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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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somme, aussi faible soit-elle, représente un pactole pour la majorité des gens, et arriver à évaluer les fortunes, ou plutôt les avoirs, de nos ancêtres est des plus malaisé. La seule chose possible est de comparer les prix, les salaires, comparer les montants des dots et ceux des inventaires après décès. On comparera surtout les cotes des impôts payés, aussi bien d’une année à l’autre, en des temps où inflation et déflation ne sont jamais galopantes, que par rapport à celles des voisins et du village. C’est ce qui permettra de situer nos ancêtres dans leur monde et dans la hiérarchie villageoise. Ce sera là une analyse riche en enseignements, et que généalogistes et historiens mèneront à partir des archives fiscales.
    Quand la levée des impôts dégénérait
en partie de catch
    Au nombre de ces impôts, le principal était la taille en usage à travers tout le royaume, et dont la collecte, pour le moins étonnante dans son principe, obéissait à une organisation très au point.
    Les malheurs du collecteur de taille
     
    À l’origine, la taille avait été un impôt exceptionnel, levé en cas de « dépassement budgétaire » par le seigneur en vertu de son droit de ban. Mais en ces temps-là comme aujourd’hui, un impôt exceptionnel ne le restait jamais. Cette taille avait donc eu tôt fait de devenir régulière et nos ancêtres manants furent donc, dès le XII e siècle, taillables soit à merci , autrement dit à discrétion, soit à bone, c’est-à-dire selon un abonnement, un paiement de façon fixe et limitée.
    Lorsque Charles VII reprit en main et réorganisa le royaume après que Jeanne d’Arc en eut « bouté » hors les Anglais, il fit de la taille un impôt direct, royal et permanent et le mot remplaça l’ancien fouage , ainsi nommé du fait qu’il était perçu par feu allumant, autrement dit par « foyer », terme qui subsita cependant dans certaines régions, comme la Normandie.
    Fixée par le Conseil du roi, la taille était répartie de haut en bas, à travers les généralités (sortes de super-régions) qui venaient d’êtres instituées, puis les élections (équivalents de nos départements), les paroisses, et enfin les taillables, comme dans l’exemple qui va suivre.
    À ses débuts, deux personnes intervenaient au plan de la paroisse : un asséeur, qui en assurait l’assiette, autrement dit la répartition entre les contribuables, et un collecteur, chargé de la lever. Mais cette configuration exonérant le premier de toute responsabilité, il parut logique (en 1600) de rassembler les deux missions en une seule et de la confier à un groupe de personnes qui répondrait de l’opération de A à Z. En fait, la collecte était une obligation très redoutée et son exemption était plus recherchée encore que l’exemption de l’impôt lui-même. Les bourgeois en étant exemptés dans beaucoup de villes (les villes à l’origine franches), où les personnes un peu aisées des environs s’efforçaient de prendre un domicile pour échapper à cette corvée qui rendait pour le moins impopulaire celui qui passait le rôle , c’est-à-dire la liste rédigée sur un papier enroulé. Mission plus qu’ingrate, comportant des risques bien réels, et qui en conduisit plus d’un à la ruine.
    Après avoir augmenté cette taille d’un impôt complémentaire, appelé le taillon, on créa, en 1695, un nouvel impôt général, plus juste et plus « réel » : la capitation, ainsi nommé parce qu’il reposait sans discrimination sur chaque chef (pris au sens ancien de « tête », sens que l’on retrouve dans l’expression de pied en cap), avec au sommet le Dauphin lui-même, imposé pour 2 000 livres, et à la base chaque manouvrier, imposé pour une livre par an.
    Prenons pour exemple la conduite de l’opération de collecte de la taille à Cormeilles-en-Vexin, grosse paroisse située à quelques vingt-cinq kilomètres au nord-ouest de Paris, dans l’élection de Pontoise, en 1692.
    Comme chaque année, le premier dimanche d’octobre, après la grand-messe, la communauté villageoise est réunie au son de la cloche, sous le porche de l’église paroissiale, pour désigner les personnes qui seront chargées de l’opération. Il en va ainsi partout dans le royaume, ce même dimanche, faute de quoi les collecteurs se voient désignés d’office, souvent au hasard, avec risque de voir confier cette mission à des gens parfaitement incapables

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