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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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priver les agriculteurs des bras dont ils ont besoin. On hésite donc à se confier à ce monsieur en cravate, parlant le français des livres, comme on le fait à l’homme en soutane qui, lui, parle le patois et qui est si proche du justicier suprême. Ce n’est donc que lorsqu’il ajoutera à son métier celui de secrétaire de mairie que l’instituteur gagnera peu à peu en influence, d’autant qu’il aura l’avantage de la permanence, alors que le maire devra, lui, être confirmé à chaque élection.
    Blanchisseur et sonneur : l’instituteur est un cumulard !
     
    Le « recteur » d’école, comme son nom l’indique, était autrefois l’homme chargé de diriger l’école, comme le curé dirigeait les âmes – ce qui valait souvent à ce dernier de porter lui aussi le titre de recteur dans bien des régions, notamment en Bretagne.
    Le 2 octobre 1712, les paroissiens de Fontaine, dans l’actuel Territoire de Belfort, passent ainsi un accord avec Pierre Henryot qui s’engage à assurer la fonction de « recteur d’école » pour une durée de trois ans. Le contrat, qui précise ses obligations, est assez étonnant. Pierre Henryot « s’oblige de bien et dehument servir ladite paroisse comme recteur d’école, à la satisfaction entière desdits paroissiens. Il sera tenu de résider audit Fontaine, de chanter et répondre les grandes messes et vespres, et tous autres offices les jours de festes et dimanches, et autres jours en cas de besoin. Il sonnera les offices aux heures accoutumées, et pour le temps lors des nuages et orages qui paraîtront, toutes et quantes fois que le cas le requerra ; de mesme que les angélus deux fois par jour ; ce faisant, il aura soin d’allumer la lampe de ladite église.
    Il enseignera bien et duhement la jeunesse de ladite paroisse à lire, escrire et le plain-chant à ceux qui voudront estudier, et à la satisfaction aussi desdits paroissiens. Sera tenu encore de lessiver et blanchir les linges de ladite église à ses frais et dépens, sauf toutefois que lesdits paroissiens lui fourniront le savon et l’indique (3) nécessaires à cet effet.
    Il enseignera les principes de la religion et le catéchisme à la jeunesse une fois la semaine à tout le moins, suivant qu’il est accoutumé. Il desservira les offices des morts et trépassés, de mesme que les grandes messes qui se célébreront pour leurs âmes ».
    Dernière mission : « Il a été aussi convenu que ledit Henryot sera obligé d’avoir le soin nécessaire de l’horloge paroissiale, et le (sic) remonter quand il sera besoin, en telle sorte qu’il n’y ait sujet de plainte de la part dudit sieur Curé et des paroissiens. »
    Un tandem classique : châtelain et régisseur
    Le châtelain, tout en comprenant à la fois le patois de l’homme du peuple et le latin du curé, dont il est le parent ou l’ami, comme il est aussi volontiers celui du notaire, est avec ceux-ci le seul lettré capable de conseiller – gratuitement, bien sûr – dans une affaire délicate. Voici le Corrézien Paul Toinet, décrit par son neveu comme « jouant » parfaitement ce personnage à la messe du dimanche : « Il en avait toutes les qualités : rondeur, jovialité, le parler gaulois lorsqu’il seyait, le compliment à la fille, la main généreuse, sans cependant s’en laisser conter. Il pratiquait le patois dans toutes ses finesses ; et la visite impromptue, qu’il faisait à sa fantaisie dans telle ou telle demeure, était toujours appréciée. »
    Souvent investi de la charge de maire, ce châtelain a d’autant plus d’influence qu’il est aussi presque toujours le propriétaire auquel il faut payer son loyer et apporter ses redevances. Il est le seul à employer, sur place, une main-d’œuvre, tant masculine que féminine, allant du palefrenier à la cuisinière en passant par le jardinier et la femme de chambre. Il est le mieux placé pour procurer un travail, ou lorsqu’il ne peut en proposer lui-même, pour recommander un « demandeur d’emploi » à l’un de ses amis. Au début du XX e siècle, c’est chez lui qu’on trouvera le premier téléphone, lui amenant les paysans qui veulent appeler le vétérinaire. Ce téléphone, en effet, n’arrivera souvent à la mairie que vers 1960 voire plus tard, pour pénétrer dans tous les foyers dans les années 70-80. C’est donc au château que l’on viendra demander de l’aide, aussi bien pour remplir la déclaration

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