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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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oiseaux, que ce soient les colombes de Pentecôte ou les perroquets de Pâques. À propos de perroquet, on raconte que les Visitandines de Nevers s’étaient vu offrir un de ces volatiles auquel elles avaient réussi à apprendre à chanter le Gloria et le Pater. L’oiseau faisait merveille, au point que leurs consœurs nantaises, mourant d’envie de le voir, les prièrent de le leur envoyer. Rien n’était plus facile. On confia « Vert-Vert » – c’était le nom de l’oiseau – à des bateliers, qui lui firent descendre la Loire et le remirent aux nonnes nantaises. Malheureusement, au contact de ses convoyeurs, l’oiseau avait appris entre temps d’autres refrains, paillards et bourrés d’injures, qu’il s’empressa évidemment de débiter entre les murs du couvent…
    Depuis des siècles, dans certaines régions, on se passionne pour la crosse ou la soule, qui sont les ancêtres de notre golf et de notre football. « Les gens du pays de Vulguessin-le-Normand et ceux de la forêt de Lyons ont accoutumé, dit un texte de 1387, de ceux ébattre et assembler chacun an pour soulier (…) devant la porte de l’abbaye Notre-Dame-de-Mortever. » La cholle, ou soule, est une boule de bois ou de cuir, remplie de foin, de son ou de mousse, dont deux équipes se disputent l’envoi au-delà d’un mur ou d’une mare. Et comme, déjà, il n’est pas de partie sans « supporters », le public est là, criant, hurlant, riant aux éclats des atterrissages dans la mare ou dans la fosse à purin. Notre bon sire de Gouberville s’y livrera avec tant d’entrain qu’il fera éclater ses chausses « depuis le genou jusqu’au milieu de la cuisse », alors qu’une autre fois, un coup de coude reçu d’un voisin lui fera « faillir la parole ». « Je me cuidai évanoui, se souvient-il, et perdis la vue près de demi-heure par quoi je fus contraint de prendre le lit », où il resta trois jours entiers… Les supporters de ces parties n’ont, à n’en pas douter, rien à envier à nos hooligans. D’autant que la soule avait ses mêlées, d’où plus d’un se relevait « meurtri et ensanglanté ». Elle est en fait l’ancêtre commun tant à notre foot qu’à notre rugby.
    Plus calmes sont les concours d’adresse. Souvent pratiqué durant la semaine pascale, le tir à l’oiseau est d’autant plus populaire qu’il donne généralement lieu au déploiement de tout un cérémonial. On installe de grandes cibles sur des bottes de paille fleuries, et l’on place en leur centre l’oiseau de bois peint aux couleurs les plus vives, que l’on devra abattre d’une seule flèche. On le nomme papegai ou papegaut , d’après l’ancien nom du perroquet, lui-même forgé sur son nom arabe. C’est à l’issue de ce concours qu’un habitant de la ville ou du village se voit chaque année consacré roi du jeu.
    Mai, que l’on a vu ouvert par les coutumes des feuillages et parfois la plantation d’un arbre de mai , est le temps des pèlerinages et des pardons. Le pays est constellé de sources et de fontaines miraculeuses, les églises pleines de reliquaires ou de simples statues douées de pouvoirs et chacun a toujours une bonne raison d’aller prier tel saint ou boire de telle eau. Aux grands pardons bretons, comme ceux de Sainte-Anne-d’Auray ou de Tréguier, les participants se comptent par dizaines de milliers. Suivent la Fête-Dieu, la fameuse Saint-Jean-le-Bouillant et ses bûchers, juste avant les gros travaux, qui vont retenir les hommes aux prés et aux champs. Mais il y a encore d’autres fêtes : les fêtes patronales, tant professionnelles que paroissiales ; les foires, qui tiendront de plus en plus de la fête foraine. Enfin, la dernière fête de l’année sera celle des Fous, qui célébrera, à l’image de Carnaval, la négation de l’ordre établi en offrant, dans les jours suivant Noël, un gigantesque bizutage général, qui nous montre nos ancêtres débitant des obscénités en pleine église ou faisant griller du boudin sur l’autel. Avec Carnaval, ce sont les deux jours de monde à l’envers, qui veulent sans doute faire oublier l’éprouvante et monotone peine que font vivre les 363 autres durant lesquels ce monde est à l’endroit. Au XIX e siècle, à ces deux jours de débauche, quelques-uns auront la chance de pouvoir en ajouter d’autres : les conscrits, fiers d’affirmer leur entrée dans l’âge d’homme, le feront avec force beuveries et

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