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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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mitrailleurs et s’éloignent, en courant, à
    travers les arbres qui les protègent momentanément. Le Berrigot est en tête. Il
    arrive à un fossé qui serpente en larges lacets à travers arbres et végétation.
    Il est profond de près d’un mètre. Sans hésiter, le parachutiste suivi de ses
    compagnons s’y engage. À l’endroit où le fossé fait un « S », Judet
    ordonne d’arrêter la fuite.
    « Là, on ne
    trouvera pas mieux, on peut se couvrir de tous les côtés. »
    Effectivement, les S.A.S.
    sont attaqués de tous les côtés. Et autour d’eux le cercle se resserre
    inexorablement. Les gosses font preuve d’une témérité démoniaque. Économisant
    leurs munitions, les Français tirent coup par coup. À quatre reprises Judet
    fait mouche, il abat avec certitude quatre Allemands.
    « Faites comme moi !
    Tirez à l’homme ! » gueule-t-il.
    Mais la précision des
    coups des Français ne freine pas l’avance de leurs jeunes agresseurs. Ils s’exposent
    tombent, alors que maintenant ils ne peuvent pas ne pas être conscients de la
    faiblesse de leur proie.
    Dans un véritable
    carnage, les S.A.S. épuisent leurs munitions. Ils ont tenu une dizaine de
    minutes. Il leur reste plus que leurs Coïts, en trente secondes ils en vident
    les chargeurs. Judet déclare calmement :
    « Je n’ai plus qu’une
    balle. »
    Sans émotion il la tire
    dans le poste de radio Eurêka.
    « Enterrez tous vos
    dagues de commando », ordonne-t-il.
    Les parachutistes s’exécutent
    sans conviction. Les conventions de Genève semblent bien dépassées.
    « Il vous reste des
    balles dans les Colts ? demande Judet.
    — Trois.
    — Deux.
    — Une.
    — Quatre.
    — Allez, debout !
    On avance ! »
    Les cinq parachutistes
    évacuent le fossé, pistolet au poing. Ils tirent jusqu’à leur dernière
    cartouche. Seul Neuwirth est atteint par la riposte. Il reçoit une balle dans
    la cuisse qui lui frôle le sexe, une dans l’épaule, une dans la cheville. Il
    tombe, sonné, mais ne reste inconscient qu’une petite minute.
    Lorsqu’il revient à lui,
    ses quatre compagnons sont debout, mains en l’air, entourés par les Allemands
    qui braquent sur eux leur Sturm Gewehr.
    « Ça va, Lulu ?
    demande Judet, qui s’est aperçu que son ami reprenait connaissance.
    — Ça va ! Mais
    je reviens de loin. J’en ai pris trois, et il y en a une qui m’a rasé les
    couilles.
    — Essaie de te
    lever et de suivre. Ce sont d’odieux gamins, fous furieux. Ils sont capables de
    tout. »
    Dans un douloureux
    effort, Neuwirth se hisse à quatre pattes, puis de sa jambe intacte il se
    relève. Il constate alors seulement l’âge de leurs « vainqueurs ».
    Ils sont une bonne
    centaine parmi lesquels il ne distingue que deux adultes, deux sergents
    handicapés qui, visiblement, échangent des propos concernant leur sort. Mlains
    en l’air, les parachutistes sont poussés vers une proche clairière. L’un des
    sous-officiers les fait disposer en rang. Instinctivement Judet comprend.
    « Je ne connaîtrai
    jamais mon fils, crie-t-il. Adieu les gars ! »
    Un an auparavant Judet s’était
    marié à Londres avec une Anglaise, et sa femme était sur le point d’accoucher.
    Un ordre retentit. Les
    dents serrées, une dizaine de gamins lâchent leur rafale pratiquement à bout
    portant. Les parachutistes s’écroulent. De nouveaux ordres fusent ; pendant
    que les jeunes bourreaux changent les chargeurs de leurs armes, le révoltant
    bataillon se regroupe.
    En chantant, les enfants
    regagnent leurs camions et reprennent la direction de leur « école ».
    Lucien Neuwirth a
    immédiatement compris qu’il n’était pas atteint. Il a pourtant senti un violent
    impact à hauteur de son cœur, un choc qui a entraîné son buste dans un
    mouvement de déséquilibre dans lequel il s’est laissé choir.
    Les yeux clos, respirant
    à peine, il a fait le mort. La bouche ouverte, il s’est contraint à rester
    pétrifié plus, de cinq minutes, guettant le moindre bruit insolite. Il n’a
    perçu que ceux de la forêt. Alors il ouvre les yeux et, prudemment, il tourne
    la tête. Les Allemands sont bien tous partis ; il pourrait penser qu’il
    vient de rêver un cauchemar si les corps de ses amis gisant à ses côtés n’apportaient
    le pitoyable témoignage de la cruelle tuerie.
    Seul Judet est tombé en
    avant. Olivier, Legras et Le Berrigot se sont écroulés sur le dos. Les trois
    hommes ont les yeux grands ouverts, ils paraissent chercher

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