Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
Vom Netzwerk:
tapage.
    Au nombre des autres temps forts, rythmant la vie et les années et occasions de défoulement et de décompression, on trouve encore des fêtes directement liées au travail, qui jalonnent les saisons mortes de fin d’année et d’hiver ainsi que des fêtes liées à la vie familiale.
    Les premières sont les traditionnels repas marquant la fin des fenaisons, des moissons et des vendanges, fêtes du dernier char, de la dernière meule ou de la dernière gerbe, appelées paulées , reboules ou passées  ; fête de Saint-Vincent, qui termine les vendanges et le foulage, et qui culmine avec la fessée administrée sans ménagement à la statue du saint au terme d’une procession dans les rues. Plus tard, lorsque le fléau cédera la place à la batteuse, ce sera la grande journée de solidarité villageoise autour de la machine à vapeur, avec festins du midi et du soir.
    Le jour du cochon est une autre étape traditionnelle coupant l’hiver. Une journée de sacrifice, avec sang et bûcher, qui réunit souvent le ban et l’arrière-ban des relations, afin d’assurer le suivi de la préparation et de la cuisson des pâtés, jambons, boudins et autres tripailles. C’est aussi, à la sortie des mauvais jours, le temps des grandes bues , autrement dit de la grande lessive annuelle. Annuelle, non tant du fait d’un manque d’hygiène que d’une inflation de linges, amassés au fil des générations dans les coffres et les armoires, où ils sont arrivés comme éléments des traditionnels trousseaux des mariées. Le grand-père de Pierre Jakez Hélias dénombrait ainsi pas moins de vingt-quatre chemises de chanvre, matière d’autant plus résistante que les lessivages, justement, étaient peu fréquents. Stockés pendant des mois dans les greniers ou les granges, les kilos de bonnets, de bas, de chemises, de blouses, de linceux et autres pièces de linge vont alors, trois jours durant, passer du purgatoire à l’enfer et au paradis.
    On appelle en effet purgatoire le passage du linge sale dans un grand cuvier, où il séjourne avec des cendres ; l’enfer , le deuxième jour, est la séance de battoir, au lavoir ou à la rivière ; le paradis , enfin, sera le séchage et le blanchiment du linge sur l’herbe des prés, avant que d’être repassé, dans les maisons riches, par les lourds fers de fonte, chauffés sur les cuisinières.
    Restent les fêtes familiales, essentiellement les mariages. Grand moment de la vie familiale, « rite de passage » le plus important, le mariage est souvent l’occasion de plusieurs jours de fête – ne serait-ce que parce qu’il est inconcevable de renvoyer, de nuit, les invités venus, à pied, de villages distants souvent de plusieurs lieues.
    La première journée, avec la cérémonie à l’église, est scandée dès le début par un rituel extrêmement riche, débutant presque toujours par la toilette de la mariée, qui, comme on l’a vu, n’est pas habillée en blanc. Équipée, voilée, bouquetée, couronnée, son père la conduit à la tête du cortège, précédé du violonneux ou du fifre, du cornemuseux ou du vielleux. Sur son chemin, on a dressé de symboliques barrières donnant l’occasion de la fêter, comme elle le sera encore à sa sortie de l’église, en crevant des vessies de porc remplies d’eau, avant de se rendre à l’auberge.
    Le repas de noce, à la hauteur de sa réputation, est rythmé de jeux, de chansons, de danses et de chahut, jusqu’au « coucher » des mariés », dont le lit sera, au petit jour, pris d’assaut par les jeunes de la noce, histoire de leur servir un « bouillon du matin » également symbolique, coutume destinée à l’origine à s’assurer que le mariage avait bien été consommé. Après quoi, à peine sorti de la chambre nuptiale, on se dépêche souvent de se remettre à table, pour finir les restes, puis les restes des restes. Un matin, enfin, les nouveaux époux regagneront – pour longtemps – lui, aux champs, le groupe des hommes, elle celui des femmes, autour du foyer. Et la vie de labeur reprendra.
    Que tirent-ils de tout ce travail ? Pas grand-chose. Peu d’argent, en tous les cas, puisque dans ce monde du troc, la rémunération en nature représente une large part du revenu. Apprentis, domestiques sont presque toujours nourris, parfois vêtus et blanchis. D’autres ne sont que « trempés ».
    Gabriel Audisio cite le cas d’un journalier agricole célibataire d’Auriol au

Weitere Kostenlose Bücher