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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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milieu du XVII e siècle, qui pouvait gagner de 125 à 130 livres par an, sur lesquelles, son pain payé, il devait lui en rester 70 à 80. Une fois marié et père de famille, cela ne lui permettra plus de nourrir ses enfants, et nombre de gens se retrouvent ainsi chez un patron, chez un gros laboureur ou chez un usurier de village, où ils vont mettre le doigt dans un engrenage infernal.
    Ainsi alla longtemps ce monde laborieux et passif, mais qui savait s’amuser – un monde décidément plein de contrastes.

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Insensibles ou débauchés ?
    Pleine de contrastes, la vie de nos ancêtres est d’autant plus dure que la nature l’est elle-même, lorsqu’elle n’est pas carrément hostile. C’est elle qui, depuis la nuit des temps, a poussé les hommes à se regrouper, la crainte des gens de guerre venant régulièrement renforcer cette tendance, que ce soit le déferlement des hordes d’envahisseurs barbares ou vikings du Haut Moyen Âge, le passage des bandes d’écorcheurs et des compagnies de routiers, à l’époque de la guerre de Cent Ans, les dragons du roi traquant les protestants, les troupes mercenaires suédoises ou françaises, dans la Lorraine de la guerre de Trente Ans, les Bleus battant sous la Révolution le marais vendéen à la recherche des Blancs… À chaque époque, la guerre et son inévitable cortège de malheurs – le pillage, les épidémies, la famine – a poussé les populations à se retraire dans l’enceinte du château, à fuir au fond des bois ou à se regrouper autour d’un feu, dans l’espoir de se sentir un peu plus fortes face à l’adversité. Tout concourt donc à rendre le monde d’autrefois dur et violent, au point que l’on ne sait trop où l’on pourra trouver un peu d’amour.
    Plus meurtrière qu’une horde de loups :
quand la peste passait par là
    Le curé de Givry, près de Chalon-sur-Saône, nous a laissé un document saisissant sous la forme d’un petit livret de quatre-vingt-quatre feuillets, dans lequel il a soigneusement consigné les mariages et les enterrements. Rien ne serait plus banal si nous n’étions en 1348, l’année où ce que l’on a appelé « la Grande peste noire » va déferler de Marseille sur le reste du royaume. Une vague aussi terrible que dévastatrice qui va atteindre ce village de plein fouet dès le début de l’été, et dont les ravages sont, grâce à ce document unique, parfaitement et dramatiquement mesurables.
    De quatre enterrements par semaine au début de juillet, on passe à au moins un par jour début août, pour en dénombrer vingt-huit entre le 2 et le 11, trente-deux du 12 au 21, cinquante du 22 au 31, époque à laquelle, le mal enflant, le curé semble avoir décidé de cesser de percevoir des droits d’inhumation. Il cesse de même de noter les noms des défunts qu’il inhume.
    Car le fléau redouble et s’acharne. La première semaine de septembre enregistre soixante-dix décès, et pour la seule journée du 10, on en dénombrera vingt-quatre. Du 11 au 22, notre curé enterrera cent deux de ses paroissiens ; cent-sept la semaine suivante, où le mal atteindra son point culminant. Peu à peu, alors, les chiffres reprendront une courbe descendante, que l’on suit jusqu’au 3 novembre où, après avoir noté trois décès, notre vicaire va brusquement s’arrêter…, peut-être pour avoir été lui-même la 593 victime du fléau qui, en trois mois, a emporté plus du tiers des habitants de ce bourg de quelque 1 400 âmes. Une parfaite illustration, preuves et chiffres à l’appui, de ce qu’ont alors connu nos ancêtres, et à quoi seuls les plus forts avaient pu résister.
    La vie est dure, la nature est dure. Nos aïeux doivent sans cesse lutter contre elle, contre les animaux ou les intempéries.
    À tout instant, mille drames les guettent. La foudre, symbole de la colère divine, n’épargne ni les bâtiments ni les hommes. Exemple parmi d’autres, l’incendie qu’elle provoque, le soir du 27 septembre 1764, dans la grange d’Antoine Journiat, au hameau de La Nobre, près de Champs-sur-Tarentaise, au cœur de l’Auvergne. En quelques minutes, le bâtiment, plein du foin et des moissons de l’été, se transforme en torchère, sans que l’on puisse intervenir. Et quatre hommes périssent brûlés vifs, quatre merciers-colporteurs venus d’on ne sait où (de la région de Thiers ou peut-être du Dauphiné) et avec eux leurs hottes pleines de trésors. Ils ont entre trente et

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