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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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évidemment beaucoup de confusion, voire parfois de contradictions.
    Nos ancêtres sont des croyants et Dieu est omniprésent. Chacun essaye donc de mériter le paradis, en évitant – autant que faire se peut – de multiplier les mauvaises actions. Et chacun attend des signes. Partout, on croit distinguer la marque du doigt divin. N’est-ce pas ce doigt qui est sur la France, lorsque la famille royale, en 1711, connaîtra une effroyable cascade de deuils ? N’est-ce pas lui qui déclenche les catastrophes, les incendies aux conséquences dramatiques, comme en janvier 1784, avec ces cinquante maisons détruites au Mesnil-en-Thelle, dans l’Oise, alors que le gel empêche tout secours ?
    Bien entendu, on croit aussi aux miracles, qu’il nous envoie pour nous rassurer, au pouvoir des reliques que ses saints nous ont laissées, et l’on s’efforce de Lui en rendre grâce, par des prières et des neuvaines. On accepte que le curé choisisse les parrains et marraines qui seront donnés à la nouvelle cloche que l’on va hisser au clocher, comme on accepte qu’à l’ombre du confessionnal le même curé s’immisce dans nos cœurs pour mieux nous aider, qu’il traque nos péchés et qu’il nous punisse. Dieu lui-même ne nous punira-t-Il pas un jour ? Tel notaire de Bourges, qui a commis une faute, ne trouve donc rien à redire au fait de se voir privé du pain bénit que le sacristain distribue chaque dimanche aux fidèles à la fin de l’office, tout comme Pierre Dutemple et Marie Cottu, mariés par un curé picard, alors qu’ils étaient cousins et n’avaient pas demandé de dispense, vont aller réciter, à genoux et publiquement, le chapelet, pour demander la réhabilitation de leur mariage souillé. En 1697, le curé de Rumegies, dans le Nord, obligera deux hommes à allumer une chandelle de deux livres sur l’autel du Saint-Sacrement, pour s’être battus dans le cimetière et l’avoir profané en y versant leur sang. Et pour la famille de Jacques Pietrequin, pauvre misérable que le curé de Domont, dans le Val-d’Oise, inhume en 1742 sans luminaire – c’est-à-dire sans cierges – ni sonnerie de cloche, parce qu’il est un alcoolique notoire, et surtout parce qu’il ne s’est pas acquitté du devoir pascal et ne s’est présenté que deux fois dans sa vie au « sacré tribunal » du confessionnal, cette punition, si infamante soit-elle, participe à son salut.
    Si le curé doit agir, l’homme doit également parfois le faire pour défendre lui aussi le bon ordre des choses. Les animaux n’ont le droit de quitter leur place que dans les contes, où ils proposent des héros populaires. Comme on avait autrefois pendu des loups et intenté des procès à des truies affamées ayant dévoré des bébés, on n’hésitera pas, en 1725, à Clermont-sur-Oise, à punir de mort, en la fusillant, une ânesse qui n’avait pas respecté cet ordre des choses, en accueillant par des ruades celui qui venait de l’acheter.
    Les « stars » de nos ancêtres
     
    Nos ancêtres avaient leurs héros : ils connaissaient sur le bout de leurs doigts la vie de leurs saints favoris et celle des personnages de la Bible, qui leur étaient rendus familiers par les « mystères » que des comédiens, le plus souvent amateurs, jouaient, le dimanche ou certains jours de fête, sur le parvis des cathédrales. Le roi David, Noé, Abraham, ils les connaissaient tous…
    À ces héros s’en ajoutaient d’autres, moins sacrés mais tout aussi populaires, tirés des contes, des dits et des fabliaux à succès, eux aussi fréquemment mis en scène, comme ceux des épisodes du fameux Roman de Renart. Ce best-seller devait sans nul doute une large partie de sa popularité au fait qu’il mettait en scène les animaux qui faisaient alors partie du quotidien de nos ancêtres, que ce soit le mouton ou le corbeau, le loup, le chat, ou ce fameux goupil, qui devra à ce formidable succès de n’être plus désigné que par le nom qu’il y avait reçu : Renart, un nom de baptême alors tout aussi classique que l’étaient Beaudoin, Frémond ou Tibert, donnés ici à l’âne, à la fourmi et au chat.
    Dès lors, retrouver le sens original d’un nom de famille tiré d’un prénom n’est jamais simple. Outre que parfois (une fois sur cent…), il peut avoir été donné à un enfant trouvé et que, le plus souvent, il n’est dû qu’à la transmission du prénom paternel (Pierre Michel signifiant « Pierre

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