Richelieu ou la quête d'Europe
Valteline et l’ouverture des cols stratégiques aux Espagnols.
De surcroît, après la mort du duc de Mantoue , celle du duc Victor-Amédée de Savoie, le 8 octobre 1637, aggrave encore l’instabilité de la région. La régence de la duchesse Christine, soeur de Louis XIII, est contestée par les frères du défunt, le prince Thomas et le cardinal Maurice, tous deux alliés de l’ Espagne . Le Piémont est à nouveau au centre de toutes les convoitises.
Un autre front s’avère heureusement plus favorable aux intérêts de Louis XIII. Au mois de mai, la flotte française de Méditerranée, commandée par l’archevêque de Bordeaux , témoigne pour la première fois de sa supériorité sur les navires du roi catholique en s’emparant des îles de Lérins . Un mois plus tard, les Espagnols sont repoussés aux portes de Saint-Tropez et sont contraints d’évacuer la place de Saint-Jean-de-Luz . Une offensive vers l’est est pareillement stoppée grâce à la résistance à Leucate de l’armée de la province dirigée par le duc d’Halluin, fils de feu le maréchal de Schomberg. Surtout, la victoire des Hollandais à Breda contribue de manière décisive au recul tant espéré de Philippe IV face à Louis XIII et à ses alliés.
Breda et le duc de Saxe-Weimar
Au printemps 1637, les armées françaises et hollandaises portent deux attaques simultanées au nord et au sud des Pays-Bas espagnols. Le 26 juillet, le cardinal de La Valette s’empare de Landrecies . Mais le succès le plus marquant pour Richelieu est sans conteste la percée des Hollandais à Breda , place forte qu’ils reprennent le 10 octobre 1637. Le front espagnol est rompu, même si, dans les semaines qui suivent, l’armée du cardinal de La Valette est contrainte à l’immobilité par le siège de La Capelle , et si le cardinal-infant en profite pour attaquer Maubeuge , qui résiste grâce à l’opiniâtreté d’un jeune officier français, le vicomte de Turenne.
À la fin de l’année, Louis XIII et son gouvernement mettent tout leur espoir dans l’offensive prévue en Alsace , avec Bernard de Saxe-Weimar, pour reconquérir les têtes de pont perdues. Au début de l’année 1638, cependant, le projet doit être différé. Les troupes du roi catholique, secondé par le duc de Lorraine , se portent du côté de la Franche-Comté . Leur but ultime est d’isoler la Lorraine, difficilement tenue par les Français. Le duc de Saxe-Weimar fait preuve, à point nommé, de l’habileté nécessaire pour déjouer le plan adverse. Au mois d’août, les troupes de Charles IV sont défaites à Gray-sur-Saône . Elles doivent battre en retraite, poursuivies jusque dans le sud de l’Alsace. Mais une contre-attaque de Jean de Werth oblige l’allié de la France à se retirer pour l’hiver dans l’évêché de Bâle .
Les Suédois, de leurs côtés, sont dans la totale incapacité de réitérer la victoire remportée à Wittstock . Le général Baner se cantonne à la Poméranie . L’implication directe de la France dans la guerre de Trente Ans ne permet pas plus de progrès, au plan international, que la diplomatie, les négociations, ou le système de protection. Les opérations militaires menées par les hommes de Louis XIII ou par ses alliés s’enlisent. Et les quelques victoires françaises ne peuvent masquer une impression générale de médiocrité quant à la gestion du conflit. Il faut dire, à la décharge de Richelieu, que rien ne lui est épargné à la cour.
La révolte d’Anne d’Autriche
Au cours du mois d’août 1637, Richelieu découvre une correspondance secrète entretenue par Anne d’Autriche avec l’ Espagne . La reine est le centre d’un complot visant à contraindre le gouvernement à traiter avec les Habsbourg. La boîte à lettres des factieux est le couvent du Val-de-Grâce, rue Saint-Jacques. C’est là que Richelieu intercepte un message du marquis de Mirabel, ambassadeur d’ Espagne à Bruxelles , et ancien ambassadeur à Paris , destiné à Anne d’Autriche. Le cardinal ne tarde pas à reconstituer une filière de renseignement organisée entre Paris et Madrid . Louis XIII est immédiatement informé, et une enquête diligentée, malgré la qualité de celle qui paraît être l’instigatrice de la machination.
Le 10 août, le portemanteau de la reine, La Porte, est arrêté en possession d’une lettre d’Anne d’Autriche destinée à la duchesse de Chevreuse, assignée à résidence dans
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