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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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l’appellation fréquente de « maréchal-ferrant », laquelle provient du vieux mot manrskalk, désignant le domestique chargé de soigner les chevaux. En dérivent de nombreux noms de famille comme Maréchal, Marchai ou Marescaux, sans oublier, là encore, tous les noms venus de toponymes, comme Faurie, Fargette, Delaforge, etc.
    Une seule ombre au tableau : l’usage de ces équipements, dont notre seigneur prend soin de se garder le monopole, est payant. Les habitants de la seigneurie, à qui il est strictement interdit de posséder un four ou de recourir à un autre que celui du seigneur, doivent, chaque fois qu’ils l’utilisent, acquitter un péage au préposé chargé d’enfourner les pains, et il en va de même pour le moulin, le pressoir ou parfois la forge.
    Le forgeron : artisan de Satan
     
    Au même titre que le moulin, le four et le pressoir, il semble que la forge ait été souvent fondée par le seigneur et mise à l’origine à la disposition des paysans contre l’acquittement d’un droit d’usage.
    Le forgeron était un homme respecté, qui devait pour partie son prestige à la pratique d’une technique aussi rare que mystérieuse, lui permettant de produire non seulement les outils et divers instruments et matériaux, mais aussi de fabriquer des armes (hallebardes, épées) et des instruments de mort et de torture.
    Par l’exercice de son métier, le forgeron maîtrisait à la fois l’eau, l’air et le feu. Il était fier, tout comme saint Éloi, son patron, qui avait, selon sa légende, osé se mesurer au Christ qui l’avait « mouché » en tranchant devant lui la patte d’un cheval, pour la ferrer plus commodément et la remettre ensuite en place.
    À tous ces titres, le forgeron, au Moyen Âge, était souvent soupçonné d’avoir passé un pacte avec Satan. On se méfiait de lui, et l’on préférait que son antre, empli de fumée, de vapeur et de feu – comme l’enfer –, se trouve un peu à l’écart des habitations. Voilà pourquoi la forge était généralement située à quelques centaines de mètres des villages, comme en témoignent encore, sur nos cartes, l’emplacement de noms de lieux comme La Forge, La Haur ou La Haurie en Gascogne, Las Fargeas ou La Faurie en Limousin, ou encore les nombreux Fargette, Fabrègue et leurs équivalents.
    Plus tard, cet artisan regagnera le centre des villages, et sa forge sera un de ces lieux dits de « sociabilité » où les hommes échangeront des idées, comme ils le font au moulin et comme les femmes le font au lavoir ou à la fontaine. Le ferrage des animaux de trait, auquel s’ajoutaient souvent des activités de charron, faisait de lui un des tous premiers acteurs de la vie économique, un homme qui, dans un monde où dominait le troc, palpait de l’argent, au point de pouvoir, aux XVI e et XVII e siècles, espérer d’intéressants mariages pour ses enfants, dans des familles de riches laboureurs, de cabaretiers ou de taillandiers, ou de payer à ses fils de solides contrats d’apprentissage chez un drapier, un apothicaire, voire chez un notaire qu’il comptait pour client.
    Sa présence constante sur place lui vaudra souvent, avec l’aubergiste et plus tard l’instituteur, d’être pris à témoin dans les actes officiels (actes notariés ou actes d’état civil), et d’être élu maire dans les petites localités.
    Le four banal emploie quelquefois à lui seul jusqu’à trois personnes : le fournier , chargé de l’allumer, le poustier, qui va chercher et rapporter les pains à cuire, et les lenandiers , commis à l’approvisionnement en bois. Tout cela assure à notre seigneur des revenus substantiels, qu’il choisira parfois d ’affermer à des vilains aisés ou, plus tard, à des bourgeois qui, moyennant un loyer forfaitaire, se chargeront leur gestion et de la perception des taxes.
    Moulins à eau et à vent
     
    Le meunier, comme le forgeron, s’était très vite affirmé comme un homme capable de transformer la matière : un savoir-faire entouré de magie. Ne transformait-il pas le grain, souvent foncé, en farine blanche ? Ne participait-il pas à la chaîne de fabrication du pain, indispensable à l’alimentation, et sacré par sa parenté avec l’hostie ?
    Le meunier, comme le forgeron, était par ailleurs un homme puissant et influent. Un homme riche, et soupçonné non pas de s’être allié au diable, mais, ce qui n’était pas mieux, de chercher à escroquer ses clients, en

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