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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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lui-même, il va
pouvoir assortir leur application d’une série de sanctions de son cru. Pour
prix de la levée d’excommunication des capitouls, il exige d’eux une somme de
mille livres toulzas et dix otages qui seront placés à Pamiers sous la garde
des Croisés. Les capitouls refusent de payer. Arnaud Amaury menace de les
excommunier à nouveau. L’évêque Foulques transige et propose ! de
réconcilier les capitouls avec l’Église pour cinq cents livres toulzas. Sa
proposition est acceptée. Et le 25 mars 1210, une bénédiction générale est
solennellement donnée par l’évêque, en grande cérémonie, sur le parvis de
Saint-Étienne. Les catholiques sont soulagés de retrouver leur droit aux
sacrements. Les Blancs pavoisent et les Noirs se moquent ouvertement de ces
marchandages sordides.
     

Le bûcher
de Minerve
    Pendant ce temps, après
l’engourdissement de l’hiver, le Centaure s’ébroue sous les premiers rayons du
printemps qui lui amènent sa femme, Alix de Montfort, accompagnée des renforts
promis par le pape. En faisant venir son épouse et leurs enfants, il signifie à
tous qu’il a décidé de s’établir chez nous.
    Son armée n’est pas aussi imposante
que la croisade de l’année dernière, mais elle rend à l’usurpateur la capacité
d’action qu’il n’avait plus depuis six mois. Venue à l’appel du pape lancé dans
plusieurs royaumes, c’est une troupe où se parlent toutes les langues, mais qui
n’a qu’un seul chef : Montfort.
    Celui-ci ordonne aussitôt la reprise
de la guerre. Plus de quarante bourgs et châteaux fortifiés lui ont échappé
dans le retour de flamme qui a suivi la mort de Trencavel. Plutôt que de les
reconquérir un à un, il emploie la plus vieille et la plus efficace des armes
pour les faire plier tous ensemble : comme avec le massacre de Béziers,
l’an dernier, il engage les hostilités en frappant le pays de terreur.
    Le village de Bram servira
d’exemple. Établie dans la plaine, cette localité est à peine protégée par un
mauvais rempart dont elle a courageusement fermé les portes devant les
émissaires de Montfort. Prétexte pris de cette rébellion, l’armée vient
assiéger Bram, qui cède en moins de trois jours.
    Procédant exactement comme l’avait
fait Guiraud de Pépieux cinq mois plus tôt, Montfort ordonne que l’on saisisse
les prisonniers pour leur arracher le nez, la lèvre et les oreilles avant de
leur crever les yeux. Il compte jusqu’à cent. Au centième supplicié il fait
grâce d’un œil, pour qu’il puisse conduire ses compagnons mutilés vers les
seigneurs faidits et les hérétiques qu’ils protègent.
    La colonne titubante marche
longtemps à travers la plaine et jusqu’au flanc des montagnes, chaque homme
aveugle et défiguré avançant la main posée sur l’épaule de celui qui le
précède. En tête, le borgne guide leurs pas jusqu’aux forteresses de Cabaret,
où le monstrueux cortège est accueilli dans les hurlements d’horreur des hommes
et les évanouissements des femmes. Seul Guiraud de Pépieux, l’inventeur de
cette atrocité, reste silencieux, la tête basse, hébété de découvrir à quel
point on peut être encore plus cruel qu’il ne le fut.
     
    Après avoir terrorisé le pays,
Montfort veut l’impressionner par une victoire militaire en s’emparant d’une
des places fortes de la résistance. Ayant échoué l’an dernier devant les
forteresses de Cabaret, il ne veut pas s’exposer à un nouveau revers. Montségur
est trop difficile à investir. Il choisit Minerve, dont il connaît les points
faibles. Il a envoyé des éclaireurs observer les lieux pendant la trêve
hivernale.
    Minerve est dressée comme une proue
de navire à l’extrémité d’une falaise abrupte surplombant le confluent de la
Cesse et du Brian. En période de fortes pluies, les eaux des deux rivières se
mêlent dans un bouillonnement violent et la ville semble voguer sur un océan
furieux. En revanche, en ce début d’été 1210, particulièrement sec, les
remparts et la falaise dominent deux gouffres asséchés où de minces filets
d’eau serpentent entre les galets.
    L’armée croisée installe ses engins
sur la rive opposée à la ville et la martèle sans relâche. Les blocs de pierre
en démolissent des pans entiers, qui s’écroulent sur les défenseurs. Les toits
des maisons sont écrasés sous les projectiles, mais Simon de Montfort ne donne
pas l’assaut. Comme l’an dernier à

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