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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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saints, précieuse aux
yeux du Seigneur.
    Ces artisans de trahison, le
comte de Foix, Roger Bernard, son fils et Guiraud de Pépieux, accompagnés de
plusieurs hommes du comte de Toulouse, se mirent au guet avec d’innombrables
routiers à Montgey.
    Quand ils virent s’approcher les
Croises qui se dirigeaient de Carcassonne vers Lavaur, ils profitèrent de ce
que les nôtres étaient sans arme et ne soupçonnaient pas une telle trahison
pour se jeter sur eux, les massacrer en grand nombre et emporter l’argent de
leurs victimes à Toulouse, où se fait partage du butin.
    Les poètes chantent la bataille.
    Tant de flanc que de face, ils
déboulent, ils attaquent.
    Allemands et Frisons
s’arc-boutent, se défendent,
    Résistent bravement dans un
bosquet feuillu
    Mais je ne peux cacher l’amère
vérité :
    Ils se font à la fin étriller
d’importance
    Les paysans du lieu, accourus,
les achèvent
    À coups de pieu, de faux, de
bâton et de pierre.
    Ces enfants de putain paieront le
sang versé !
     
    On raconte aussi comment Roger
Bernard de Foix, le fils du Comte roux, a participé sauvagement à sa première
bataille, sans faire de prisonniers : aucun ennemi, quel qu’il soit, n’a
pu trouver grâce.
    Un prêtre croisé chercha asile
dans une église voisine, afin que, s’il mourait pour l’Église, il mourût aussi
dans l’église. Cet horrible traître, Roger Bernard, fils du comte de Foix et
héritier de la perversité paternelle, osa pénétrer dans l’église et, marchant
sur lui :
    — Qui es-tu ?
demande-t-il
    — Je suis croisé et prêtre.
    — Prouve-moi que tu es
prêtre !
    L’autre rabat son capuchon et lui
montre sa tonsure. Le cruel Roger Bernard, sans égard pour le caractère sacré,
ni du lieu ni de la personne, leva la hache bien aiguisée qu’il tenait à la
main et frappa de mort le prêtre au milieu de sa tonsure.
    Avec soulagement, nous apprenons que
Montfort et les siens sont arrivés trop tard.
    Un rescapé parvient à rejoindre
l’armée.
    Les Français, fous de rage,
écoutent son récit.
    Dès que l’homme se tait, Ils
montent tous en selle.
    Mais le comte de Foix ne s’est
pas attardé.
    Dès sa victoire acquise il a
chevauché ferme.
    Les chevaliers français arrivent
donc trop tard.
    Que faire ? Ils s’en
retournent, ruminant leur fureur.
    Quand on les voit au camp s’en
revenir bredouilles
    On s’en mange les poings. Le
comte de Montfort,
    Robert de Courtenay et le comte
d’Auxerre
    Avouent la rage au cœur : le
gibier s’est enfui.
    Mais Lavaur reste à prendre. Ils
préparent l’assaut.
    Et ils le livrent avec une puissance
décuplée par la soif de vengeance. L’armée attaque le rempart sans relâche. Les
religieux hurlent des cantiques qui stimulent l’ardeur des Croisés.
     
    Chaque jour, la vague vient frapper
le mur au même point faible. Il finit par céder, ouvrant une brèche béante dans
laquelle s’engouffrent les assaillants qui vont commettre deux massacres. Le
premier sacrifice humain est religieux. Il est ordonné par Arnaud Amaury.
    Quatre cents fils de pute,
hérétiques fieffés,
    Sont conduits au bûcher. Tous
brûlent comme torches.
     
    D’après les chroniques, les Croisés
manifestent « u ne joie extrême » autour du brasier. Les
ribauds étaient, dit-on, très exaltés lorsque les flammes dévoraient les
vêtements des femmes, faisant apparaître un instant leur corps dénudé avant
d’en consumer la chair.
    La seconde tuerie est politique.
Simon de Montfort ordonne la mise à mort de tous les chevaliers faidits. Ce
sont des rebelles à son pouvoir légitimé par le pape et désormais reconnu par
le roi d’Aragon. Leur fidélité aux Trencavel va leur coûter la vie.
    Leur chef, Aymeri de Montréal,
paiera le premier par pendaison. Mais Aymeri est un colosse et la poutre de la
potence, hâtivement dressée, n’est pas suffisamment enfoncée dans le sol.
L’instrument de supplice s’écroule sous le poids du supplicié.
    — Assez de temps perdu ! À
nous y prendre ainsi, nous n’en finirons jamais, s’écrie Simon de Montfort,
tirant l’épée, aussitôt imité par les siens.
    En un instant, tous les chevaliers
faidits sont égorgés. Ils sont plus de quatre-vingts. Désormais la noblesse des
territoires de Trencavel est morte ou soumise à Montfort.
    L’horreur de ce jour ne sera
complète qu’avec la lapidation de dame Guiraude. La sœur d’Aymeri de Montréal
était la douce protectrice des Croyants et

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