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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pourrait-il rendre visite à cet homme et calmer ses craintes.
    C’était la fin de l’après-midi du même jour ; le soleil automnal pénétrait dans le bureau de l’évêque, jouait avec les grains de poussière qui flottaient dans l’air et baignait d’une chaude lumière la coupe de fruits posée sur la table. L’évêque de Gérone avait le pied posé sur un tabouret. Il pianotait nerveusement sur sa table de travail.
    — Ce tisserand est insensé de croire ainsi les visions d’un mourant. Elles ont plus de chances d’être provoquées par la fièvre que par l’apparition d’un démon venu chercher son fils.
    — Je suis parfaitement d’accord, Votre Excellence, acquiesça Isaac, mais je n’ai pas réussi à l’en convaincre.
    — Je connaissais le jeune Marc, reprit Berenguer. C’était un plaisant jeune homme, bon et vertueux, me semble-t-il, et en outre meilleur artisan que son père. Il aimait beaucoup sa mère, une excellente femme. À l’époque, je me suis demandé pourquoi notre Père céleste avait décidé de prendre cette digne âme et d’épargner cet homme de peu. Peut-être était-ce pour lui donner le temps de se préparer au paradis. Si telle est la raison, Ramon mourra certainement très vieux.
    — Les voies du Seigneur sont impénétrables, messire Berenguer, rappela Isaac.
    — Certes. Quoi qu’il en soit, cette histoire ne me plaît pas, mon ami. Ramon peut faire beaucoup de mal. J’enverrai quelqu’un le rassurer et veiller à étouffer ces histoires de sorcellerie.
    — Voilà qui serait excellent, monseigneur.
    — Je dois toutefois vous avouer, Isaac, que je m’inquiète beaucoup de la disposition d’esprit de ce jeune homme avant sa mort.
    — Ses visions ?
    — Non. Il est certain que nous ne pouvons voir en l’âme d’autrui, mais j’ai du mal à croire que ces visions signifient qu’il est mort en état de péché mortel. Ce qui me trouble, c’est le malheur et la rébellion dont il a fait part au jeune Yusuf. Cela reflète ce que je vois au séminaire. Cela signifie que cette humeur est omniprésente, fit-il d’un air sombre, et je veux savoir d’où cela vient.
    — Votre Excellence, la jeunesse rêve toujours et se rebelle d’être mise au carcan. Peut-être vous inquiétez-vous d’un problème qui se résoudra seul avec le temps. C’est la goutte qui vous rend nerveux.
    — Vous avez raison, Isaac. C’est déjà pénible d’avoir cette maladie, et personne ne peut me dire qui est responsable du mécontentement des jeunes gens du séminaire. Je sais bien que la jeunesse se révolte. Je l’ai fait moi-même, et vous aussi, sans aucun doute. Les choses me semblent pourtant différentes.
    — N’avez-vous pas placé parmi les séminaristes une personne susceptible de vous renseigner sur leur humeur ? Vous en aviez parlé, si j’ai bonne mémoire.
    — Isaac, vous êtes trop modeste. C’est vous qui en avez parlé, et c’était une excellente idée. Mais je n’ai pas eu besoin de chercher très loin. J’y ai un cousin, plus âgé de quelques années que les autres garçons, entré au séminaire grâce à mon influence, je dois le reconnaître. J’ai donc envoyé quérir Bertran et je lui ai confié sa tâche. C’était un jeune officier quand il est passé de l’escrime à la prière. Il sait obéir à un ordre, et aussi tenir sa langue.
    — Voilà d’utiles qualités. A-t-il appris quoi que ce soit ?
    — Seulement qu’il y a des choses à découvrir, des choses interdites à ceux qui ne sont pas initiés dans un cercle intérieur.
    — L’existence même d’un tel cercle provoque parfois des dissensions, remarqua Isaac. Mais tout cela me semble bien loin de la mort de ce pauvre Marc.
    — Peut-être pas, dit l’évêque. Savons-nous quels étaient ses amis ?
     
    — Marc est mort, annonça Lorens d’un air désespéré. Et je serai le suivant.
    — Puisse Dieu vous protéger, dit maître Guillem en se signant.
    — Comme Il a protégé Aaron et Marc ?
    — Voilà une pensée blasphématoire, souffla maître Guillem en regardant autour de lui.
    Ils se tenaient dans le pré, hors de portée d’oreille du reste du monde. Le vent s’engouffra dans la longue tunique de maître Guillem et donna un air de gaieté comique à sa silhouette. Rien n’était plus éloigné de la vérité.
    — Non, dit Lorens.
    Malgré le soleil qui lui chauffait les épaules, il frissonna comme s’il était pris dans une

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