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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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ébranlés par l’explosion et, prises de panique, les bêtes couraient en tout sens dans la pénombre.
    — Il s’agit d’un cerf », affirma sir Thomas. Or, au regard qu’il me lança, je compris que Russell avait des doutes, lui aussi.
     
     
    On avait établi le quartier général dans les écuries se trouvant derrière la maison de Goddard. Je demandai à Russell de m’aider à marcher jusque-là, puis d’aller chercher l’homme qui avait vu quelque chose. C’était l’un des jeunes hommes de sir Thomas, vif et intelligent. « Je suis sûr que c’est un homme qui est passé près de moi comme une flèche, affirma-t-il. C’était juste une silhouette qui filait entre les arbres, mais je suis prêt à parier qu’elle courait sur deux jambes, pas sur quatre pattes. »
    J’étais assis sur une balle de foin, Barak à côté de moi. Le regard de celui-ci passa du jeune homme à moi.
    « Que Dieu nous protège ! Si ce n’est pas Goddard, alors qui est le meurtrier ?
    — Je n’en ai pas la moindre idée… La partie arrière de la maison ne s’est pas embrasée ? demandai-je à Russell.
    — Non, elle s’est effondrée dans l’explosion. Les restes de Goddard se trouveront sous les décombres de cette partie.
    — J’aimerais qu’on dégage ces décombres et qu’on fasse venir le doyen Benson pour qu’il identifie les restes de Goddard.
    — Ça ne lui plaira pas, observa Barak. Il est toujours là mais on lui a dit que Goddard s’était fait exploser.
    — Sir Thomas désire que cette affaire soit close, m’avertit Russell.
    — Peut-être devrions-nous lui indiquer qu’il faut s’assurer que le tueur ne court pas toujours, que sa réputation risquerait d’en souffrir s’il refusait de poursuivre les recherches et qu’il y ait une nouvelle victime… Je ne doute pas que vous ayez l’habitude de présenter àvotre maître les choses désagréables de manière diplomatique », ajoutai-je en souriant.
    Il passa la main dans ses cheveux blonds dépeignés. Comme nous tous, il était sale et débraillé. « Je vais faire tout mon possible.
    — Pendant ce temps, je vais m’occuper de Harsnet », conclus-je.
     
     
    J’avais fini par respecter la perspicacité de Harsnet, mais lorsqu’il entra dans l’écurie en frottant l’épaule qui avait souffert au moment où l’explosion l’avait renversé, ma suggestion l’horrifia.
    « On ne peut pas faire ça ! s’écria-t-il, en se fondant uniquement sur ce qu’aurait vu dans la pénombre un serviteur. Cela nous causerait des ennuis avec le doyen Benson et déclencherait la colère de sir Thomas. Déjà qu’il ne vous aime guère, messire Shardlake. Il vaut mieux ne pas l’avoir comme ennemi.
    — Je me suis fait des ennemis plus puissants que lui. »
    Harsnet secoua la tête. « L’affaire est entièrement close. Si Goddard a choisi lui-même le dénouement, en tout cas il y a mis un terme. À présent, notre devoir est d’informer l’archevêque de l’issue, de toute urgence.
    — Je sais que tout le monde aimerait que le dossier soit bouclé. J’en serais ravi, moi aussi. Mais on ne peut pas toujours croire ce qui nous arrange. »
     
     
    L’intendant Russell se révéla plus persuasif que moi, et une heure plus tard, les hommes de sir Thomas qui n’étaient pas blessés dégageaient le tas de moellons auquel était réduite la partie arrière du manoir. L’explosion avait projeté la plupart des pierres vers l’extérieur, mais un pan du toit s’était effondré à l’intérieur de la maison. Je regardai les hommes enlever les ardoises, sir Thomas à côté de moi, la mine renfrognée. Harsnet se tenait un peu à l’écart, secouant la tête de temps en temps. Près de lui, le doyen Benson était assis sur un pan de brique.
    « Partout où il est, ce vieux crétin trouve toujours un endroit où poser son derrière ! » commenta Barak, la main palpant les côtes que le médecin avait bandées.
    À mon grand soulagement, mon ouïe semblait s’améliorer. « En effet », fis-je. Je contemplai l’atroce spectacle. À part quelques murs squelettiques entre lesquels de la fumée continuait à s’échapper, rien ne restait de la vénérable demeure. Les hommes qui dégageaient lesdécombres surveillaient d’un œil anxieux le mur près d’eux, craignant qu’il ne s’effondre. Sur la pelouse, enveloppés dans des couvertures, étaient assis des hommes hébétés, fixant la maison brûlée

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