s’agit de Lancelot Goddard », répondit Benson, avant de perdre connaissance.
     
     
    Tôt le lendemain matin, Barak et moi prîmes le petit déjeuner ensemble. Le voyage du retour ayant été pénible pour tous les deux, nous nous étions couchés de très bonne heure. Je m’étais tourné et retourné dans mon lit, car mes brûlures me faisaient souffrir dès que je me mettais sur le dos. Quand je passais ma main dessus, je sentais que des ampoules se formaient.
    « Comment vont tes côtes ?
    — Elles me font mal, répondit Barak en faisant la grimace. Mais elles ne sont pas cassées, seulement endolories. J’ai connu pire.
    — Tamasin va-t-elle prendre le petit déjeuner avec nous ?
    — Aucune idée. Quand j’ai quitté la chambre, elle était en train de s’habiller… J’ai parfois l’impression qu’elle pense que je prends ces coups rien que pour l’agacer, soupira-t-il.
    — Êtes-vous toujours en bisbille ?
    — Apparemment. Quand on est rentrés, j’ai essayé de lui dire que j’avais très sommeil, mais elle voulait que je lui raconte tout ce qui s’était passé. J’étais trop fatigué pour parler. Et trop angoissé, parce qu’on n’est pas au bout de nos peines. »
    Avant de quitter les ruines de la maison de Goddard, Harsnet, sir Thomas et moi avions tenu un conciliabule. Il était désormais évident que, loin d’être l’auteur des crimes, Goddard était lui aussi une victime. Après avoir quitté l’abbaye de Westminster, il avait lui aussi tâté du protestantisme intransigeant avant de s’en éloigner. Le meurtrier était toujours dans la nature et nous n’avions aucune idée de son identité ni de l’endroit où il allait frapper la prochaine fois.
    « Qui est donc ce salaud ? s’écria Barak. Comment a-t-il connu tous ces gens différents et appris leur parcours religieux ?
    — En tout cas, nous savons comment il s’est approché de nous. En faisant le guet et en nous espionnant, déguisé en colporteur. Entre parenthèses, la balafre sur le visage du malheureux Goddard ne se trouvait pas sur le bon côté. Le tueur l’a tracée là pour nous persuader qu’on était bien en face du meurtrier.
    — Il a donc commis une gaffe.
    — Oui. Et c’est la première fois.
    — Comment a-t-il pu apprendre où vivait Goddard et s’approcher de lui ?
    — Dieu seul le sait. Je parie que le tueur est entré dans la maison et l’a ligoté.
    — Et ensuite il a préparé sa mise en scène la plus grandiose. » Je serrai les poings. « Qui est-ce ? Et où se trouve-t-il à présent ?
    — Nous voilà revenus à la

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