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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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ou encore d’une maladie répugnante. Et ce châtiment doit être appliqué par le biais de la sorcellerie.
    — Qu’est-ce qui a suscité de telles rumeurs ? demanda Isaac. Cela ne me plaît pas.
    — Elles sont peut-être creuses, papa Isaac, dit Nicholau sans grande conviction. Mais je l’ai vu hier, et il a vraiment l’air d’un homme sur qui plane une condamnation à mort. Pâle, distrait, malade.
    — Et quelle est la sorcière qui lui infligera de tels châtiments ?
    — Les spéculations vont bon train. Personne ne le sait, bien entendu, mais l’on chuchote des noms. Sérieusement, papa Isaac, je m’inquiète, moi comme d’autres, de voir accuser quelque femme innocente. Il suffit qu’une commère montre du doigt une femme qu’elle n’aime pas pour causer sa perte. Imaginez que l’une de nos voisines envie sa beauté à Rebecca…
    — Nicholau, taisez-vous ! s’écria Rebecca. Vous me faites peur.
    — Calme-toi, Rebecca, lui dit son père. Nicholau a prononcé ton nom à titre d’exemple, voilà tout. Mais de tels bavardages sont inquiétants.
    Il s’arrêta un instant.
    — Je me demande ce qui tourmente maître Pons. Il a toujours été vigoureux, énergique et travailleur. Charitable et honnête, aussi. Il semble incroyable qu’il puisse être le sujet de rumeurs aussi désagréables et aussi peu fondées.
    — Elles s’éteindront probablement quand surgira un autre sujet de spéculation, dit Nicholau. Grâce au Ciel, les commères de la ville ne s’intéressent qu’à un scandale à la fois.
    — C’est vrai, acquiesça Isaac. Maintenant que j’ai pleine connaissance des nouvelles, je dois m’en aller, sinon Yusuf et moi-même serons privés de notre dîner de ce jour.

CHAPITRE IV
     
    Plus de dix jours s’étaient écoulés depuis la mort du fils du boulanger, et la vie reprenait son cours ordinaire, même dans la demeure de Mossé. Les habits étaient lavés et suspendus aux branches et aux balcons pour sécher au soleil. Les repas étaient préparés, les sols balayés. Le travail consistant à mettre en conserve la splendide moisson de cette année avait commencé. Plantes et fruits étaient mis à sécher ou conservés dans l’huile, le sel ou l’alcool en prévision de l’hiver à venir.
    La goutte de l’évêque s’améliorait et la fièvre qui s’était abattue sur bien des patients d’Isaac avait disparu aussi mystérieusement qu’elle était venue. Avec un peu de chance, il se passerait quelque temps avant que ne surviennent les maux et les rhumes propres à l’hiver, de sorte que, à l’exception de deux ou trois personnes réellement malades qu’il fallait ramener à la vie ou dont la fin devait être adoucie à l’aide de remèdes, le médecin n’avait pas beaucoup à faire. Yusuf en profita pour consacrer toute son attention à l’enseignement du jeune maître Salomó : il venait de réussir à rédiger un message bref mais lisible destiné à son protecteur, Don Pedro d’Aragon.
    — Je ne trouve pas cela très élégant, dit Yusuf en posant un œil sombre sur son œuvre achevée.
    Ils étaient assis dans la cour, sous la vigne grimpante. La brise souleva son papier et ajouta une tache quand, la plume à la main, il voulut s’en saisir pour l’empêcher de s’envoler.
    — Pas aussi élégant que si c’était de votre main, maître Salomó, reprit-il. Je ne puis contraindre mes doigts à m’obéir et à dessiner ces étranges formes. Peut-être devriez-vous le recopier et je le porterais ensuite à l’évêque.
    — Non, Yusuf, dit la voix familière de son maître. Sa Majesté prendra davantage de plaisir à tes efforts qu’au travail d’une personne ayant bénéficié de maintes années de pratique et d’instruction. Mais je vous félicite, maître Salomó, d’avoir fait entrer en quelques semaines plusieurs années de savoir dans la tête de ce garçon.
    — Merci, maître Isaac, répondit le jeune homme avec embarras. Vous êtes trop aimable car je n’y suis pas pour grand-chose. Yusuf a l’esprit vif et une aptitude naturelle pour les lettres. Si vous avez le temps de l’écouter, il vous lira un passage de l’un de vos livres – celui que vous choisirez. Sa lecture est plus affirmée encore que son écriture.
    — Excellent, dit Isaac. Je m’assiérai près de la fontaine, au soleil, et me consacrerai tout entier au plaisir d’écouter votre élève.
    Le médecin s’assit lourdement – il avait veillé la

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