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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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discussion ». À moins qu’il eût fallu passer par la solution la plus forte, avec l’envoi sur place d’un sergent accompagné d’archers ou de fusiliers. On sonnait alors à nouveau les cloches et, après que l’on eut lu à haute voix les rôles défaillants, un homme d’armes était mis en garnison chez les récalcitrants, à raison d’une somme de trente sols par jour incombant à leur charge – homme d’armes qui finissait par procéder à la saisie manu militari. À Cormeilles, l’année suivante, tous les protagonistes se retrouvent donc sur le rôle, ni plus ni moins riches, ni plus ni moins imposés. Seul indice et preuve de cette histoire : le rôle maculé de boue, déposé au greffe comme pièce à conviction, que l’historien-démographe Jacques Dupâquier a retrouvé en 1981 aux Archives départementales des Yvelines.
    Mais qu’était donc devenue la solidarité ? Celle-ci, en fait, fonctionne tant que l’on reste dans l’univers fermé, où chacun occupe sa place et d’où l’argent est absent. Dans cette affaire, non seulement l’argent est présent, mais six personnes ont été propulsées, par le système décrit, à des positions inhabituelles. La mécanique, dès lors, se bloque. André Sevestre se fâche et l’on en vient d’ailleurs à se demander si l’incendie subit par Taureau, le collecteur de l’année précédente, qui lui avait valu une réduction d’impôt, n’aurait pas été d’origine criminelle…
    L’ordre des choses changeant, non seulement il n’est plus question de solidarité, mais il y a fort à parier qu’un dépouillement des archives de Cormeilles-en-Vexin ne révélerait, tout au long du XVIII e et du XIX e siècle, pas le moindre mariage entre des descendants de François Lepic et d’André Sevestre, ni peut-être même d’Antoine Caffin. Si, en 1314, sur son bûcher, le dernier grand maître des Templiers, Jacques de Molay, avait maudit les descendants de Philippe le Bel sur sept générations, il fallut sans doute en compter autant pour qu’un descendant de Lepic pût épouser une Sevestre, alors même évidemment que plus personne ne savait un mot de cette vieille affaire qui s’était passée deux siècles plus tôt, en l’an de grâce 1693.
    Petite histoire de notre I.R.P.P.
     
    Dans le monde féodal, l’État n’avait quasiment pas d’existence et donc pas de besoins. Les impôts étaient par conséquent des impôts locaux et personnels que nos ancêtres manants payaient, comme on l’a vu, de différentes façons, afin d’entretenir les membres du clergé qui assuraient la prière, et les nobles, chargés de la sécurité. Très longtemps, ils ont été justifiés par les nécessités guerrières, et ce sont ces mêmes nécessités qui ont engendré le premier impôt national.
    Impôt royal, ce premier essai est dû à Louis VII, le malheureux époux d’Aliénor d’Aquitaine, lorsqu’il avait eu besoin d’argent pour financer sa participation et celle de son royaume à la deuxième croisade, qui se révélait extrêmement onéreuse pour le Trésor. N’oublions pas que même si les seigneurs avaient à leur charge leur nourriture et celle de leurs hommes d’armes, il fallait convoyer les machines de guerre et les catapultes, qu’on emportait en pièces détachées à dos de chevaux, et louer ou affréter des huissiers , grands navires où l’on embarquait alors les troupes avec armes et montures.
    Croisade obligea donc : nos ancêtres furent soumis à un impôt nommé le vingtième, du fait qu’il représentait le vingtième de leurs revenus. Philippe Auguste, en 1188, à l’occasion d’une nouvelle croisade, lèvera un impôt, cette fois du dixième  – déjà, l’inflation !… Au fil des siècles, dixième et vingtième n’ont cessé d’aller et venir, parallèlement à la capitation et surtout à la taille.
    La Révolution balaya tout cela, sans pour autant évidemment supprimer les impôts, qui ont alors notamment porté sur le logement, avec la fameuse contribution sur les portes et fenêtres, un impôt directement perçu sur ce qui était considéré comme des « signes extérieurs de richesse », et qui se maintiendra longtemps, en concurrence avec les patentes et deux autres impôts que l’on nommera ensemble les « quatre vieilles ».
    Il faudra attendre 1876 pour voir Gambetta songer à un impôt sur le revenu, et 1914 pour qu’à quinze jours de la mobilisation générale la formule soit

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