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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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sa créancière, décédée quant à elle depuis vingt et un ans…
    Une des plus grandes révolutions sera donc celle de la vitesse, et les derniers siècles auront connu un duel perpétuel entre vitesse et lenteur, un pari effréné pour diviser et maîtriser le temps et d’abord les distances, pour aboutir à une irrésistible réduction des temps de déplacement.
    Sous Charles VII, un marchand pressé se déplaçant à cheval arrivait à faire cinquante-six de nos kilomètres par jour, soit 6 à 7 km/h. Deux siècles plus tard, sous Louis XVI, il faut vingt jours pour aller de Paris à Madrid (soit environ 55 km par jour pour environ 6 à 7 km/h), un peu moins si l’on sait graisser la patte au postillon. Mais il s’agissait là d’itinéraires reconnus et fréquentables, et les routes méritant alors ce nom sont en fait fort rares. Sauf sur les premières lieues à la sortie de Paris, aucune n’est pavée ni « carrossable » au sens littéral du terme. L’immense majorité des chemins sont rocheux, défoncés et boueux, comme ceux où l’on voit Racine faire six kilomètres à l’heure, pour joindre Bellac à Limoges.
    Il faut ajouter que si cheminer à pied est ressenti comme dangereux par notre migrant saisonnier qui s’aventure rarement seul par les chemins, voyager en « voiture » présente tout autant de dangers. À chaque croisée de chemins, des ribauds pouvent vous arrêter, comme plus tard les Dalton au Far West. Pire : à ces dangers s’ajoutent mille aléas, et surtout un inconfort que l’on a du mal à imaginer. C’est dans un fracas de fer, de vitres (quand elles en ont), de grelots, de coups de fouet et de jurons, que les équipages, au rythme des cahots, secouent sans ménagement leurs occupants, tassés les uns contre les autres, dans la promiscuité la plus totale, quand ils ne sont pas contraints à descendre pour pousser, lorsque la pente est trop forte, éventuellement avec la pluie ou l’orage en prime. Sans parler des accidents, des moyeux cassés ou des caisses versées… Lorsqu’on arrive, fourbu, au relais de la poste aux chevaux, mieux vaut ne pas avoir le réflexe de vouloir calculer la « moyenne ». Elle serait souvent au-dessous de l’allure du marcheur !
    De la cuiller à pot à la Fête à Neuneu
     
    S’il est peu de registres dans lesquels on trouve autant d’expressions que celui de la vitesse, cela tient sans doute au fait quelles n’ont cessé de s’adapter aux performances permises par les progrès techniques.
    Sauf quelques-unes se rapportant à la nourriture, comme vite fait sur le gaz ou en deux coups de cuiller à pot, en souvenir de la louche en bois au manche court avec laquelle on servait le bouillon dans la gamelle des soldats ou des bagnards, toutes se rapportent aux moyens de locomotion, dont elles ont suivi rigoureusement l’évolution.
    Avant de démarrer au quart de tour ou sur les chapeaux de roues (les enjoliveurs), d’ appuyer sur le champignon pour aller le pied au plancher, à fond la caisse, en quatrième vitesse ou à vitesse grand V, on alla à toute berzingue comme on avait avant mis la gomme (des pneus, souvent de bicyclette), après être allé à toute pompe (la pompe était un travail pressé), à fond de train ou à toute vapeur…
    Un peu plus avant dans le temps, toutes les références tournent autour de la locomotion hippomobile. On brûlait le pavé , sous l’effet des fers des roues ou des chevaux, on allait à bride abattue, à bride abattue ou plus simplement à toute bride, faisant galoper le cheval ventre à terre ou à franc étrier.
    Autant d’expressions qui nous ramènent au temps des malles-postes et des diligences, de ces postillons, placés en avant-poste comme l’autre postillon l’est par rapport à la bouche, postillons tout aussi grossiers que l’étaient les patachons. Les pataches , après avoir été des bateaux, avaient été des diligences inconfortables et mal suspendues, donnant une impression de roulis comme on pouvait justement en ressentir dans ces anciens bateaux. Elles étaient conduites par ces patachons, qui les faisaient aller par monts et par vaux en s’adonnant sans cesse à la beuverie, et auxquels on prêtait des vies de bâton de chaise. Ne confondez pas ! On n’entendait pas par bâton de chaise les barreaux réunissant les pieds de vos sièges, mais les bâtons amovibles des anciennes chaises à porteurs , dans lesquelles, au XVII e et au XVIII e siècle, on se

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