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Ridicule

Ridicule

Titel: Ridicule Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Remi Waterhouse
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magnifique et d’un genre nouveau ! Il fera le tour de la cour !
    Le marquis poussait des gémissements de joie en transperçant le papier de sa plume, tant ses nerfs le trahissaient. Ponceludon regagna sa chambre pour une dernière nuit. Il n’était pas accablé, seulement plein de mélancolie et de douce amertume.
    Le lendemain, le marquis fit ses adieux et ses recommandations de prudence à Ponceludon d’une voix mourante. Des nausées et de forts maux de tête le retenaient alités. Ses bagages une fois bouclés et alignés sur le pas de la porte, le jeune homme se rendit à la serre où Mathilde s’était réfugiée.
    — Vous me pardonnerez de ne pas assister à votre mariage, dit-il.
    Ponceludon, en tenue de voyage et botté, attendit une réponse. Mathilde, penchée sur ses bacs de fleurs, ne faisait rien d’autre que recoiffer les pétales, comme s’il se fût agi d’une tâche urgente et importante. Le silence se prolongeant, la jeune femme fit volte-face et affronta Ponceludon.
    — Avez-vous tellement hâte de ne plus me voir ?
    — Oui, dit gravement l’ingénieur.
    Mathilde s’approcha alors du jeune homme sans plus dissimuler l’émotion que lui causait ce départ.
    — Je sais qu’une femme qui se jette à la tête d’un homme perd tout droit de lui plaire, dit-elle en prenant ses mains, comme pour prévenir toute tentative de la repousser.
    Et ses lèvres scellèrent la bouche de Ponceludon en un long baiser avant qu’il ne parlât. Quand ils se séparèrent, la jeune fille soutint bravement le regard de l’homme à qui elle venait de rendre les armes.
    — Vous deviendriez une femme ordinaire en renonçant pour moi aux fleurs aquatiques, dit Grégoire.
    — Qui parle de renoncer ? Nous unirions nos forces !
    C’était presque une supplication, et la ferveur de Mathilde mettait Ponceludon au supplice. Il s’écarta pour éloigner la tentation de la prendre dans ses bras, de se jeter à ses genoux, ou toute autre folie semblablement définitive.
    — L’épouse sans fortune d’un hobereau sans fortune partagerait sa vie à la tête d’un domaine croulant sous les dettes. Vos rêves n’y résisteraient pas.
    Il ne se sentait pas le droit de détourner Mathilde de se mettre à l’abri du besoin. Si son ambassade avait réussi, pensait-il, peut-être aurait-il pu lui offrir un avenir décent... Mais il ne fallait plus y penser, puisqu’il avait échoué, et qu’il s’était résolu à partager les souffrances des plus misérables d’entre les gueux.
    — Si seulement je ne vous avais pas rencontré ! soupira Mathilde. J’aurais continué à feindre d’ignorer qu’on m’achetait.
    La pensée effleura Ponceludon qu’il l’attendrait le temps qu’il faudrait, qu’il la retrouverait nécessairement un jour, puisqu’il était contre nature qu’ils se séparassent. Mais cette idée lui parut aussitôt à la fois si ridiculement pathétique et si fausse, qu’il la chassa en esquissant une grimace.
    Les deux jeunes gens aperçurent au-dehors un ; petit garçon à la blouse tachée de peinture et qui les observait.
    — Ces maudites séances de pose ! gémit Mathilde.
    — Le peintre vous attend, dit Ponceludon avec une mâle sobriété. Je vous fais mes adieux.
    Plus elle s’approchait, plus la séparation jetait Mathilde dans le désespoir.
    — Après la pose, demanda-t-elle, désarmée, irons-nous en promenade pour la dernière fois ?
    — Je veux atteindre le premier relais de poste avant la nuit, dit Ponceludon, pressé d’en finir.
    Cédant au sentiment de l’inéluctable, Mathilde s’enveloppa d’un châle et se dirigea vers la porte.
    — Était-il si difficile d’avouer votre amour ?
    Il y avait de la rancoeur dans ces paroles. En trois enjambées, Ponceludon l’avait rattrapée et lui serrait le poignet jusqu’à lui faire mal.
    — Nous sommes de la même espèce ! dit-il durement. Il nous faut tout sacrifier à nos desseins.
    Mathilde se dégagea vivement et suivit le petit garçon taché de peinture. Une voiture les attendait à l’entrée du chemin, dans laquelle M. de Montalieri somnolait. Il avait troqué pour ces séances son costume de deuil pour une tenue de chasse plus conforme aux circonstances et, pour cette raison, ne voulait pas descendre de voiture et risquer d’être aperçu.
    — Votre retard, ma chère, écourtera la pose, dit Montalieri en saluant sa future épouse. Vous savez comme sont les peintres avec leur

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