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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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autres.
    — Je vois. Un des hommes ici présents, demanda-t-il en désignant les accusés, rendait-il visite à Guillema ?
    — Oui. Celui-là. Il s’appelle Pere. Il est venu souvent la voir. La semaine dernière, il a refusé de la payer et quand elle s’est plainte, il l’a frappée à coups de pied et à coups de poing. On a dû appeler Johan – il travaille là, lui aussi – et il l’a mis à la porte. Il est revenu deux jours plus tard, mais on lui a refusé l’entrée. Il a alors dit qu’il s’occuperait personnellement de Guillema et qu’elle apprendrait à le traiter différemment.
    Elle poussa alors un long soupir et devint écarlate.
    — Vous avez fort bien fait, mon enfant, dit l’auguste juge. Sont-ce là exactement les paroles qu’il a prononcées ?
    — Oh oui, monseigneur. Je m’en rappelle parce que j’ai eu très peur. Les autres aussi l’ont entendu, vous pouvez leur demander.
    — Merci. Vous pouvez partir. Qui voyons-nous à présent ?
    Le reste de la matinée fut occupé par la triste histoire de Tomas et de Venguda. La cour découvrit les deux crimes de cette pauvre femme, aux yeux de son mari, à savoir qu’elle était stérile et qu’elle avait accueilli sous son toit l’enfant de sa sœur défunte, causant ainsi de grandes dépenses à son mari. Puis Tomas raconta qu’elle volait chaque nuit autour de la maison et qu’elle lui avait jeté un sort pour le rendre impuissant. L’auditoire frissonna.
    — Je crois que nous avons un témoin qui éclaircira cette déclaration, dit Francesc Adrober. N’est-ce pas ?
    La femme qui se présenta aux juges semblait avoir quelque expérience au prétoire. Elle déclina son identité sans la moindre hésitation, d’une voix claire, et regarda les juges droit dans les yeux. Mais elle répondit à leurs questions sans détour, comme quelqu’un qui a la conscience tranquille.
    — Voulez-vous dire à la cour ce que vous savez de Tomas de Costa ?
    — Il m’a rendu visite à plusieurs reprises, Votre Seigneurie. Pour faire affaire avec moi, vous me comprenez. Je peux attester qu’il était bel et bien impuissant. Les autres filles avec qui il est allé vous le diront comme moi.
    — Et quand était-ce ? demanda le juge.
    — Il a commencé à venir me voir l’année de la famine, Votre Seigneurie. Et il a continué par la suite.
    — C’était il y a dix ans, précisa le juge.
    — Oui, Votre Seigneurie, exactement. Et comme chacun le sait, il n’a marié sa pauvre femme que l’année qui a suivi la grande peste. Pas étonnant si elle n’a jamais eu d’enfant !
    Des rires nerveux parcoururent l’assistance.
    — Elle m’avait déjà ensorcelé ! s’écria Tomas. Avant même notre mariage !
    Le clerc murmura quelque chose aux juges.
    — Quand elle avait dix ans et qu’elle vivait au couvent à deux jours de cheval d’ici ? demanda l’un d’eux.
    Les magistrats se retirèrent brièvement et revinrent avec le verdict. Marc de Puig fut jugé directement responsable de la mort de Venguda ; Bernat, dont l’identité exacte restait à définir, de celle de Guillema. Ils furent condamnés à être pendus. Le tailleur de pierre écopa d’une amende. Tomas de Costa et Pere Vives durent également payer une amende pour avoir excité la foule, et le juge leur fit comprendre qu’ils avaient une chance extrême d’échapper à la pendaison.
    Finalement, à l’exception des quatre condamnés présents au tribunal, chacun trouva que c’était un jugement équitable. Marc n’était pas aimé, personne ne connaissait Bernat, et les trois autres, semblait-il, avaient probablement plus d’argent qu’ils ne voulaient l’admettre. On ne saura jamais ce qu’en pensa Bernat, car on ne le revit plus aux abords de la ville de Gérone.

CHAPITRE XIV
     
    Un calme menaçant planait sur la ville en ce mardi matin. Même les oiseaux en cage se taisaient dans la maison d’Isaac le médecin, où seul se faisait entendre le murmure de la douce voix de Yusuf lisant ses leçons. Le silence emplissait chaque recoin, comme le bourdonnement persistant des insectes par une chaude journée, agaçant les oreilles tendues en quête du moindre danger. Raquel errait d’une pièce à l’autre à la recherche d’une occupation ou d’une distraction, n’importe quoi qui pût détourner ses pensées du monde extérieur. Depuis que l’avaient atteinte les premières rumeurs de femmes agressées dans les rues, elle

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