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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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d’huile miroitant, aussi éclatant qu’un joyau dans un
vert vallon caché, qu’une prairie parsemée de fleurs entourée d’une multitude
gracieuse de blancs bouleaux oscillants, qu’un blaireau creusant sous les
racines d’un orme à l’écorce épaisse, qu’un renardeau échappant à un faucon en
chasse, ou qu’un fier cerf veillant sur son clan… Plus que tout cela, la forêt
était elle-même une chose vivante, sa vie constituée de toutes les vies plus
petites qu’elle abritait à l’intérieur de ses frontières.
    Cette prise de conscience se révéla
si forte qu’elle le stupéfia d’émerveillement. C’était peut-être la première
fois que pareille pensée s’emparait de son cerveau, et une fois le choc initial
passé, il se surprit à apprécier la fraîcheur unique de cette simple
vision – l’Esprit de la Forêt Verte, ainsi qu’il l’appela. Il la retourna
encore et encore dans sa tête, explorant ses multiples dimensions, se délectant
de ses perspectives sans borne. Il lui apparut qu’Angharad était largement
responsable de ce nouvel état d’esprit ; avec ses chants, ses histoires,
ses truculentes manières dépassées, elle avait éveillé en lui une nouvelle
façon de voir les choses, de les comprendre. Angharad l’avait certainement
ensorcelé, enchanté avec quelque étrange charme arboricole qui faisait
ressembler la forêt à un royaume auquel il pourrait peut-être soutirer quelque
modeste domaine. Angharad l’Hudolion, l’Enchanteresse des Bois, avait usé de
ses artifices sur lui, et il se retrouvait sous son emprise. Plutôt que de la
peur ou de l’effroi, cette conviction lui procura une soudaine exaltation.
Inexplicablement, il sentait qu’il avait passé une épreuve, gagné en maîtrise,
atteint une certaine qualité. Et bien qu’il fût incapable de mettre un nom sur
la chose qu’il avait accomplie, il ne s’en glorifiait pas moins.
    Il se renversa en arrière dans le
creux des racines du grand chêne, comme étreint par des bras puissants. Il lui
semblait ne plus être un étranger dans la forêt, un intrus dans un autre
royaume… Il appartenait à ces lieux. Il se sentait chez lui. En ces
lieux, il pouvait se déplacer aussi librement qu’un roi dans son caer, comme
seigneur des feuilles, des branches et de toute chose vivante – à l’instar
de Rhi Bran, le héros légendaire.
    Il sombra dans le sommeil la tête
toujours pleine de cette pensée.
    Au beau milieu de la nuit, il rêva
qu’il se trouvait au sommet d’une colline escarpée s’élevant au centre de la
forêt. Le vent tourbillonnait autour de lui. Soudain, éprouvant une
irrésistible envie de s’envoler, il étendit les bras et les leva bien haut. À
sa grande stupéfaction, de longues plumes noires poussaient à ses bras. Une
rafale de vent le souleva de terre et l’emporta dans les airs, de plus en plus
haut dans le ciel sans nuage du Cymru, au-dessus de la forêt. En baissant les
yeux, il pouvait voir au loin la cime des arbres amassés – une peau
épaisse et verte, rêche et ridée, avec en guise de veines le filet des cours
d’eau qui la sillonnaient. Il vit le scintillement argenté d’un lac ainsi que
les sommets pelés de pics rocheux. Loin devant lui, perdu dans la brume, il
pouvait apercevoir la vaste étendue verte de la vallée de l’Elfael, avec ses
poignées de fermes et d’habitations éparpillées sur une terre vallonnée qui
brillait telle une gemme sous la lumière d’un plein soleil. Toujours plus haut
il montait, se délectant de son vol, glissant au-dessus de l’immense superficie
arborée.
    Du lointain lui parvint un
cri – une plainte sauvage, déchirante, comme celle d’un enfant terrorisé à
qui on refuse le réconfort et la consolation. Le son grandit jusqu’à prendre
d’assaut le ciel même. Incapable de l’ignorer, Bran vola dans sa direction pour
découvrir ce qui pouvait causer pareille angoisse. Comme il scrutait du regard
le sol loin en dessous de lui, son œil capta un mouvement à la lisière de la
forêt. Il décrivit des cercles plongeants pour s’approcher : des
chasseurs. Accompagnés de chiens, ils étaient armés de lances et d’épées.
Qu’ils violent son royaume sanctifié le mit en colère ; il fallait les en
chasser. Il fondit sur eux, prêt à défendre la forêt, ne réalisant que trop
tard que c’était lui-même qu’ils chassaient.
    Il atterrit aussitôt sur le sentier
qu’empruntaient les envahisseurs,

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