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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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n’emploierai plus de mots qui ne sont pas français », en retenue, jusqu’à la nuit, alors que le gosse a parfois une heure de route à faire, à pied, pour regagner la ferme familiale).
    Le pari est risqué. Il heurte les traditions et les fiertés. Il coupe brutalement, chirurgicalement, l’univers de la connaissance de celui de la vie quotidienne. Il ne sera gagné qu’incidemment, et d’une tout autre façon.
    Si, dans les régiments, chefs de corps et officiers s’étaient plaints du fait que les rangs de leurs hommes étaient autant de tours de Babel où personne ne parvenait à se comprendre, le brassage est entamé, et le français tout désigné comme espéranto face aux patois et dialectes. L’évolution s’accélérera et s’achèvera avec la Grande Guerre, les Poilus venus des six coins de l’hexagone ne pouvant qu’avoir le réflexe, pour se comprendre, de parler, dans les tranchées, la langue qu’ils ont apprise à l’école, et quelques décennies plus tard, la radio puis la télévision donneront, sans le vouloir, l’assaut final.
    « Bons pour les filles » :
le « bidet » et le « laurier »
     
    Jusqu’en 1793, la noblesse ayant en charge la défense du territoire, les armées étaient restées de métier, et nos aïeux ne s’y trouvaient enrôlés que s’ils s’y étaient engagés, parfois, il est vrai, pour avoir signé un papier qu’un sergent recruteur leur avait présenté après les avoir saoulés…
    C’est pour asseoir la République que l’on a pratiqué les « levées de masse », organisées en 1798 par la loi Jourdan, et soumettant tous les jeunes de vingt à vingt-cinq ans à une obligation de cinq ans en temps de paix et illimitée en temps de guerre. Une formule très lourde, qui sera allégée dès 1802, avec le système du remplacement , puis l’instauration, en 1804, du tirage au sort et l’année suivante du conseil de révision.
    Après diverses réformes, on arriva à un service militaire obligatoire de sept ans, qui eut cours de 1832 à 1889, avec, selon les époques, possibilité de remplacement et tirage au sort, ce dernier relatif tantôt à la réalité du service (faisant appeler ou exempter), tantôt à sa durée (service de cinq ou d’un an). Ramené à trois ans en 1889, puis à deux en 1905, le service a finalement été, après bien des allers-retours entre dix-huit mois et un an, récemment réduit… à une seule petite journée.
    Dès ses débuts, il s’était pourtant affirmé comme ce que les ethnologues appellent un « rite de passage ». Marquant l’accès à l’âge d’homme, il avait engendré le folklore des conscrits, organisé autour des temps forts qu’étaient le conseil de révision et la cérémonie du tirage au sort.
    Avant de passer sous la toise et d’être déclarés aptes, les gars devaient en effet satisfaire à cette formalité déterminante, en prévision de laquelle certains n’avaient pas hésité à faire un pèlerinage ou à arriver avec une quelconque amulette, parfois achetée à un sorcier.
    Le principe était le suivant : si un canton devait fournir 150 conscrits, ceux tirant ce que l’armée appelait les « bons numéros », (de 1 à 170) étaient désignés pour aller servir sous les drapeaux. On en prévoyait un certain nombre en plus, à cause des possibilités de réforme et d’exemption. Qui tirait le numéro 1 était donc certain de partir. On le surnommait le bidet. Au contraire, celui qui tirait le plus gros, ayant toutes les chances d’y échapper, était surnommé le laurier. Des camelots, sur la place du chef-lieu de canton, distribuaient des papiers-souvenirs, imagés à Épinal, où le numéro était reporté. Ils vendaient aussi des cocardes ou des rubans tricolores, porteurs de slogans comme « bon pour les filles », que les gars arboraient fièrement à leurs vêtements, pendant que l’infortuné bidet se voyait promené sur un âne, à l’image du traitement que l’on verra infligé aux maris battus et aux cocus…
    Quoi qu’il en soit, et même si elle est pour une large partie d’essence locale ou régionale, la culture de nos ancêtres reste populaire. Les mêmes superstitions, les mêmes symboles survivent des siècles durant, se référant tantôt à la religion, tantôt à la nature, aux fleurs, aux oiseaux et aux animaux. Du Languedoc à l’Alsace, contes, légendes – souvent dans la filiation des anciens fabliaux – continuent à

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