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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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fils de Michel »), un patronyme comme Thomas peut très bien avoir été donné comme surnom à un ancêtre sceptique, à l’image de saint Thomas, ou encore d’un ancêtre ayant tenu le rôle de ce saint lors d’un mystère… De même, Renart (ou Renard) peut avoir été le nom du fils de l’homme baptisé ainsi, comme il peut avoir été le surnom d’un homme rusé, rappelant le héros populaire.
    Le paysage culturel de nos ancêtres, aussi limité qu’il ait été, n’en avait pas moins ses héros, dont le souvenir peut très bien perdurer, huit cents ans après, dans nos patronymes.
    Lorsque Dieu ou ses saints font la sourde oreille, on en conclut seulement que l’on doit faire plus d’efforts. Au XIX e siècle, les paroissiens de La Celle-sur-Couzon, dans la Creuse, n’hésitent pas, lorsque la sécheresse s’éternise, à aller immerger à la fontaine voisine la statue du saint, qui aurait dû exaucer les prières qui lui ont été faites pour obtenir la pluie.
    Nos ancêtres sont logiques : un adage comme « qui vole un œuf vole un bœuf » se conjugue forcément avec « tel père tel fils ». Nul ne doute que certains aient « le vice dans le sang », comme d’autres ont le sens de l’honneur, car « bon sang ne saurait mentir ». Lorsqu’une personne est soupçonnée de sortilège, sa famille tout entière risque de subir le même châtiment qu’elle. En Alsace, Catherine Maréchal, de Rothau, au Ban-de-la-Roche, accusée de sorcellerie, verra ainsi cinq couples de sa parenté l’accompagner dans les flammes.
    Pour nos ancêtres, la religion est à la fois leur science et leur savoir. Elle détermine leur morale et les rend souvent passifs. La femme ne quitte pas sa place au service de son homme, car elle sait que, là-haut, cette soumission à l’ordre établi lui vaudra justement une place plus enviable. Chacun sait que s’il doit travailler pour gagner son pain, il le doit à la faute de notre mère Ève. Il n’empêche que l’on attend tout de Dieu : Maître Veux, notaire dans les Baronnies, ne le prie-t-il pas, en 1743, pour l’engraissement du cochon qu’il compte faire tuer pour Noël ? « Dieu me le fasse beau ! » écrit-il au début de l’été…
    Nos ancêtres ont la foi du charbonnier. Dans leurs vêtements sombres et crottés, ils essaient d’avoir une âme à peu près blanche. Familiers de la mort, ils la craignent, tout en sachant qu’au terme de leur vie terrestre qui ne peut être qu’un long chemin d’épreuves, elle seule leur ouvrira enfin les portes d’une vie plus juste. « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. » Car Dieu, en effet, reconnaîtra toujours les siens. Le jour de la mort devient donc le vrai jour anniversaire. Si l’on ignore ou ne mémorise pas celui de la naissance sur terre, on retient celui de son entrée dans le monde d’en haut. Un monde que l’on sait meilleur…

2

Silencieux, mais agités
    Ce monde où Dieu règne sans partage, si l’on y pénétrait, nous étonnerait d’abord par son atmosphère. Il est avant tout silencieux : en dehors des rues des villes, toujours dénoncées comme emplies « de hurlements, de cris et de tintamarre diabolique », et sauf les jours de fêtes, on n’y entend en principe ni rumeur ni bruit. Partout, le silence domine, seulement rompu, dans les champs, par les sonnailles des troupeaux ou le chant du laboureur briolant pour encourager ses bœufs. Tout autre bruit ne saurait donc être anodin.
    Quand l’amour faisait mal : drôle de façon de roucouler
    De façon générale, nos ancêtres parlent peu : les hommes réunis à la forge ou au moulin font généralement peu de bruit, s’exprimant souvent davantage par hochements de tête et par onomatopées que par de longs discours. Ils ne sont ni bavards ni baratineurs. Le gars qui veut courtiser une fille ne connaît aucun mot d’amour ; il n’a rien de commun avec les bergers des romans pastoraux qui font rêver les marquises de Versailles, et ressemble en fait davantage à un moderne adepte du kung-fu. Le flirt, en ces temps-là, procède en effet davantage de la gymnastique que de la tendresse.
    Pour faire comprendre à l’objet de ses vœux les émotions qu’elle lui cause, notre aïeul paysan va agir au plan physique, qui est son seul vrai registre d’expression. Pour déclarer sa flamme, il pince la fille au bras. Au marché ou à la veillée, il lui donne une bonne bourrade dans le ventre ou le dos, à

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