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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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souveraineté d’une communauté ou d’un hameau, comme les curés s’en disputent les dîmes. Il en résulte des arrangements lourds et complexes, entraînant d’inextricables partages des influences qui font par exemple recourir à la formule des lieux métais , dont les revenus étaient répartis par moitié entre deux seigneuries ou deux paroisses. On avait ainsi des hameaux dits « alternatifs », dépendant une année d’une paroisse ou d’une seigneurie et l’année suivante d’une autre, quand ce n’était pas de trois ou quatre acteurs, situations qui se maintiendront jusqu’à la Révolution.
    Vous avez dit « Français » ?
Quel rapport entre les chèvres et la loi salique ?
    Comment nos ancêtres pourraient-ils se sentir Français ? Ils sont les hommes de tel seigneur, les ouailles de tel curé, se savent, au mieux, habitants des terres des comtes de Champagne, d’Artois ou de Provence. Un paysan poitevin ne partage rien avec son homologue normand ou bourguignon, pas plus – comme on l’a dit – l’impression d’avoir un même roi ou une administration commune que le fait de parler la même langue. Chacun parle le patois ou le dialecte de chez lui, et parfois même de sa seigneurie, car de l’une à l’autre, même si elles sont voisines, leur peu de contact fait qu’une chose n’y a pas le même nom ou qu’un mot n’y a pas le même sens. Prenons le banal exemple de la chèvre, partout présente et familière. Au gré des influences des langues des populations établies au sein de chaque région, son appellation a varié à l’infini : nommée une « chieuvre » à Reims, une « kèvre » à Lille, une « krabe » à Pau, elle devient une « chieuve » au nord de Châteauroux, une « chieube » à l’est et une « chièbe » au sud…
    Au sein du royaume, on parle une multitude de dialectes et des milliers de patois propres à de très petits terroirs, multitude qui se maintient d’autant plus facilement que nos ancêtres n’ont jamais de contacts avec l’extérieur.
    Le français n’existe pas. Lorsqu’il se constituera, il ne sera que la promotion, plus ou moins involontairement orchestrée par les rois de France, du dialecte parlé dans leur domaine propre, à l’origine l’Orléanais et ce minuscule pays de France, dont le souvenir ne demeure plus aujourd’hui que par les noms de quelques communes au nord de Paris, comme Roissy-en-France.
    Petite histoire du français
     
    Il fallut plusieurs siècles pour que notre langue se libère du carcan du latin et que notre orthographe s’allège, passant de chasteau à château, de debvoir à devoir ou d’ adiouter à ajouter. Il fallut des siècles pour que Paris imposât sa langue fran çaise à l’ensemble des Français – et ce fut d’ailleurs la faute à Voltaire ! Auparavant, les dialectes et patois prononçaient en effet plutôt ces finales oi ou plus exactement ouai. Dans la majorité de l’hexagone, le roi était le « roué », comme dans beaucoup de terroirs du Centre, on continue, aujourd’hui, en patoué, à bouère à la santé de l’Anthouéne ! Ici, comme dans bien d’autres cas, c’est la prononciation parisienne, moins mouillée, qui l’a emporté. On raconte d’ailleurs qu’à l’époque de la Révolution, une jeune fille aurait manqué se faire guillotiner pour avoir déclaré un peu trop fort qu’elle ne saurait vivre en se passant de son rouet !
    La spécialiste de l’histoire de la langue française qu’est Henriette Walter explique également comment un « cheval » donna des « chevaux ». Elle rappelle qu’à l’origine, on avait eu « chevals », mais qu’en ces temps-là (avant le IX e siècle) la consonne, qui ne se prononçait pas comme aujourd’hui, incluait légèrement le son ou. De ce fait, la finale « al » se prononçait alors « a-ou », faisant donc parler, au pluriel, de… chevaouls. C’est le même principe qui a fait évoluer les mots latin «  al ba » et «  tal pa » en «  au be » et «  tau pe », prononcés alors «  aoul be » et «  taoul pe » . De même «  valoir  » donnant « il vaut  », prononcé autrefois «  valout  ». Au bout de quelques siècles, par un phénomène assez classique que l’on nomme en linguistique une « régression », les Parisiens en arrivèrent à transformer ces « aoul » en « au », pour ne plus parler que d’aube, de taupe, et… de chevaux.
    Terminons par

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