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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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jeter dans son lit, et qu’il fût tard ou pas, il tirerait Ibrahim de sa chambre pour qu’il le fasse entrer. Il serra les dents et frappa, puis actionna la cloche. Il venait à peine de s’asseoir sur ses talons quand il vit Ibrahim traverser la cour.
    Surpris, il s’empressa de se relever.
    — Je m’excuse de revenir si tard, murmura-t-il, les yeux baissés.
    — Si tard ? fit Ibrahim, déconcerté.
    Il entrouvrit le portail, juste assez pour laisser entrer l’enfant, et relégua son commentaire dans le vaste domaine des questions sans réponses qui se posaient chaque jour à lui.
    Yusuf lui souhaita bonne nuit et se hâta de traverser la cour pour rejoindre sa chambre. Il ne cessait de se demander ce qu’il allait faire avec ses vêtements. Il ne pouvait pas se promener vêtu d’or et d’écarlate jusqu’à ce que Romea lui apporte sa tunique et sa culotte. Si elle les lui apportait. Il ne pouvait pas non plus se rendre à Sant Feliu vêtu d’une simple chemise. Le commis de cuisine avait peut-être… mais non, Yusuf le savait pertinemment, les habits que ce garçon avait sur le dos constituaient toute sa fortune. Il s’arrêta devant la porte de sa chambre en se demandant s’il pouvait se permettre de déranger encore une fois le portier.
    Il remarqua alors quelque chose d’étrange. Une lumière était allumée dans le cabinet de son maître. Il n’était pas inhabituel que son maître veillât à une heure aussi avancée, mais il ne l’avait jamais vu allumer une chandelle ou une lampe s’il n’y avait personne d’autre avec lui.
    La porte s’ouvrit et Raquel apparut, un bougeoir à la main.
    — Ah, tu es de retour !
    Elle leva sa bougie et éclata de rire.
    — Mais qu’est-ce que tu portes ? Tu aidais un ami, ah oui ! Tu es allé déguisé à la foire, n’est-ce pas ? Tu ne devrais pas mentir de la sorte, Yusuf !
    — Tu l’as trouvé, Raquel ?
    La voix de son maître dans l’escalier était bien la dernière chose que Yusuf voulût entendre en cet instant.
    — Oui, papa, répondit-elle. Je vous l’apporte. Ainsi que Yusuf, avec un costume ridicule. J’aimerais que vous puissiez le voir !
    Elle le tira par le bras – ce même bras qui était meurtri d’avoir été malmené tout au long de la soirée – et lui fit monter les marches, pareille à une chasseresse rapportant quelque trophée exotique. Elle le poussa dans le salon, pièce chaude et agréable, bien éclairée par un feu et une abondance de bougies.
    — Le voilà, tout vêtu d’or et d’écarlate pour la fête !
    — Je m’excuse de revenir si tard, dit Yusuf d’une voix penaude.
    — Si tard ? fit Isaac. Tu n’es certainement pas parti plus d’une heure, n’est-ce pas, ma mie ?
    — En effet, dit Judith en posant sur lui un regard horrifié.
    — Une heure ? répéta Yusuf, surpris. Je croyais y avoir passé la moitié de la nuit.
    — Assez longtemps pour perdre tes habits, en tout cas, gronda Judith. Où sont-ils ? Et où as-tu déniché cet accoutrement ?
    Yusuf se sentait soudain rompu de fatigue, l’esprit lourd de sommeil.
    — C’est difficile à expliquer, commença-t-il.
    — Essaie tout de même.
    — Oui, maîtresse, dit-il d’une voix obéissante. J’aidais un ami. Ce costume, c’est le sien. J’ai pris sa place pendant la soirée et je récupérerai mes vêtements demain matin, sur les marches de Sant Feliu. Mais, seigneur, j’ai vu le mage et son serviteur ainsi que la cérémonie qui se tient là-bas.
    — Guillem de Montpellier ? s’empressa de demander Isaac.
    — Je n’ai pas entendu prononcer son nom. Hasan l’appelait le mage. Ou maître.
    — Où s’est déroulée cette cérémonie ? Non, fit-il en levant la main. Je veux tout savoir, mais pas maintenant. Es-tu assez chaudement vêtu ?
    — Non, répondit Judith. Il porte une grotesque tunique toute mince et il grelotte de froid. Assieds-toi près du feu et je vais voir ce que je peux te donner. Raquel, viens m’aider. Apporte une bougie.
    La mère et la fille quittèrent la pièce, laissant Isaac seul avec son apprenti.
    — Tu es allé chez Marieta, à Sant Feliu ? Au bordel ?
    — Oui, seigneur, dit-il d’une voix misérable. Mais pas pour…
    — Je ne t’ai pas demandé cela. Est-ce que ton ami Hasan appartient à Marieta ?
    — Non, seigneur. Son maître vit là-bas. Marieta l’utilise pour faire des courses ou l’aider en cuisine. Quand son maître organise une

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