Robin
non loin d’eux. Les chiens au regard acéré le
virent et hurlèrent pour qu’on les libère. Ce que firent les chasseurs au
moment même où Bran se préparait à redécoller.
Il se mit à courir dans la forêt,
trouva un sombre recoin sous un rocher et s’y cacha en rampant. Mais les
chiens, qui avaient senti son odeur, se précipitèrent sur lui, avides de son
sang…
Quand Bran se réveilla, le bruit
des jappements se répercutait encore à travers les arbres. Une légère brume
s’enroulait autour des racines, de la rosée luisait sur les feuilles les plus
basses comme sur le sentier herbu.
La longue note montante lui parvint
à nouveau, et la bête elle-même apparut : un svelte chien de chasse aux
longues pattes, aux oreilles taillées et aux longs poils hirsutes, qui
bondissait prestement à travers le brouillard du matin.
Bran s’empara de son arc, encocha
une flèche et tendit la corde. Il s’apprêtait à tirer quand un petit garçon fit
son apparition. Courant pieds nus derrière le chien, le visage sale surmonté
d’une longue chevelure emmêlée, il ne semblait pas avoir plus de six ou sept
ans. Tous deux se virent au même instant. Le garçon aperçut l’arme dans les
mains de Bran et s’immobilisa au moment même où celui-ci relâchait la corde.
Une voix s’écria :
« Arrête-toi ! »
Distrait par le cri, Bran hésita et
la flèche partit loin de sa cible. Le chien bondit, percuta le jeune noble et
le jeta au sol. Bran croisa ses bras autour de son cou pour protéger sa gorge…
que l’animal essayait de lécher. Il mit un moment avant de comprendre que le
chien ne l’attaquait pas. Il saisit son collier à clous pour essayer de se
libérer de ses assauts enthousiastes, mais la bête restait sur sa poitrine, le
maintenant au sol. « Allez ! s’écria Bran. Va-t-en !
— Regarde-toi, dit Angharad en
arrivant auprès de lui. N’est-ce pas ainsi que je t’ai trouvé la première
fois ?
— Je me rends, lui dit Bran.
Débarrassez-moi de cet animal. »
La vieille femme fit un geste en
direction du garçon, qui arriva en courant et écarta le molosse.
Bran se redressa et entreprit de
nettoyer les empreintes de pattes boueuses du chien. Avec un grand sourire,
Angharad se pencha pour l’aider. « Je croyais que tu étais parti pour le
nord, rejoindre la sécurité du foyer d’un riche parent. » Son sourire
débordait d’une joyeuse malice. « Comment se fait-il que tu sois toujours
dans cette forêt ?
— Vous devriez le savoir mieux
que moi », répliqua Bran. Gêné d’avoir été si facilement retrouvé, il se
réjouissait néanmoins de revoir la vieille femme.
« En effet, reconnut-elle. Je
devrais. Mais nous avons déjà eu cette discussion. » Elle tendit une main.
Bran vit qu’elle portait un ballot à vêtements. « Votre jeûne a vécu,
Maître Bran. Viens, allons manger une dernière fois. »
Assagi par son errance infortunée à
travers la forêt, Bran suivit docilement la vieille femme qui conduisit sa
petite troupe jusqu’à une clairière proche. Là, elle étala un repas froid
composé de noix, de fruits secs, de champignons, de gâteaux au miel et d’œufs.
Tous trois mangèrent sans bruit. Angharad avait divisé les provisions en trois
et disposé chaque part devant eux. Une fois rassasié, Bran se tourna face au
garçon, qui lui semblait curieusement familier, et demanda : « Quel
est ton nom ? »
L’enfant ouvrit de grands yeux
sombres mais ne répondit pas.
Croyant qu’il ne l’avait pas
compris, Bran réitéra sa question. Cette fois, le gamin posa un doigt sale sur
ses lèvres et secoua la tête.
« Il te dit qu’il ne peut pas
parler, expliqua Angharad. Je l’appelle Gwion Bach.
— C’est un de vos
parents ?
— Non, pas un des miens,
répondit-elle doucement. Il appartient à la forêt, un parmi tant d’autres qui
vivent ici. Quand je lui ai dit que je partais à ta recherche, il a insisté
pour venir. Je crois qu’il te connaît. »
Bran examina plus attentivement le
garçon… L’attaque dans la cour de ferme – pouvait-il s’agir du même
enfant ? « Un parmi tant d’autres, répéta-t-il au bout d’un moment.
Ils sont vraiment nombreux ?
— Encore plus depuis l’arrivée
des Ffreincs », répondit-elle en donnant au garçon un petit œuf bouilli,
qu’il pela et mit dans sa bouche avec un petit claquement de lèvres.
Bran considéra la scène un moment,
puis reprit : « Vous saviez
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