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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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Dieu ?
    Quand tout allait à l’envers : la nuit du Diable
    Il arrive cependant que certains affligés désespèrent. Et il arrive aussi qu’ils « craquent », que Satan, toujours à l’affût d’une âme, la pousse sur la pente du vice, de la luxure, de la fraude, de l’adultère, du vol, du mensonge ou de mille autres turpitudes – pente qui conduit tout droit à la damnation éternelle, que l’on subira aux enfers, monde de la nuit et des démons, qui terrorisent par-dessus tout.
    Or, Satan réussit souvent. On a vu la malheureuse Claudine Roti, tombée en sa possession, se tordre de douleur devant l’hostie en profanant des insanités : Satan arrive à s’attacher des âmes et à dominer leurs corps. C’est ainsi qu’il agit avec les sorciers et les sorcières, que l’on n’hésite pas à brûler sur les bûchers afin de mieux purifier l’atmosphère qu’ils ont polluée.
    Pourtant, ces sorciers non seulement se maintiennent, mais semblent presque avoir leur place. Bergers solitaires, noirs charbonniers habitant au plus profond des bois, dans des maisons isolées, où ils vivent seuls et rejetés, on ne saurait dire si ces êtres sont victimes du Diable ou de la société. Longtemps, on les a traqués et condamnés. Toujours on les a craints et redoutés, et on les redoute davantage encore en certains jours particuliers. C’est d’abord la nuit du 30 avril au 1 er mai, appelée dans certaines régions la nuit de Saint-Walbruge. Ce sont aussi les moments où la lumière marque des points contre la nuit, image du vieux combat du bien contre le mal, de Dieu contre Satan : nuit du 1 er février, veille de la fête de la Chandeleur, fête de la Lumière et des chandelles, nuits du 23 juin, veille de l’apogée de la lumière, et du 23 décembre, veille de sa renaissance. En ces nuits-là, le peut , autrement dit « celui qui pue », « l’autre », dont on craint même de prononcer le nom, vient en personne sur terre, où il va présider au sabbat de ceux qui lui sont dévoués.
    Sans doute pour s’être couverts d’onguents magiques aux vertus hallucinatoires, sorciers et sorcières se rendent à ses rendez-vous sur leurs balais, tout en haut des montagnes désertes, où ils vont se livrer à des nuits d’orgies hystériques, commençant par des messes dites « à rebours », car tous ces êtres ont pour point commun de se complaire dans la transgression. Satan, qui est donc présent, toujours bien « avitaillé », avec un membre « de mulet », et qui a parfois revêtu la forme d’un bouc, va régulièrement finir, à l’aube, par « connaître charnellement » tous les participants un à un, les femmes comme les hommes.
    Qui donc, en ces nuits terribles, oserait alors s’aventurer par les chemins ou les forêts passé minuit ? Personne ne doute un instant des pouvoirs maléfiques des sorciers, et l’on trouve parfois le courage d’aller solliciter leurs services : un jaloux pour faire « nouer l’aiguillette » d’un rival en amour, un rancunier pour faire tarir le lait de la vache du voisin contre lequel il a perdu son procès. C’est pourquoi le Malin est invariablement soupçonné en chaque circonstance négative : femme stérile, source tarie, cochon malade…, et l’on a vu qu’il était rare qu’un étranger de passage ne fournisse alors un parfait bouc émissaire.
    Comment pourrait-il en être autrement ? Les connaissances de nos ancêtres, ne l’oublions pas, sont extrêmement limitées, et mille événements qui nous sont aujourd’hui parfaitement connus restent à leurs yeux inexpliqués et incompréhensibles. Comme dans l’Antiquité, la foudre ne peut qu’exprimer pour eux la colère du ciel, et ils ne peuvent voir qu’une punition divine dans une année de pluie ou de sécheresse, ou dans une maladie inconnue, à moins qu’elle ne soit directement l’œuvre du sorcier et donc l’artifice maléfique d’un voisin jaloux ou d’un être pervers. Le surnaturel effraie : la peur de l’au-delà passe par la peur panique du retour toujours possible des morts, en quête de vengeance ou de pénitence.
    Heureusement, de même que chaque chose a son saint, chaque poison a son antidote. Au sorcier avait autrefois répondu le magicien. À Satan et à ses messes noires, l’Évangile apporte ses réponses. Et puis, il reste la force symbolique des choses. Celle du sel qui, par sa couleur blanche s’oppose aux forces noires des ténèbres et qui,

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