Qui étaient nos ancêtres ?
mariages un même jour de 1716, et cinq encore, beaucoup plus tard, en 1854. La plus grande et la plus fameuse de ces communautés, celle des Quittard-Pinon, établie près de Thiers, aurait obtenu du pape Léon X, au début du XVII e siècle, une dispense permanente de parenté pour mariage. Il s’ensuivait évidemment des imbroglios de parentés qui font le bonheur des généalogistes tout en défiant les logiciels les plus performants.
Ces communautés disparurent le plus souvent au cours de la première moitié du XIX e siècle, victimes des principes égalitaires promus par le Code civil. De ces curieuses institutions, il subsiste aujourd’hui quelques rares vestiges architecturaux, identifiables par d’immenses salles communes entourées de petites cellules qui servaient de chambres conjugales, et surtout quantité de noms de lieux en les suivi d’un nom de famille (« Les Boissots », « Les Beaudins »…), témoins, dans ces régions, de leur implantation remontant fréquemment à l’époque de la Renaissance.
Le « front des armoires » : intimité et xénophobie
Mais entrons dans la maison. Au fil des siècles, la surface au sol n’a guère changé et le nombre des pièces a peu varié. En milieu rural, l’immense majorité de nos ancêtres vivent dans une seule pièce, à la fois cuisine, salle à manger et séjour (à l’occasion salle de bains) et encore chambre, ou plutôt dortoir. Peu meublée, on voit tout autour de ses murs se succéder la rangée des lits, entre lesquels viendront plus tard des armoires, offrant aux yeux du visiteur un « front » assez imposant. Les lits eux même sont souvent sommaires et misérables et chacun n’y a pas toujours sa place, les domestiques ou les adolescents étant volontiers relégués sur la paille de l’étable…
On a du mal, aujourd’hui, à se représenter les nuits passées dans ces pièces évidemment dépourvues de tout système de climatisation et d’aération. Toutes les générations réunies sous le même toit dorment ou tentent de dormir dans cette rangée de lits, en nombre généralement insuffisant et que l’on doit se partager. Les enfants, toujours nombreux, couchent tête-bêche sur une simple paillasse à même le sol. Les bébés poussent des cris lors de leurs coliques ou lorsqu’ils font leurs dents ; à leur côté, des vieillards agonisent, tandis que des jeunes mariés accomplissent plus ou moins discrètement leur devoir conjugal, au vu et au su de la famille. C’est seulement à partir du XVI e siècle que ces lits vont se voir de plus en plus fréquemment munis de rideaux, si ce n’est de portes, comme les « lits clos », protégeant un peu mieux du froid et surtout de la promiscuité. On retrouve ici nos ancêtres condamnés à cohabiter dans un loft !
« Dressons la table » et sortons les « cuissins »
Dans le donjon du seigneur, les lits étaient souvent très larges, pour que l’on pût y coucher à plusieurs, et la table, au moment des repas, n’était qu’une planche de bois que l’on « dressait » sur des tréteaux et que l’on recouvrait d’un drap, d’où nos expressions dresser la table et mettre le couvert. Du mobilier du paysan de l’époque, mieux vaut sans doute ne rien dire…
Longtemps, il restera très sommaire. Celui d’Edme Rétif, paysan aisé du Tonnerrois de la fin du XVII e siècle, se compose de douze chaises de paille, deux tables, deux armoires, un prie-Dieu et un tableau de la Vierge. Même s’il n’inclut pas ces meubles à tiroirs que l’on trouvait chez les bourgeois et que l’on nommait des « cabinets », le décor n’en est pas moins cossu. Ses voisins, plus modestes, couchent directement sur la paille, posée sur le sol de terre battue. Quel luxe que la chambre du curé Foudriat, au presbytère, avec son lit « à la duchesse » , son miroir à cadre rouge, ses estampes et… son baromètre !
Le lit sera lent à évoluer. Composé de son chalis , désignant notre bois de lit, généralement grossièrement taillé dans du bois brut, il va peu à peu s’équiper de courtines et de rideaux (et même de gardejours) pour assurer chaleur, obscurité et éventuellement intimité. Le lit proprement dit est une sorte de housse bourrée de paille, de crin ou de balle d’avoine, voire une couette ou un cuissin (ancêtre de notre coussin), exclusivement de plumes, à quoi on ajoutait des couvertes et des linceux (draps de lits à l’origine
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