Qui étaient nos ancêtres ?
en lin) ou des draps, quant à eux en laine.
De façon générale, le mobilier du Français moyen était plus que sommaire. Longtemps, la table continuera à être « dressée », avant de recevoir ses pieds et des tiroirs, souvent à glissière, où l’on pourra ranger la sommaire et rare vaisselle de terre et conserver la miche de pain. Tout autour, on avait des bancs, ou bancels, grossièrement équarris, et des coffres, qui ont été, des siècles durant, la principale pièce d’ameublement.
Héritier de l’ancienne huche médiévale, là simple « caisse sapine », ailleurs « coffre de bois de châtaignier ou de chesne » ou d’un bois fruitier local, ce coffre est presque toujours « ferré et fermant à clé » (la serrurerie est alors un art aussi cher que l’est aujourd’hui l’informatique). Entrant presque toujours dans la composition des dots et trousseaux des mariées, ce coffre sera, dans le courant du XVIII e siècle, peu à peu remplacé par l’armoire, au fronton de laquelle on fera éventuellement graver les initiales des mariés ou l’année de leur mariage. Ce n’est que plus tard que se répandra la plus fonctionnelle « commode » et, luxe des luxes, rêve des rêves, l’horloge.
De ces modes de vie, de toute cette organisation, immuablement et universellement acceptée, découlent avantages et inconvénients.
L’intimité n’existe pas. À aucun moment de la journée ni de la nuit l’individu ne se retrouve seul. Pas plus au lit qu’au bain, qui reste inconnu des ruraux, sauf en plein été, où il est possible en rivière mais ne les attire guère. Pas plus aux toilettes, tout aussi inconnues : on fait ses besoins à l’étable ou derrière une haie, et les premiers cabinets d’aisance, construits dans les jardins, présenteront d’ailleurs souvent deux cuvettes côte à côte, pour une meilleure utilisation dans les familles nombreuses. Mieux : à Versailles, les passages sur la « chaise d’affaires » auront carrément lieu en public.
À l’absence totale d’intimité correspond une absence tout aussi totale d’anonymat. L’individu est toujours parfaitement situé, comme fils d’un tel, habitant de telle maison ou de telle ferme. Dans le Sud-Ouest, l’ oustau est le repère premier. L’homme appartient à tel et tel groupes. Dans tous ces cercles, le plus souvent, il ne vit pas sous son nom de famille, puisque celui-ci, on l’a vu, restera longtemps inexistant. Une fois qu’il en aura un, via le surnom forgé par la communauté de ses ancêtres, il continuera d’ailleurs presque toujours à se voir désigner, dans tous les actes du quotidien, sous son seul prénom. Seuls le notaire, l’agent du seigneur ou le régisseur, le curé puis le maire, le désigneront par son nom de famille. Tous les autres continueront à l’appeler Jean, Pierre, Antoine, Jacques ou d’un des multiples et étranges ou insolites noms de baptême qui eurent longtemps volontiers cours.
Allo, Azor : des prénoms à coucher dehors
Si les prénoms les plus portés aujourd’hui sont Michel et Nathalie et si ceux les plus donnés ces dernières années ont été Thomas et Léa, nos ancêtres ne se sont pas toujours appelés Jean et Marie.
Depuis toujours, les prénoms ont obéi à des modes. Nos noms de famille en témoignent avec des légions de Bernard, Thomas – déjà lui ! –, Richard, Robert, Laurent, Michel, Bertrand, Hugues, Guillaume… tous dus à l’origine à des ancêtres ainsi prénommés, ayant vécu aux environs du XII e siècle.
Beaucoup nous sont cependant parvenus sous des formes diverses, mis souvent à la sauce régionale, comme Vuillaume et Guillem, variantes de Guillaume à l’est et au sud. D’autres sont des noms de baptême depuis longtemps oubliés, souvent tirés des anciens répertoires germaniques. Attention : le fait qu’un de nos ancêtres ait porté un tel nom ne signifie en rien qu’il ait été d’origine germanique. Pas plus qu’un enfant baptisé aujourd’hui Kevin ou Bryan ne sera irlandais. Giraud, Garnier, Guérin, Lambert, Bonnet… et des centaines d’autres avaient alors cours comme noms de baptême. Il n’est qu’à songer aux paroisses Saint-Lambert ou Saint-Bonnet. La liste des saints a connu des inflations !
Par ailleurs, tous les noms de baptême étaient sujets à des diminutifs en tout genre : diminutifs classiques (Hugon pour Hugues, donnant à son tour des Hugonnet, Higonnin…, ou Perrin
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