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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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anglais », précisait le peintre.
     
    En entendant le nom de Lancaster, lord Simon se frappa les cuisses en riant.
     
    – Sacré John ! Je reconnais bien là son goût pour le sport ! Sûr qu'il a été content de permettre au capitaine confédéré d'échapper à la capture par les Nordistes qui l'auraient volontiers pendu !
     
    Lewis Colson, lui aussi intéressé par le récit de l'ingénieur, intervint.
     
    – Ce Raphael Semmes est un fameux marin. Je l'ai connu à Nassau, en 1861, quand il commandait le forceur de blocus Sumter , l'ancien Marqués de La Habana , un bateau de commerce américain dont il s'était emparé dès le commencement de la guerre, à New Orleans. Un jour de 1862, alors que nous nous trouvions au Royal Victoria, il reçut l'ordre de Jefferson Davis de se rendre à Liverpool pour prendre livraison du vapeur qui allait devenir ce grand ravageur d' Alabama , précisa l'officier.
     
    –  The Times a souvent vanté les exploits de l' Alabama et les façons chevaleresques de Semmes. Il envoyait les bateaux de l'Union par le fond après en avoir recueilli les équipages, qu'il débarquait dans un port neutre. Cela déplaisait fort à l'ambassadeur des États-Unis à Londres, ajouta le major Carver.
     
    – Nul doute qu'il ne proteste encore parce que mon ami Lancaster aura conduit Semmes 5 en Angleterre ! ajouta lord Simon.
     

    Les premiers jours de juillet, on apprit que le général sudiste Jubal Anderson Early marchait sur Washington avec quinze mille hommes, et que les troupes fédérales ne parvenaient pas à arrêter la progression des Confédérés. De ce fait, la confiance que les Nordistes avaient placée en Ulysses Grant, déjà ébranlée par l'échec sanglant de Cold Harbour et le siège de Petersburg, s'émoussait. Quand, le 11 juillet, les Sudistes bombardèrent la capitale fédérale qu'ils étaient près d'envahir, ce fut l'affolement autour du Capitole. Le gouvernement réagit en ordonnant des prières, ce qui prouvait sa confiance en Dieu, et en réunissant des renforts, meilleur moyen d'obtenir l'appui divin. Grant, mobilisant toutes ses forces, finit par repousser les assaillants.
     
    Jusqu'à l'automne, les stratèges du Loyalists Club, où l'on venait consulter les journaux, s'entendirent pour répéter que le général Early s'était montré timoré et temporisateur.
     
    – Au lieu d'attendre un regroupement de ses troupes, il aurait dû avancer et prendre la ville. En juillet, le Sud a laissé passer sa chance d'en finir avec les Yankees, décréta Mark Tilloy.
     
    – Washington a été sauvée, mais le billet de cent dollars ne vaut plus que trente-cinq dollars-or, et l'inflation galope, souligna un agent de la Cunard en tournée dans l'archipel.
     
    Chargé de l'approvisionnement en légumes et fruits des navires de la ligne New York-La Havane qui faisaient escale à Nassau, cet Anglais, de passage à Soledad, se plaignait des producteurs insulaires.
     
    – Vos paysans sont plus pressés de vendre comptant leurs ananas, leurs tomates et leurs mangues aux commerçants de New Providence qu'à la Cunard. Nos comptables de New York paient souvent avec un mois de retard, remarqua-t-il.
     
    – Une guerre sans front est une guerre dispersée, intervint Edward Carver, ramenant la conversation au conflit américain.
     
    Depuis son mariage avec lady Lamia, le major, rajeuni de dix ans – ce qui inspirait maintes allusions grivoises à Uncle Dave –, partageait son temps entre son bungalow du Cornfieldshire et Buena Vista. Il ne faisait plus que de rares apparition au club.
     
    – Une guerre dispersée, vous avez raison, major, approuva Lewis Colson. Tandis que les habitants de Washington continuent à reprocher à Grant de n'avoir pas prévu assez tôt une protection de la capitale, d'autres généraux remportent ailleurs des succès. Sherman a pris Atlanta ; Farragut, Mobile ; et Sheridan a chassé les Confédérés de la vallée de la Shenondoah, compléta l'officier.
     
    – Ces défaites sudistes constituent-elles ce que certains journalistes appellent le tournant du conflit ? demanda Charles.
     
    – Sûr qu'une révolte générale des nègres donnerait maintenant une rapide victoire au Nord, lança David Kermor.
     
    – Ce serait un véritable carnage, mes amis, qu'aucun honnête homme ne peut souhaiter. Comme lord Simon, je pense que le Sud ne peut plus gagner, risqua Carver.
     
    – Oui, dites-nous ce que pense lord

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