Quelque chose en nous de Michel Berger
artiste au monde n’ait pas un petit pincement au cœur, ne monte sur scène, sans avoir une petite angoisse : on ne peut pas rester insensible au fait de rentrer en contact avec tellement de gens. Ça, c’est impossible. Pour moi, c’est très important d’avoir de grands espaces de temps entre deux spectacles. Je voyage beaucoup, je fais plein de choses différentes, ça me nettoie la tête, ça m’enrichit, et puis j’aborde la scène de façon différente la fois suivante. Je ne vais pas donner plus, parce que j’ai vraiment l’impression de donner tout ce que je peux donner à chaque fois, mais je vais essayer d’être plus proche encore. D’ailleurs, on a fait une scène ronde où les gens pourront monter dessus derrière et m’entourer complètement, parce c’est quelque chose dont j’ai vraiment besoin, de sentir les gens autour de moi, et assez proches. Je crois que les mots sont encore plus importants que la musique. La musique, à la première écoute, c’est ce qu’on retient, mais en fait ce sont les mots qui font qu’ils s’attachent à moi, ou qu’ils ont envie de se lever et de danser, que ce soit dans “Résiste” ou dans “Débranche”, et ce sont les mots qui font qu’ils me connaissent mieux aussi. On a souhaité que ce soit un spectacle d’émotion, et en même temps un spectacle avec une énergie, une pêche, une gaieté que j’ai, que je vais faire passer, j’espère, dans la salle. Je trouve que l’affiche assez simple, pas trop ostentatoire, assez modeste, le représente assez bien, avecmon visage assez grave, et puis le reste un petit peu, pas cirque, mais naïf. Je trouve ça très original. Je ne trouve pas que ça fasse petite fille ou que ça fasse clown. Il y a des gens qui me découvrent à chaque album. Les gens qui achètent mes disques sont assez jeunes, mais ça s’élargit énormément quand je fais des spectacles pour toucher les familles. J’aurais voulu faire Bercy pour être la première fille à le faire, ça aurait été un kick. Mais quand je suis allée voir le show de Johnny, que j’ai beaucoup aimé, j’ai trouvé que ce serait très difficile pour moi de faire passer de l’émotion dans un lieu aussi vaste. Les chansons sont mises en scène, c’est ça qui m’intéresse. J’ai envie de ne pas seulement chanter mais montrer aussi autre chose. Les musiciens américains ont compris que les gens ne viennent pas au spectacle seulement pour entendre, mais aussi pour voir. Nous, on a toujours investi énormément d’argent pour apporter autre chose que la musique. Peut-être qu’un jour je ferai un concert avec trois musiciens, mais pour l’instant j’avais encore envie de faire un spectacle avec une mise en scène, des lumières extraordinaires, un décor comme j’avais envie, des surprises. Il y a trois continents qui sont réunis sur cette scène : des Américains, des Africains, des Européens. Pour moi c’est quelque chose d’assez fort. J’ai beaucoup d’émotion avec tous ces gens mélangés qui se retrouvent, qui viennent de si loin, réunis. Je suis engagée dans la musique, absolument, oui. »
Dans un décor de soir au village qu’elle a désiré, Michel lui offre une scénographie brillante faite de passerelles et d’inspiration, comme cette séquence vraiment touchante, medley au cours de laquelle chacun de ses musiciens se succède au piano pour l’accompagner sur ses chansons les plus intimes : « Je saurai être ton amie », « Le meilleur de soi-même », « Si,maman, si », « La fille de Shannon », « Tu comprendras quand tu seras plus jeune », « Ce soir, je ne dors pas », pour terminer sur « Diego ». Pour « Babacar », c’est le tonnerre de l’Afrique tribale, vaudoue, qui débarque avec les tambours de Doudou N’Diaye Rose, et rencontre l’Amérique funky des Phoenix Horns, section de cuivres drue de Earth, Wind and Fire qu’emploie également largement Phil Collins, avec et sans Genesis, arrangée par le respecté trompettiste Steve Madaio (Dylan, Lennon, Stones, Stevie Wonder, Madonna).
Sur ce triomphe complet et international, France décide alors subitement de s’arrêter au sommet, comme Brel, comme Jim Morrison, comme Bardot et Garbo, et de se consacrer à sa propre vie, et à ses enfants. Pauline, en particulier, nécessite toute son attention, comme le rappelle Pierre Lescure : « C’est des massages tous les jours, deux ou trois fois par jour, et c’est inexorable. C’est un truc
Weitere Kostenlose Bücher