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Retour à l'Ouest

Retour à l'Ouest

Titel: Retour à l'Ouest Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Serge
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l’oppression,
avec sa foi aussi, et son courage, et son grand idéalisme exploité à fond par
le régime. Ceux qui l’ont approché l’ont reconnu tel qu’il fut en de meilleurs
jours de son histoire. Le nouveau despotisme n’a pas réussi à modifier son
caractère. L’homme russe n’a pas dit son dernier mot.

L’URSS et l’invasion de la Norvège *
    Xx avril
    On ne s’est pas encore demandé quelles doivent être les
répercussions de l’agression commise par le III e Reich contre les
pays scandinaves sur les rapports entre Berlin et Moscou. La question est
pourtant d’une grosse importance. Elle nous semble, au surplus, assez claire.
    Staline a mis à profit la première phase de la guerre
européenne pour s’assurer des positions stratégiques dans la Baltique, du nord
au sud de cette mer. Il a établi des bases militaires en Lituanie, Lettonie, Estonie.
Il a sacrifié par milliers de jeunes travailleurs russes pour conquérir sur la
petite Finlande l’île de Hangœ, clef stratégique des golfes de Bothnie et de
Finlande. Nous savons que l’on a beaucoup écrit sur les raisons qui ont pu le
guider. Des auteurs diserts ont invoqué à cette occasion la politique d’Ivan le
Terrible et de Pierre le Grand qui, tous deux, dirigèrent vers la Baltique l’expansion
russe en Europe. D’autres ont voulu montrer en Staline,
qui ne craint rien tant que de voir la révolution s’allumer
chez ses voisins
, le continuateur de Lénine qui ne voyait de salut
pour la jeune république des soviets que dans une révolution socialiste en
Allemagne. Des troisièmes, enfin, ont diversement commenté la résurrection de l’impérialisme
russe, sans s’embarrasser de précédents historiques. Ces thèses différentes ne
sont certes pas sans intérêt quand les développent des hommes instruits qui
cherchent à comprendre… Dans le journalisme courant, il faut bien dire qu’elles
deviennent souvent d’une indigence lamentable : plus faites alors pour
égarer que pour éclairer.
    Continuons de serrer de plus près la vivante réalité et
demandons-nous
contre qui
– contre
quel adversaire possible ? – Staline a multiplié le long du littoral de la
Baltique les bases d’aviation et de sous-marins ? Ce ne peut pas être
contre les pays scandinaves, pacifiques, prospères et trop peu peuplés pour
songer à attaquer jamais l’URSS ; ce n’est pas non plus pour tenter avec
les moyens dérisoires dont il dispose (ce disant, je songe surtout à l’état
intérieur de la Russie et aux privations imposées aux peuples de l’URSS) la
conquête de la Scandinavie, au prix d’un immense conflit avec l’Occident ;
ce n’est pas, enfin, et bien que la propagande soviétique l’ait soutenu, pour
se prémunir contre la Grande-Bretagne et la France qui sont loin ; c’est
donc contre le seul adversaire proche et redoutable que la Russie ait à
considérer dans la Baltique, l’Allemagne. Aussi, écrivions-nous, il y a quelque
temps, que l’URSS venait de gagner sur le III e Reich la bataille de
la Baltique.
    Et voici que tout est remis en question ! Il va de soi
que le sort de la Suède se joue sur les champs de bataille de la Norvège. Si la
Norvège succombait, la Suède n’échapperait pas au joug. C’est elle, au surplus,
qui possède les mines de fer convoitées par le nouvel impérialisme allemand. La
Suède devenue zone d’influence de cet impérialisme, la Baltique ne serait plus
en fait qu’une mer intérieure allemande. Et l’URSS qui a désormais en Pologne
une frontière commune avec le III e Reich, frontière difficile à
défendre, en aurait une autre, sur mer, offrant à l’adversaire les plus belles
bases d’opérations… Ne perdons jamais de vue que c’est la peur de l’agression
allemande qui a poussé Staline à pactiser avec l’ennemi le plus redoutable et
le plus proche, en sacrifiant à la fois l’idéologie, les intérêts supérieurs du
peuple russe et du mouvement ouvrier international et, par surcroît, la nation
polonaise toute entière. Par rapport à l’Allemagne industrielle, l’URSS demeure,
en effet, pour longtemps encore, un pays très arriéré, sans moyens de
communication modernes, sans réserves de bien-être, sans cadres techniques, avec
une industrie jeune, mal organisée, desservie par une main-d’œuvre
sous-alimentée, et une agriculture instable… La conscience de cette faiblesse
intérieure et la préoccupation essentielle non d’y remédier, mais

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