Quelque chose en nous de Michel Berger
nombre d’albums, de DVD, de récompenses, Victoires de la Musique comprises, d’émissions de télévision aussi. C’est mon ami Franck Saurat qui produit avec France « Une histoire comme les autres, Starmania 1979/2009 » pour France 2. France en est la narratrice et la présentatrice, dans un style assez touchant, très « Salut les copains » en fait, même si ses plateaux sont parfois un peu à l’arrache. Luc Plamondon y est honoré, mais pas invité, comme Janik Top ou Serge Pérathoner. Diane Dufresne y chante une dernière fois les mots violents des « Adieux d’un sex-symbol » avec son regard clair et son tempérament intact, à soixante-quatre ans. France offre son « respect » à Catherine Ringer, interprète experte de « Ziggy », comme elle l’explique avec le naturel brutal qui la caractérise : « Ça m’est arrivé, d’êtreamoureuse d’un pédé. » Christophe Willem, équilibriste de « Monopolis », Nolwenn Leroy, impériale en ad-lib Kate Bush sur « The World Is Stone », Julien Doré pour un « Blues du businessman » acoustique et dépouillé, y brillent aux côtés des titulaires Maurane et Peter Kingsberry. Leurs performances témoignent toutes de la qualité des mélodies, de la pérennité du propos, et constituent un hommage supplémentaire aux talents conjugués de Berger et Plamondon, à la pertinence de Starmania, cette « maladie du siècle », déclinée en anglais en 1992 dans sa version Tycoon, dont il sera question plus loin.
Dans l’intervalle, Starmania , que l’orchestre de Paris rêve de jouer à l’Opéra Garnier, n’a cessé de révéler sa vision prophétique. L’attaque terroriste des Étoiles Noires contre la Tour Dorée de Monopolis a eu lieu à New York le 11 septembre 2001 ; Zéro Janvier, le milliardaire des médias devenu président de l’Occident, ressemble sacrément à Silvio Berlusconi (et pas seulement ! Dans TV Grandes Chaînes , France Gall compare son couple avec Stella Spotlight à Carla Bruni et Nicolas Sarkozy) ; l’émission de Télé-Capitale, « Starmania » , peut se voir comme l’ancêtre à la fois de « Reine d’un soir », des psy-shows de Pascale Breugnot, de « Bas les masques », de « Ça se discute » et de toutes les « À la recherche de la nouvelle Star Academy ». La dernière fois où j’ai croisé Luc Plamondon, à RTL à l’automne 2011, il partait déjeuner avec des producteurs pour tenter d’en concrétiser l’adaptation au cinéma à laquelle travaillent depuis deux ans des équipes françaises, suisses et canadiennes, et qui aurait tant fait plaisir à Michel Berger.
Rock’n’roll attitude
« J’avais dit depuis longtemps à Johnny que je voulais lui écrire un album entier. On a scellé ça un soir lors d’un dîner après un de ses spectacles au Zénith. À partir du moment où j’ai décidé de travailler avec quelqu’un, je ne travaille plus que pour lui : je sais que j’ai tant de mois pour préparer son album et il n’est plus question que je compose pour qui que ce soit d’autre. Johnny a une attitude héroïque dans la vie, mais c’est quelqu’un d’assez différent selon les moments. On devait théoriquement s’enlever des choses dans cette collaboration, mais en fait, là, on s’en est ajouté. C’est l’un des premiers artistes que j’ai vus en concert. J’étais très jeune et j’entendais dire que c’était une bête de scène. J’étais curieux de voir à quoi ça pouvait ressembler, une bête de scène. Plus tard, je l’ai revu au Palais des Sports, puis au Zénith. »
C’est là, en décembre 1984, qu’à l’instigation de Nathalie Baye, de Jean-Claude Camus et d’Alain Lévy, alors patron de la maison de disques historique de Johnny, Phonogram, se décide la collaboration de cette carpe et de ce lapin, aussi différents que possible dans leurs musiques que dans leurs origines et leurs modes de vie. « Johnny était dans le trou depuis deux albums, rappelle Camus, son producteur. Je cherchais comment le tirer de là. » France organise après lespectacle un dîner chez elle, au cours duquel Michel appréhende « Le chanteur abandonné ». C’est tellement évident qu’il fallait y penser, et ce sera, quelques courts mois plus tard, avec ses guitares cocottes et ses petits précipices rythmiques, le titre qui lancera l’album de goût que Michel exige et dont il négocie les conditions drastiques, artistiques comme financières, à son habitude. « Johnny
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