Raimond le Cathare
suivis par Pierre de Nemours, l’évêque de
Paris. Il est accompagné de son frère Guillaume, chantre de Notre-Dame l’hiver,
ingénieur de la croisade à la belle saison. Quelques jours plus tard, Pierre et
Robert de Courtenay rejoignent à leur tour Carcassonne, dont ils avaient obtenu
la reddition il y a près de deux ans, pendant l’été 1209. Ont-ils une pensée
pour leur cousin Trencavel qui eut le tort de leur faire confiance avant d’être
jeté dans le cachot où il devait mourir ?
Chaque arrivée est joyeusement
fêtée. Certains seigneurs entament en ce printemps 1211 leur troisième campagne
militaire dans notre pays. Ils retrouvent leurs compagnons d’armes dans des
effusions de joie, abondamment arrosées de vin des Corbières.
Dans les montagnes des environs, les
seigneurs faidits qui résistaient encore à Simon de Montfort sont découragés
par cette impressionnante concentration de forces. La légitimité accordée à
l’usurpateur par Pierre d’Aragon a ruiné leurs espoirs. Ils ne croient plus à
la constitution d’une grande coalition pour expulser l’envahisseur. Pierre,
qu’ils considéraient comme leur protecteur et leur allié, a confié son fils en
gage à leur ennemi.
Trahis, ils abandonnent leurs
refuges pour déposer leur épée aux pieds du chef croisé. Pierre Mir et Pierre
de Saint-Michel se soumettent, Pierre Roger de Cabaret livre sa forteresse.
Avant de déposer les armes, le
seigneur faidit a cependant voulu sauver les hérétiques qu’il abritait depuis
le début de la croisade. Ils doivent une nouvelle fois prendre la fuite. Après
la chute de Minerve et de Termes, la reddition de Cabaret les prive d’un de
leurs derniers refuges.
Escortés par une centaine de
chevaliers qui refusent de se rendre, Croyants et Bons Hommes marchent vers
Lavaur. Ils savent que le seigneur de la ville, Guillaume Pierre, les
accueillera fraternellement.
La croisade quitte aussitôt
Carcassonne sur traces des hérétiques et des chevaliers faidits.
Les deux massacres
de Lavaur
Lavaur, printemps 1211
Entre le lit de l’Agout et le ravin
de Narivel, la ville est protégée par d’imposants remparts de brique. Le chemin
de ronde est assez large pour que les guetteurs y circulent à cheval. Le
périmètre de l’enceinte est si vaste que l’armée ne parvient pas à l’encercler.
Les premières chroniques, écrites
sous les tentes de la croisade, révèlent la perplexité des chefs croisés.
« Les nôtres mirent le siège d’un côté seulement car leurs effectifs ne
leur permettaient pas d’assiéger de toutes parts. Il y avait dans la cité une
foule innombrable d’hommes fort bien armés. Les assiégés étaient plus nombreux
que les assiégeants. »
À la différence de Minerve ou de
Termes, Lavaur n’est ni un bourg fortifié ni une citadelle des cimes. C’est une
grande ville, solidement défendue par une population nombreuse et de puissantes
machines de jet prêtes à se mettre en action.
*
* *
La fièvre s’est emparée de Toulouse.
La guerre est toujours sur les anciens territoires de Trencavel, mais elle est
proche de notre ville. Lavaur est à moins de deux journées de marche vers
l’est. Exaltés par les prêches de Foulques, les hommes de la Confrérie blanche
décident d’aller participer au siège dans les rangs de la croisade.
Informé de leur projet, je quitte
précipitamment le château Narbonnais pour aller en ville tenter de les
dissuader.
Étendards au vent, les cavaliers
s’apprêtent à franchir la porte Saint-Étienne, lorsque je surgis, les bras
écartés, pour me mettre en travers de leur chemin.
— Il faudra me passer sur le
corps !
La petite troupe s’arrête,
interloquée. Passé le premier moment de stupeur, les hommes tournent bride et
repartent au trot vers une autre sortie pour aller à Lavaur se mettre sous les
ordres de Simon de Montfort. Blessé par l’insolence des miliciens de Foulques,
je rejoins les capitouls dans la tour Charlemagne. D’un commun accord, nous
décidons d’interdire toute vente de denrées ou de matériel aux fournisseurs de
la croisade.
— C’est une décision juste mais
purement symbolique. L’armée a déjà constitué ses réserves, nous fait observer
Bernard Bonhomme.
— Pour faire contrepoids à la
Confrérie blanche, nous devons envoyer des renforts au secours de la ville,
préconise Raimond de Ricaud.
Il me demande l’autorisation d’aller
rejoindre le mari de
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