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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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tempête de neige.
    — Ce n’est pas un blasphème. C’est une question.
    — Vos amis n’avaient pas votre force. Ils ont échoué dans leur quête et sont devenus vulnérables. Je m’en veux de n’avoir su les protéger.
    Lorens sursauta en entendant ce mot.
    — Les protéger ? Vous pouvez protéger les gens ? Comment cela ?
    — Certains sorts protecteurs particulièrement puissants peuvent être tissés, expliqua Guillem lentement, presque à contrecœur. Pour interdire aux démons d’attaquer votre corps et de s’en prendre à votre âme.
    — Alors tissez-les, messire, je vous en conjure !
    — Cela n’est pas si facile ! Et c’est pourquoi je n’en avais encore jamais parlé. Pour qu’un tel recours soit efficace, votre corps doit d’abord être enduit d’un mélange d’herbes, d’onguents et d’épices. Votre esprit doit être nourri et renforcé par l’odeur de l’encens – un encens particulier. Je n’ai rien de cela en ma possession. Et ce sont choses fort coûteuses. Je connais un apothicaire de Barcelone qui peut me les fournir, mais il faut aller les chercher. Pour cela, j’ai besoin d’un messager de confiance, d’une mule robuste ou, mieux, d’un cheval rapide. Rien que cela exige plus d’argent que je n’en ai. Mes disciples de Gérone me donnent peu pour leur instruction, et je ne suis pas un homme riche. Et puis il y a le coût des ingrédients.
    — Je pourrais peut-être demander cet argent à mon père, proposa Lorens.
    — Et qui est-ce ? demanda maître Guillem d’un air innocent.
    — Maître Pons Manet, le marchand de laine. Combien demandez-vous ?
    — Tous ces ingrédients dont je vous ai parlé… plus le cheval et son cavalier pendant deux, non, trois jours…
    Il calcula dans sa tête.
    — Il suffirait de cinquante pièces d’argent.
    — Cinquante pièces ! s’écria Lorens. Mais c’est bien plus qu’il n’en faut à mon père pour entretenir sa maison durant toute une année !
    — J’en doute, jeune maître. Pas s’il est l’homme que vous dites. Mais si votre père ne peut nous aider, alors je ferai de mon mieux avec ce qui est disponible ici, au marché comme dans les champs. Et nous prierons très sincèrement pour obtenir la protection divine.
    Lorens contempla le visage du lettré comme s’il venait de prononcer une sentence de mort.
     
    Pour le reste du monde – à l’exception de Lorens, des frères de Marc et de la petite servante au cœur brisé –, la semaine s’achevait paisiblement. Malgré les sinistres et habituelles prédictions des paysans, dans les vergers, les fruits touchaient presque terre sous leur propre poids et, dans les champs, les épis tombaient sous la faux, gras et dorés, tandis que les jardins regorgeaient de légumes verts. Cependant, l’angoisse planait sur la ville. Les rues auraient dû être animées par les préparatifs de la foire d’automne, les marchands occupés à compter les bénéfices qui résulteraient de la récolte exceptionnelle et les échoppes emplies de chalands. Toutefois, les hommes regardaient le ciel clair en secouant la tête, comme si ce temps ensoleillé était là pour les tromper, pour leur faire croire que tout allait pour le mieux.
    — Les gens se souviennent de la peste, dit l’armurier à l’orfèvre. Tout allait très bien avant qu’elle ne s’abatte.
    — Non, tout n’allait pas bien, répliqua l’orfèvre, qui avait une excellente mémoire.
    — C’est exact, reprit l’armurier qui ne l’avait pas écouté. Et une fois de plus nous paierons chèrement cette générosité.
     
    Le lundi suivant, en fin d’après-midi, Isaac était à peine revenu de la tournée de ses patients quand un messager se présenta devant son portail pour lui demander de se rendre de toute urgence à la maison de Pons, le négociant en laine. Le messager ne pouvait rien lui dire de plus. Son maître n’était pas alité et, même s’il ne paraissait pas bien, on ne pouvait dire qu’il semblait particulièrement malade.
    — Soit, j’arrive de suite. Raquel ? Yusuf ? appela-t-il.
    — Oui, papa ? fit Raquel en bâillant.
    Pendant la semaine qui venait de s’écouler, trop de patients avaient mandé le médecin en pleine nuit pour des broutilles, et elle souffrait du manque de sommeil.
    — Nous devons repartir, la pressa Isaac. Prends un panier ordinaire jusqu’à ce que nous ayons davantage de précisions.
    — Qui sont-ils ? demanda le messager

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