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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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troisième classe, reste longtemps cher : environ 5 à 6 francs le km, soit deux journées de travail d’un mineur. Si certains arrivent, à force d’économies et de sacrifices, à s’offrir le voyage aller, beaucoup ne pourront jamais débourser celui du retour pour revoir un jour leur Normandie ou leur Guyenne !
    Partir, jusqu’à une époque récente, est une formidable aventure, et toujours une grande coupure. Outre que l’on va débarquer dans un monde lointain, étranger et donc forcément hostile, on va perdre tout contact avec le milieu que l’on quitte. L’Aveyronnais descendu seul, à pied, de son village à Paris, où la réputation de réussite de certains de ses compatriotes l’a attiré, une fois devenu, comme eux, porteur d’eau, n’a pas, à cette époque, le moindre « portable » ! Il ne peut ni informer ni rassurer les siens. Tout au mieux pourra-t-il, au milieu du XIX e siècle, dicter un courrier à un écrivain public, courrier qui mettra un certain temps pour arriver à destination. Auparavant, il devait se contenter de charger de cette mission un « pays » prêt à prendre le chemin du retour, lequel s’en acquitterait d’ici trois à quatre mois, à son arrivée au village, même s’il devait faire quinze kilomètres pour acheminer les nouvelles en personne et sur place.
    En sens inverse, les nouvelles des décès de ses vieux parents ou de ses proches seront aussi longues à parvenir au migrant, et parfois même ne le toucheront jamais. Il faut bien avoir ces réalités à l’esprit pour mesurer l’immensité du courage et du mérite dont notre homme fait preuve. Le Marseillais, débarquant à Paris ou à Mexico, a aujourd’hui son portable avec l’option « liaisons internationales ». Il ne saurait par conséquent ni connaître ni éprouver le moins du monde les sensations que ressentait son ancêtre.
    Le départ définitif est pourtant quasi inconcevable, sauf pour qui a intérêt à se faire oublier. Nos migrants semblent toujours être tous partis avec l’idée de rentrer, dans un mois, dans un an, à Pâques ou à la Trinité. Ils seraient au pays au prochain mai, à la prochaine fête de l’oiseau, au prochain pardon au calvaire voisin, à l’un de ces temps forts que tout le monde attend.
    Malbourough et la Claire fontaine
     
    Chaque génération a eu ses chansons à la mode. Si La Madelon resta au hit-parade durant toute la Grande Guerre, Le Temps des Cerises date de la Commune et des barricades de 1871, et La Mère Michel reprit, au milieu du XIX e siècle, un air de marche depuis longtemps populaire.
    Malbrough avait été à la mode à la fin du XVIII e siècle, à la môme époque qu’ Au clair de la lune, Cadet Roussel et Il pleut bergère, une des rares chansons dont on connaisse le compositeur (le violoniste Simon) et l’auteur (le poète Fabre d’Églantine, l’auteur de notre calendrier révolutionnaire). Les bergères bucoliques sont alors à la mode, même si Il était une bergère , en montrant la gardeuse de moutons laisser le « chat aller au fromage », s’affirme alors comme une véritable chanson paillarde.
    On a dit que Malbrough avait été lancée par Mme Poitrine, la nourrice du Dauphin, et que Marie-Antoinette s’en était entichée… En fait, la chanson était nettement plus ancienne, puisque datant de la bataille de Malplaquet, en 1709, où sir John Churchill, duc de Marlbourough – lointain ancêtre de sir Winston – avait battu les troupes françaises bien que le bruit eût couru qu’il avait été tué. Une origine qui n’est pas sans rappeler notre lapalissade, remontant à la bataille de Pavie, en 1525, où fut tué le maréchal de La Palice, et dont un refrain écrit à sa gloire souffrit ensuite d’une erreur de copie, passant, de :
     
    Hélas ! s’il n’était pas mort,
    Il ferait encore envie. à
Il serait encore en vie.
     
    Il n’en fallut pas moins pour porter un coup fatal à l’image posthume du héros qui avait voulu éviter la défaite qui devait conduire François I er à se retrouver dans une tour de Charles Quint, ce qui nous valut un autre de ces « tubes », avec La tour, prends garde !
    J’ai du bon tabac, quant à elle, date de la fin du XVII e siècle, à l’heure où le « tabagisme » faisait fureur, certains y voyant un remède souverain contre divers maux, et d’autres prisant sans arrêt, au point que Louis XIV ne toléra qu’une seule prise durant la messe, le

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