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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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répliqua le commissaire. Rien ne prouve jusqu’ici que Chambord soit l’éventreur.
    — Qui d’autre sinon lui, commissaire ? M. Sorelli peut-être ? Le père Francesco ?
    — Je ne sais pas. C’est justement pourquoi il faut que je lui parle en tête à tête.
     
    Comme lors de la précédente visite de Tron au palais Cavalli, ils durent patienter quelques minutes avant que le comte de Chambord arrive dans le salon. Entre-temps, l’inspecteur admira le portrait du Roi-Soleil et la demi-douzaine de boîtes à priser posées sur la console. Tron, de son côté, s’approcha d’une fenêtre et contempla le pont de l’Académie en fer forgé au-dessus du Grand Canal. Une nuée de mouettes formait comme un jeu de points à relier dessinant un visage, un poing ou encore rien du tout, pensa-t-il.
    Quand il les reçut enfin, l’héritier de la couronne produisit sur eux l’effet d’un homme en proie à une vive agitation. Leur visite semblait le prendre au dépourvu. Il s’arrêta sur le pas de la porte et inclina brièvement le buste.
    — Que pouvons-nous pour vous, messieurs ?
    La façon dont il prononça cette phrase ne donnait pas l’impression qu’il avait très envie de faire quoi que ce soit pour eux. Le commissaire alla droit au but.
    — On nous a rapporté un objet qui doit appartenir à Sa Majesté.
    Bossi sortit la boîte à priser de sa poche. Dès qu’il l’aperçut, le comte haussa les sourcils.
    — Comment est-elle parvenue jusqu’à vous ?
    Tron répondit par une autre question :
    — Sa Majesté est-elle sûre que cet objet lui appartient ?
    Le comte prit la boîte que lui tendait Bossi, en ouvrit le couvercle et en examina le fond.
    — Oui, affirma-t-il en hochant la tête, nous l’avons perdue il y a un mois.
    — Où ?
    — Quelque part à Venise, répondit-il de manière vague.
    Puis il ajouta avec une lueur nerveuse dans les yeux :
    — Comment avez-vous découvert qu’il s’agissait de notre boîte à priser ?
    — Je vais tout expliquer à Sa Majesté dès qu’elle aura signé le reçu de mon adjoint, dit le commissaire avec un regard en direction de Bossi.
    La mine de l’inspecteur ne permettait pas encore de savoir s’il avait reconnu la voix du comte. Tron toussota.
    — Je vous retrouve plus tard, inspecteur ?
    Alors le jeune homme dit enfin d’un ton maussade :
    — Je vous attends au commissariat.
     
    Une fois que Bossi eut quitté le salon et qu’ils furent assis l’un en face de l’autre, le commissaire dit au maître de maison :
    — Un certain Antonio Lupi voulait vendre cette boîte à priser par l’intermédiaire de M. de Sivry. Vous voyez où se trouve sa boutique ?
    Au nom de Lupi, le comte de Chambord avait tressailli. Il approuva en silence.
    — M. de Sivry, poursuivit Tron, assure avoir vendu cette pièce à Sa Majesté il y a quelques mois. C’est pourquoi il a supposé qu’on la lui avait dérobée et qu’il s’est rendu au commissariat. Depuis lors, nous avons eu un entretien avec M. Lupi. Sa Majesté s’explique-t-elle comment cet objet a pu entrer en sa possession ?
    Il fixa son vis-à-vis avec attention. Le commissaire connaissait trop bien cette situation pour ne pas savoir ce qui allait suivre. Tout à coup, des taches rouges apparurent sur son visage, son souffle s’accéléra et des gouttes de sueur perlèrent sur son front. Le comte de Chambord ferma les paupières et réfléchit – ou, du moins, fit semblant. Au bout de quelques secondes, il rouvrit les yeux et déclara d’un ton las :
    — Nous ne nous l’expliquons pas.
    — Dans ce cas, enchaîna Tron en tendant l’enveloppe, je peux peut-être aider Sa Majesté. Voici le procès-verbal de l’interrogatoire.
    Le comte lut les premières pages sans sourciller. Puis il baissa la tête et garda le silence pendant un moment. Quand il parla enfin, sa voix était celle d’un vieil homme.
    — Qu’attendez-vous de nous ?
    — J’aimerais que Sa Majesté nous prête son concours, répondit simplement le commissaire. L’homme que nous recherchons habite vraisemblablement sous ce toit. Il se pourrait qu’il connaisse des détails sur la vie privée de Sa Majesté.
    Le comte partit d’un rire nerveux.
    — Vous voulez dire que, si nous parlons, il parlera à son tour ? Silence contre silence ?
    Tron se contenta de baisser le menton. Le comte de Chambord se leva et se dirigea d’un pas guindé vers le portrait de Louis XIV au-dessus de

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