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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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dessiné sur le carrelage. Yusuf s’approcha un peu pour voir de quoi il s’agissait. La fumée âcre des braseros lui piqua les narines.
    Le cercle, trois pas de diamètre environ, avait été tracé en noir. À l’intérieur, il y avait un grand triangle, lui-même habité d’une étoile à cinq branches. À la périphérie s’étalait une collection disparate de symboles empruntés pour certains à l’astrologie, pour d’autres à des sources plus mystérieuses, pour d’autres encore à aucune source connue si ce n’est l’imagination fertile de Hasan. Deux gros chandeliers à sept branches portant des cierges à peine entamés avaient été placés à l’extrémité du cercle, à trois pas l’un de l’autre.
    Quatre coussins étaient occupés par des hommes d’âges divers que Yusuf trouva tous dans un état d’ébriété plus ou moins avancé. De toute évidence, ils venaient de la foire, où ils avaient mené grand tapage, et avaient bien l’attention de s’amuser jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus. L’un d’eux se tourna vers son voisin et lui murmura quelque chose à l’oreille. Le voisin éclata de rire et lui donna une bourrade avant de sauter sur ses pieds.
    — Par tous les saints, tu as raison, mon ami. On n’est pas venus ici pour s’asseoir sur un coussin ! cria-t-il. On commence !
    Les trois autres ajoutèrent leurs voix à ses cris.
    — Et apportez du vin ! lança l’un d’eux. On meurt de soif !
    — Et de solitude ! dit un autre en enlaçant son compagnon.
    À cet instant, deux autres hommes franchirent la porte d’entrée et regardèrent autour d’eux, l’air un peu perdu. Yusuf prit son courage à deux mains : il était temps de s’y mettre. Il s’inclina, faillit perdre sa coiffure et les accompagna vers les deux derniers coussins.
    — C’est pour nous, ça ? demanda l’un d’eux.
    — On croyait qu’on allait s’asseoir sur des cuisses accueillantes, dit l’autre.
    Tous éclatèrent de rire.
    Yusuf n’avait pas l’intention de parler, quoi qu’il advînt. Sa voix ne ressemblait pas à celle de Hasan. Un seul mot, et c’en serait fait de lui. Il joignit les mains et s’inclina à nouveau, le plus bas possible, et rattrapa encore une fois son turban.
    — On peut bien attendre cinq minutes, dit un des hommes en riant.
    Les nouveaux venus s’installèrent. L’homme qui s’était levé voulut en faire autant, tituba et s’étala de tout son long au grand amusement des autres.
    — C’est quoi, cette chose ? demanda l’un des nouveaux en désignant le cercle tracé sur le sol.
    Yusuf porta la main à ses lèvres pour indiquer le silence et s’en revint au fond de la pièce.
    Hasan lui avait dit que son premier travail consistait à allumer les cierges. Puis, dès que le mage arriverait, de placer dans chacun des braseros une cuillerée de la mixture de la jarre d’argile.
    Il ne voyait pas de jarre. Peut-être se trouvait-elle encore dans la réserve, et il était censé se hâter de la trouver. Pris de panique, il fouilla la pièce jusqu’à ce que, dans un coin sombre où il avait déjà regardé, il vît un pot carré d’un brun terne. Il y avait à côté une cuiller en étain et une mèche pour allumer les bougies. Il prit la mèche, l’alluma à un flambeau et revint avec le plus de dignité qu’il put.
    Il approcha la mèche du premier cierge, et les hommes assis sur les coussins poussèrent des acclamations suivies de remarques bruyantes que Yusuf ne trouva pas amusantes. Il sentait ses joues s’empourprer sous son masque, et ses mains tremblaient tant qu’il eut du mal à allumer les derniers cierges.
    Quand il eut terminé, il reprit sa place au fond de la salle et put admirer le spectacle : l’intérieur du cercle formait une scène illuminée, tandis que tout le reste disparaissait dans l’obscurité.
    Comme si le fait d’allumer les cierges constituait un signal, un personnage grand et mince pénétra dans la pièce. Il était vêtu d’une longue tunique étroite de couleur noire, et ses broderies reproduisaient la plupart des symboles dessinés à terre. Il portait aussi un chapeau noir et pointu ainsi qu’une large ceinture dorée. Il se plaça en dehors du cercle et, consacrant toute son attention à l’espace intérieur de celui-ci, commença à psalmodier à voix basse.
    — C’est quoi, cette comédie ? demanda l’un des spectateurs.
    — Ce n’est pas pour voir ça que je paye, grommela

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