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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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les couleurs d’un noble de son pays et
laisser un autre chevalier porter ses emblèmes afin de détourner les coups de
l’ennemi.
    — Vous m’offensez en me
proposant cette vilenie.
    — Sire, ils veulent vous tuer.
C’est l’ordre que leur a donné Montfort. Face au nombre de nos chevaliers, leur
seule chance est de nous priver de notre chef. Toutes leurs lances, toutes
leurs épées convergeront vers votre bannière. Vous ne devez pas vous exposer
inutilement.
    — Ce serait perdre
l’honneur !
    — En aucun cas, Sire, vous ne
sauriez manquer à l’honneur. Vous combattrez magnifiquement Chacun des nôtres,
sachant reconnaître le heaume et les couleurs que vous porterez, admirera votre
bravoure. Elle sera d’autant plus grande que vous ne serez pas plus qu’un autre
harcelé par l’ennemi. Sous votre propre blason, vous seriez encerclé de toutes
parts. Sous des couleurs d’emprunt, vous pourrez diriger la bataille et
remporter la victoire.
    Le roi Pierre accepte finalement de
surmonter son orgueil pour se ranger à l’avis des chefs de son armée et à mes
conseils :
    — Je ne veux pas voir ma belle
épouse Éléonore pleurer la mort de son frère. Ce soir, à Toulouse, nous nous
retrouverons tous pour célébrer la victoire que Dieu va nous accorder.
    — Soit, mais j’irai au combat
dans le premier assaut.
    — Sire, vous devez être dans la
seconde charge. Ainsi vous pourrez faire parvenir vos ordres aussi bien à
l’avant qu’à l’arrière.
    Le roi endosse de mauvaise grâce les
vêtements de combat d’un autre, pendant qu’un chevalier aragonais se pare des
signes royaux.
    — Les voilà !
    Une grande clameur s’élève de notre
camp, mêlant cris d’impatience, imprécations, appels au courage, incantations
et prières. Par la grande porte de Muret les chevaliers français sortent en
rangs serrés. Ils sont plus nombreux que je ne le pensais.
    — Environ un millier d’hommes,
évalue Hugues d’Alfaro.
    Les portes de la ville se referment
sur quelques dizaines d’archers qui montent se poster sur les remparts.
    À l’encontre de nos prévisions, la
petite armée de Montfort ne se dirige pas vers notre camp. Au contraire, elle
se dispose en trois colonnes qui, au petit trot, sans se presser, s’éloignent
en nous tournant le dos.
    — Ils fuient ! s’exclame
Pierre. Ne les laissons pas nous échapper. Tous en selle !
    L’ordre est aussitôt répercuté à
travers le camp. En un instant, trois mille hommes en cotte de mailles sont
juchés sur leurs chevaux caparaçonnés.
    Une forêt d’étendards et de
bannières se met en marche dans un déploiement de couleurs vives, mêlant tous
les emblèmes de la noblesse de nos pays.
    Je monte au sommet de la petite
colline avec Hugues d’Alfaro et Raimond le Jeune. Mon fils est mortifié de ne
pas être à cheval, parmi ceux qui franchissent les lices et les palissades pour
entrer sut le champ de bataille. Il n’a que seize ans, mais son impatience de
combattre est telle qu’avec le roi Pierre, son beau-frère et son suzerain, nous
avons eu le plus grand mal à le raisonner. Pour adoucir son amertume, le roi
lui a promis de le faire bientôt chevalier et de l’adouber lui-même.
    Sous les encouragements des milliers
d’hommes massés dans le camp, les cavaleries du roi d’Aragon et du comte de
Foix constituent en toute hâte les trois vagues d’assaut. Comme convenu, le roi
Pierre, vêtu des couleurs d’un chevalier de son pays, a pris place au milieu de
la seconde troupe. Il peut ainsi transmettre ses ordres à l’avant-garde aussi
bien qu’à la réserve, alignée à l’arrière sur la rive de la Saudrune, un étroit
cours d’eau qui coule en contrebas. Celui qui porte courageusement les emblèmes
de la couronne prend place non loin de son roi.
     
    Alors que nos trois mille cavaliers
peinent à se mettre en ordre pour s’élancer à la poursuite des Français,
l’armée de Montfort opère une manœuvre à la vitesse de l’éclair. Ils tirent sur
la bride de leurs chevaux pour nous faire face. Leurs montures sont au galop.
La troupe qui faisait mine de s’enfuir s’est soudainement retournée contre nous
pour se jeter dans une charge fulgurante qui tait trembler la plaine.
    Aussitôt les deux premières lignes
de notre cavalerie s’avancent à la rencontre de l’ennemi. Nous avons l’avantage
du nombre, mais les Français sont déjà lancés sur nous dans une course d’enfer,
alors que nos montures

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