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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Gewehr ressemblent à des armes d’exposition.
    La rigidité du garde-à-vous est telle qu’on pourrait se demander si les soldats
    ne retiennent pas leur respiration.
    « Parachutistes !
    clame Rœder sans ordonner le repos aujourd’hui, 8 avril 1945, vous échoue le
    premier honneur de votre vie de serviteurs du Führer. Vous allez combattre. Pour
    votre baptême du feu, vous allez affronter l’élite des armées ennemies, une
    autre troupe de soldats-dieux, des parachutistes anglais égarés au service d’une
    cause ignoble. Nous sommes chargés d’anéantir un bataillon qui s’est réfugié en
    forêt de Zwolle, à une cinquantaine de kilomètres au sud. Vous devez vaincre. Même
    à vos morts je ne pardonnerai pas la défaite. Heil Hitler ! »
    D’un seul mouvement, huit
    cents bras se tendent, huit cents voix hurlent :
    « Heil Hitler ! »
    Le doyen des élèves de l’école
    parachutiste de Groningenn est âgé de seize ans et quatre mois. Plusieurs
    garçons n’ont pas atteint leur quinzième année. Ils ont été sélectionnés parmi
    les plus fanatisés des « Hitler Jügend ». Leurs cerveaux d’enfants
    ont été infectés par les doctrines nazies. Ils sont devenus d’implacables
    machines, d’inflexibles rouages. Sans hésitation ni réflexion, ils chantent, marchent,
    courent, se couchent, se lèvent, mangent, boivent, sur des ordres hurlés. Ils
    tirent une gloire de leur asservissement à la voix de leur maître qui, aujourd’hui,
    vient de leur ordonner de tuer et de mourir.
    C’est Le Berrigot qui le
    premier aperçoit les camions. À l’extrémité opposée du champ, ils se rangent
    sur le bord de la route, puis d’autres les doublent et disparaissent dans une
    courbe dessinée dans le sens de la forêt.
    La manœuvre est évidente.
    Ils sont repérés, l’ennemi les encercle.
    « Je crois qu’on
    est bons, marmonne Legras qui a compté quarante-quatre camions. Une vingtaine
    de gus dans chaque véhicule, ça fait l’effectif d’un gros bataillon. Qu’est-ce
    qu’on fait ? On lève les bras.
    — Je peux pas, interrompt
    Neuwirth. Depuis ma blessure, ça me donne des crampes.
    — D’autant, surenchérit
    Judet, que j’ai l’impression que les premiers à s’amener vont traverser les
    champs. Les autres, ceux qui contournent, auront la forêt à se farcir. Ils
    peuvent être assez cons pour se pointer à découvert dans un paquet de cent cinquante
    ou deux cents. Et comme, de toute façon, quoi qu’ils fassent, eux n’en tueront
    jamais plus de cinq, on peut considérer que nous sommes gagnants d’avance.
    — C’est une façon
    intéressante de voir les choses », admet Neuwirth.
    Les parachutistes
    disposent de deux fusils mitrailleurs pointés bien à l’abri de hautes futaies.
    « Regarde, lance Le
    Berrigot. T’avais raison, ils s’amènent. Ils sont pas vrais ces rombiers !
    Sur une seule ligne !
    — Tu parles, approuve
    Judet qui jubile, ils doivent nous croire au milieu de la forêt. On n’est pas
    plus beaux pour ça, mais on va avoir le temps de s’envoyer en l’air. En
    déclenchant la musique à cinquante mètres, on devrait en coucher la moitié. Et
    l’autre va tailler la piste comme une volée de moineaux. Évidemment, ce qui va
    nous tomber sur les épaules par-derrière, ça sera sûrement plus cher. Mais de
    ce côté, c’est du sirop. »
    Les élèves parachutistes
    s’avancent sans la moindre hésitation ni la moindre appréhension. Ils sont à
    moins de soixante-quinze mètres lorsque Judet, suivi par Neuwirth, déclenche le
    tir.
    Les Français n’avaient
    pas remarqué l’extrême jeunesse de leurs agresseurs. Casqués, armés, bottés, les
    adolescents ressemblaient à tous les soldats du monde, mais la vitesse de leur
    réaction surprend les S.A.S.. À la première rafale, d’un seul mouvement, l’ensemble
    de la rangée se couche. Les gamins ne restent pas sur place une fraction de
    seconde. Ils bondissent dans tous les sens, comme de jeunes kangourous, dans un
    ballet asynchrone, fulgurant et imprévu.
    Neuwirth et Judet ne
    peuvent tirer que par courtes rafales sur ces cibles qui fusent et qui giclent,
    et dans l’ensemble ils n’atteignent pas leur but.
    « Ce sont des
    sauterelles, c’est pas possible ! » gueule Neuwirth.
    Bondissant dans tous les
    sens, les terrifiants gamins se rapprochent.
    « On décroche !
    crie Judet. On s’enfonce dans les bois. »
    L’adjudant et le sergent
    prennent sous le bras les fusils

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