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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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les dévastateurs se sont
abattus sur tout ce qui résistait et se sont emparés de tout ce qui cédait.
Rabastens, Montégut, Gaillac, Lagrave, dans la vallée du Tarn ; Laguepie,
Saint-Antonin, Bruniquel, dans la vallée de l’Aveyron. Maintenant, ils marchent
sut Toulouse.
    Nous allons nous battre le dos au
mur de notre propre cité pour protéger nos femmes et nos enfants. Je prie Dieu
pour que mon ardeur compense mon âge et que ma fureur supplée mon inexpérience
militaire. L’ennemi m’a donné le désir de combattre en me défiant au-delà de ce
que n’importe quel prince, aussi épris de paix soit-il, pourrait tolérer. Et
Toulouse m’a donné la plus grande preuve d’amour qu’un homme puisse espérer.
    Simon de Montfort et Arnaud Amaury
ont en effet envoyé un message offrant aux Toulousains la paix en échange de
leur comte. Il suffisait de me livrer pour que la ville soit épargnée :
«  Livrez-nous le comte, ce fauteur d’hérésie, qui vous a causé tant de
malheurs. Remettez-le entre les mains de l’armée du Christ afin qu’il soit jugé
par la justice de l’Église, et il ne vous sera fait aucun mal Les consuls
capitouliers, les nobles, les marchands, les hommes d’armes seront ainsi
épargnés. Tout le peuple de Toulouse, dont le sort est entre vos mains,
célébrera votre sage décision . »
    Les capitouls n’ont pas voulu me
renier. Avec mépris, ils ont renvoyé le messager.
    — Dites à vos maîtres que nous
ne trahissons pas nos serments. Celui qui nous lie à notre comte Raimond
garantit nos libertés. Il les a toujours respectées et souvent étendues. Et
vous, qu’avez-vous fait des consuls de Béziers, de ceux de Carcassonne ou de
Lavaur ? Combien ont été brûlés, pendus ou transpercés ? Nombre
d’entre eux étaient nos cousins, nos frères ou nos amis. Tous accomplissaient
une noble fonction que vous avez bafouée.
    Toulouse s’appartient. C’est donc
librement qu’elle choisit de m’être fidèle pour demeurer libre, ainsi que le
veut le serment que nous avons échangé.
     
    * *
*
     
    — Ils seront sous nos remparts
demain ou après-demain, prévoit Hugues d’Alfaro.
    Dehors, tout autour des murailles,
dans un martèlement incessant, des centaines d’hommes érigent des défenses qui
doivent tenir nos adversaires à distance. À cent pas du rempart, ils enfoncent
dans la terre des épieux, plantés à l’oblique, et dont les extrémités acérées
et pointées vers l’extérieur transperceront les chevaux des ennemis. Ils
fichent des planches, dressées verticalement et jointes les unes aux autres
pour former une palissade à l’abri de laquelle nos troupes pourront se
déplacer, manœuvrer et se regrouper à l’insu des assaillants.
    — Il faut les empêcher
d’atteindre nos murs. Le périmètre de notre enceinte est vaste mais sa hauteur
est faible, explique Raimond de Ricaud, qui trompe son chagrin en dirigeant ce
chantier.
    — Vous avez raison, mais ce
n’est pas suffisant. Si nous restons passifs, nous serons fatalement envahis,
objecte Hugues d’Alfaro. Il faudra provoquer le combat aussi loin que possible
des portes de la ville. Nous devrons sortir de nos lignes de défense. Songez à
Carcassonne, à Béziers, à Minerve ou à Termes. Toutes ces places sont tombées
parce que les assiégés étaient immobiles et réfugiés dans leurs forteresses.
Vos pals et vos planches ne sont pas inutiles, mais si nous nous blottissons
derrière ces protections illusoires, nous sommes perdus. Il faut les attaquer.
    Je lui donne raison, sans aller
jusqu’à autoriser des expéditions lointaines et aventureuses.
    — Nous les attaquerons lorsque
nous les aurons en vue.
    — Messire Raimond, vous les
verrez demain.
    Le feu se meurt dans la cheminée de
la salle de la tour du Midi. La tiédeur de la saison nous dispense de le
ranimer. Raimond Roger de Foix, Bernard de Comminges, Hugues d’Alfaro, Raimond
de Ricaud et mon fils Bertrand se retirent pour aller dormir.
    Je gravis les quelques marches de
l’escalier de bois pour rejoindre Éléonore. Je sais que, l’oreille collée au
plancher, elle a écouté toutes nos discussions. J’abrège ses commentaires pour
me serrer contre elle et recevoir les caresses qui m’aident à m’extraire des
tourments de cette veillée d’armes.
     
    *
* *
     
    Le martèlement qui depuis quinze
jours nous réveille dès l’aube a redoublé d’intensité ce matin. J’écarte les
tentures qui calfeutrent

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