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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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d’un air soupçonneux. Le maître n’a pas demandé trois médecins.
    — Ma fille et mon apprenti. Je suis aveugle, comme vous le savez certainement, et ils sont mes yeux.
    — Vous n’aurez pas besoin d’eux. Mon maître dit que vous devez venir seul et discrètement.
    — C’est possible, reprit Isaac, mais ils viennent tout de même.
    — Comme vous voudrez.
     
    La pièce où l’on fit entrer Isaac était assez vaste pour que le bruit de ses pas produise un léger écho. Son guide le mena vers un banc pourvu de confortables coussins avant de se retirer. Raquel et Yusuf entrèrent à leur tour dans un doux bruissement de bottes de cuir et d’étoffes de laine et prirent position derrière lui. Une autre personne arriva un instant plus tard.
    — Maître Isaac, je suis Pons, dit simplement cet homme d’une voix aimable mais pas vraiment cultivée.
    On lui imputait un manque d’éducation et une jeunesse pauvre, mais Isaac remarqua la cordialité de ses paroles et de sa voix.
    — Je vous suis très reconnaissant d’être venu aussi vite, ajouta-t-il. Et je vois que vous avez amené vos assistants avec vous. Leur renommée s’est répandue dans le pays aussi rapidement que la vôtre.
    — Merci, maître Pons. J’espère que nous pourrons vous aider.
    Le marchand hésita.
    — La plus grande faveur que vous puissiez m’accorder, maître Isaac, dit-il enfin, serait quelques moments de conversation en tête à tête. J’ai certaines choses à vous confier qu’on ne peut facilement dire devant une jeune fille ou un garçon. Si vous avez besoin d’eux, je les enverrai chercher. M’accorderez-vous cela ?
    — Certainement, messire.
    — Veille à ce qu’on leur serve des rafraîchissements, dit le lainier à quelqu’un qui se tenait derrière lui. Permettez-moi de vous conduire jusqu’à mon cabinet.
    — Vous êtes malade, maître Pons ? demanda Isaac alors qu’il prenait place dans le sanctuaire du négociant.
    Cela sentait le cuir, la cire chaude et le bois odorant – la pièce d’un homme riche.
    — Je suis certainement las de corps et d’esprit, messire, mais je doute que vous puissiez me trouver malade.
    Il retomba dans le silence. Dehors, des oiseaux se rassemblaient à grand renfort de piaillements. Isaac attendit.
    — Avant que d’expliquer pourquoi un homme en bonne santé a besoin d’un éminent médecin à ses côtés, permettez-moi de vous offrir du vin.
    — Je vous remercie. J’en prendrai un peu, mêlé d’eau, accepta Isaac. Le temps est chaud et sec cet après-midi.
    Il y eut une autre pause pendant laquelle son patient – ou son hôte – versa lentement le vin, l’additionna d’eau et plaça le gobelet à droite de la main d’Isaac.
    — J’avoue éprouver quelque difficulté, maître Isaac… Je ne sais comment commencer.
    — Demandez-moi ce que vous voulez et nous partirons de là.
    — Bien sûr, dit l’autre avant de prendre son souffle et de parler à vive allure. Voilà. J’ai besoin de découvrir si vous avez des remèdes pour les maladies causées par la sorcellerie.
    Isaac ne s’attendait pas à une telle question de la part d’un négociant sensé et travailleur. À son tour, il prit le temps de mettre de l’ordre dans ses pensées.
    — Pour cela, maître Pons, dit-il finalement, je crains que vous n’ayez besoin d’un homme de religion, pas d’un médecin. Je pourrais vous suggérer de consulter l’excellent évêque Berenguer, lequel serait sans aucun doute fort intéressé par ce que vous avez à dire. Mais si vous voulez me décrire vos symptômes, je tenterai de les alléger, quelle qu’en soit la cause.
    — Le problème, maître Isaac, tient à ce que cette maladie n’est pas mienne et qu’elle n’est pas encore survenue. Je veux savoir comment la prévenir. Vous avez la réputation d’être un homme sage, docte dans toutes les branches de la guérison des maladies du corps et de l’esprit.
    — Les maux causés par des démons ne sont pas de mon ressort, messire. Pour cela, il vous faut prier et chercher un prêtre qui vous assiste. Mais, si je ne suis pas trop audacieux, je puis discerner à votre voix que vous-même n’êtes pas bien. Vous toussez et ne respirez pas avec facilité. Êtes-vous sûr que nous ne parlons pas de vous ? Il n’y a aucune honte à cela.
    — C’est vrai, dit le marchand de laine, mais les faiblesses de mon corps viennent du manque de sommeil, pas de la sorcellerie. Les

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