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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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revanche, dissuadés par Axel Métaz de rendre visite à Nadette, aucun des parents ou alliés des Ruty n’insista pour voir la rescapée du naufrage. Alors que certains la qualifiaient déjà de folle, bonne à enfermer, tous furent soulagés de pouvoir la laisser aux soins du docteur Vuippens, « du moment que ça ne coûte rien » !
     
    Quant à Alexandra, dont les grands-parents paternels, les Cornaz, s’étaient retirés à Sion, en Valais, d’où ils étaient originaires, elle eût été bien mal lotie chez eux. La grand-mère Cornaz était à demi aveugle et son mari perclus de rhumatismes. Aussi, quand Axel Métaz fit savoir, par le premier clerc du défunt notaire, qu’en sa qualité de parrain de l’orpheline il se chargerait, éventuellement, de l’hébergement et de l’éducation d’Alexandra, et ce sans réclamer de pension, les autres furent bien aises de la lui confier, « en attendant toutefois de savoir comment se réglera la succession de ses grands-parents Ruty ».
     
    – Tu penses que, s’ils découvrent que le magot revient à la petite quand elle sera majeure, tous seront candidats à l’adoption ! Les tuteurs, subrogés ou non, ne manqueront pas ! Drôles de gens, tout de même ! commenta Vuippens en apprenant de la bouche d’Axel les sordides rivalités d’intérêt qui avaient opposé parents et alliés des disparus.
     
    – Il ressort de tout cela que te voilà promu, pour un temps indéterminé, garde-malade et, moi, père de famille, conclut Axel.
     
    L’un et l’autre s’installèrent dans leur nouvelle vie. Pernette sut calmer le chagrin d’Alexandra qui, très tendrement attachée à son parrain, métamorphosa bientôt celui-ci en père attentif. Axel fit aménager une chambre pour la fillette et rouvrir, dans les combles, la salle d’étude où il avait passé tant d’heures avec son précepteur. Martin Chantenoz accepta, de bonne grâce, de reprendre cette fonction auprès de l’orpheline, entre ses cours à l’Académie de Lausanne et au collège de Vevey.
     
    – C’est la première fois que je vais devoir enseigner une fille. Quand on en viendra à la mythologie grecque, je me demande comment il faudra présenter les libertinages des dieux et des mortelles. Avec toi, c’était facile…, tu avais des dispositions ! Ah ! tu me confies là une tâche délicate, mon garçon ! s’exclama-t-il.
     
    Mais Axel savait que, loin de rebuter Martin, ce préceptorat au féminin lui plaisait. Alexandra, héritière de la grâce et du charme de sa mère, attendrissait aisément cet ours sceptique de cinquante ans !
     
    Pour sa part, Vuippens paraissait installé dans une cohabitation thérapeutique avec Nadette, devenue une sorte de jolie poupée animée, qui allait, venait, faisait toilette, s’habillait, mangeait, dormait et ne parlait qu’aux miroirs.
     
    – Je vis avec un automate, disait tristement le médecin à Axel.
     
    À Genève, le docteur Coindet avait examiné ce « cas intéressant ». Il avait expliqué à son confrère qu’il se devait d’accepter cette forme d’aliénation mentale, consécutive à un très violent choc émotionnel, comme étant la moins douloureuse pour la malade bien qu’elle fût, pour l’entourage, du fait même de l’excellence des apparences physiques et du fallacieux naturel de certains réflexes, la plus torturante.
     

    L’hiver 1829-1830 fut d’une extrême rigueur et, en février, le Léman gela, comme tous les grands lacs suisses. La croûte de glace ne dépassa pas, cependant, un pouce d’épaisseur et se limita aux petites criques, notamment à Vevey, à Territet et aussi à Genève : près de Versoix, devant les Pâquis et aux Eaux-Vives.
     
    C’est dans ce climat glacial que Claude Ribeyre de Béran et Blaise de Fontsalte reçurent, un soir de février, à Lausanne, un émissaire de Paris. Il s’agissait d’un aide de camp du général Bourmont, nouveau ministre de la Guerre de Charles X. Ce titre n’aurait pu constituer une bonne introduction auprès de Fontsalte et de Ribeyre, si les deux généraux n’avaient reconnu, dans leur visiteur, un ancien lieutenant du service des Affaires secrètes et des Reconnaissances. Un de ceux qu’ils avaient formés autrefois à l’action secrète, guerre sans panache mais non sans risques. Leurs leçons avaient été profitables puisque, fidèle bonapartiste, l’officier s’était glissé à l’état-major de Bourmont, poste

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