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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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qu’il dit avoir de gasté (…) et le rendre guérit dudit mal, sauf cas fortuit, dedans quinze jours au plaisir de Dieu ». C’est Yves Brunet, son confrère, qui, en 1606, aux termes d’un contrat retrouvé par Rémi Marcel, s’engage, moyennant 180 livres (une fortune !), à panser et médicamenter un charpentier « d’un grand ulcère qu’il a sur le croupion, de largeur et rondeur du fond d’une assiette ». Gageons que ces traitements passèrent par la fameuse saignée, immortalisée par Molière et recette universellement admise à travers le pays. Dépourvus de diplômes jusqu’à la fin du XVIII e siècle, entrés dans la profession par un classique apprentissage comme le fait tout artisan, nos barbiers-chirurgiens, notables incontestés, étaient autrefois nombreux, nettement plus en tous les cas qu’officiers de santé et médecins.
    L’exercice de la médecine a longtemps ressemblé à celui du notariat. Au début du XIX e siècle, Flaubert nous décrit Charles Bovary, « officier de santé » à Yonville-l’Abbaye, aux confins du Pays de Caux et du Beauvaisis, arrivant sur son bidet avec un hétéroclite fourniment, après avoir fait quatre lieues, pour partie de nuit, par les chemins de traverse. Il le montre ensuite soignant le fermier Rouault, son futur beau-père, qui s’est cassé la jambe, en improvisant une attelle avec des lattes de bois récupérées dans la cour de la ferme. Comme le notaire, notre homme sera encore longtemps payé d’œufs ou, au mieux, d’un poulet maigrelet ou d’un garenne braconné. Il aura souvent bien du mal à joindre les deux bouts, même avec le poulailler installé au fond du jardin, où sa femme s’efforçait d’engraisser tant bien que mal ses « honoraires » à plumes. Ce n’est qu’avec les changements déjà signalés, les progrès de l’hygiène et surtout de l’instruction et des mentalités, qu’il se mettra, dans les années 50, à sillonner la campagne du matin au soir en effectuant de désormais lucratives visites à domicile, prolongeant des vies de patients qui ne demandent par ailleurs souvent pas mieux que de devenir des électeurs reconnaissants. On n’a jamais autant compté de médecins à l’Assemblée nationale que dans les années 60, où ils avoisinaient les vétérinaires, si populaires en zone rurale, et les pharmaciens, plus volontiers élus dans les villes.
    Le vétérinaire est également resté longtemps absent des campagnes. Aux XVII e et XVIII e siècles, on vit apparaître des « artistes vétérinaires », dits aussi « artistes » tout court, qui ne sont que des « maréchaux experts », sachant soigner les chevaux en maniant la lancette et le trocart, et sachant surtout les castrer. Si, peu à peu, des écoles se sont ouvertes dans la mouvance de celle fondée à Lyon en 1761, les vétérinaires ont longtemps continué à manquer cruellement de diplômes comme de compétences, et se sont d’ailleurs souvent vus remplacer par le médecin, en vertu du bon vieux principe selon lequel qui peut le plus peut le moins.
    Le pharmacien était autrefois appelé « apothicaire » parce qu’il avait été le premier, au Moyen Âge, à tenir une « apothèque », autrement dit une « boutique », dans laquelle il exerçait à l’origine des activités généralement liées à l’épicerie.
    L’« espicier » était le marchand d’épices, vendant ces précieuses denrées rapportées de l’Orient lointain et qui servaient à l’origine de présents : on offrait volontiers des dragées ou de la confiture ou encore des « épices de chambre » – amandes, anis, dattes, réglisse, souvent enrobées de miel. On avait aussi les « épices », sorte de cadeau obligatoire, de pourboire ou de taxe, imposée dans bien des cas par les juges et les parlements et qui furent un des plus grands scandales de l’Ancien Régime.
    Ces épices étaient si rares et si coûteuses qu’on les pesait, pour les vendre, sur des trébuchets, ce qui avait valu aux premiers épiciers les surnoms de « pesant » ou de « marchands du poids ». Le plus souvent réduites à l’état de poudres, ce sont le poivre, le cumin, la girofle, la cannelle, le gingembre, aussi appelé « graine de Paradis », ou le sucre, vendu en pains que l’on cassait, produit extrêmement rare et considéré alors plus comme un remède que comme un aliment. Les amoureux furent les premiers à en acheter comme friandise pour en

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