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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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recouvert au moment où je me
suis baissé pour boire, et quand j’ai levé les yeux, j’ai vu…» Il hésita.
    « Oui ?
Quoi ? » le pressa le comte, que l’impatience rendait brutal.
    Après avoir pris une profonde
inspiration, le guerrier répondit : « J’ai vu une grande ombre sombre
qui ressemblait vraiment à celle d’un oiseau.
    — Une ombre, dites-vous. Comme
celle d’un oiseau, répéta Falkes.
    — Mais bien plus grande,
jamais je n’ai vu pareil oiseau. Aussi noire que le diable lui-même, et aussi
large que vos deux bras tendus.
    — Insinuez-vous que cet oiseau a emporté votre homme et tous vos chevaux ? Par les cieux, ce devait être
un sacré colosse ailé ! »
    Le chevalier dévisagea de Braose en
silence, le visage rouge d’humiliation.
    « Eh bien ? Poursuivez,
j’aimerais entendre la suite de cette fantastique histoire.
    — Nous nous sommes lancés à sa
poursuite, sire, reprit le guerrier d’une voix maussade. Nous l’avons
poursuivie dans les broussailles, où nous sommes tombés sur une piste de cerfs
que nous avons suivie, sans jamais plus voir ou entendre quoi que ce soit
d’autre. À notre retour, les chevaux étaient partis. » Il hocha la tête
pour accentuer son effet. « Volatilisés.
    — Vous les avez cherchés je
présume ?
    — En amont comme en aval de la
rivière, et c’est à ce moment-là que Laurent a disparu.
    — Et là encore, je suppose que
personne n’a rien vu ou entendu ?
    — Rien du tout. La forêt était
étrangement calme. S’il y avait eu ne serait-ce qu’un éphémère à dénicher, nous
l’aurions déniché. »
    Las d’écouter un si vague rapport,
le comte abrégea l’entretien. « Si vous n’avez rien à ajouter, vous pouvez
disposer. Mais ne croyez pas un seul instant que je laisserai quiconque me tenir pour responsable de ce qui vous est arrivé. Par le Nom Sacré, je n’ai
rien à voir avec tout ça.
    — Je n’accuse personne,
marmonna le guerrier.
    — Eh bien vous pouvez
disposer. Allez prendre un peu de repos, vous et vos hommes, et repartez. Dieu
sait ce que le baron va faire de toute cette histoire. » Comme le
chevalier ne semblait pas vouloir partir, Falkes ajouta : « Vous
m’avez entendu ? Votre mission est accomplie. Les vivres ont été livrés,
non ? Partez à présent.
    — Nous n’avons plus de
chevaux, sire.
    — Et que suis-je censé y
faire ?
    — Je suis certain que le baron
Neufmarché apprécierait que vous nous prêtiez quelques bonnes montures »,
suggéra le chevalier.
    Le comte foudroya son interlocuteur
du regard. « Vous voulez que je vous prête des chevaux ? »
demanda-t-il comme s’il n’avait rien entendu de plus saugrenu au cours de cette
conversation. « Et quoi encore ? Pour que vous les laissiez
disparaître eux aussi ? Certainement pas. Vous pouvez repartir avec les chariots
vides. Ça vous apprendra. »
    Le chevalier se raidit sous le coup
du sarcasme, mais ne lâcha pas prise. « Le baron vous serait redevable, je
suppose.
    — Oui, je suppose qu’il
le serait », reconnut le comte. Il considéra le chevalier, sa suggestion
méritait quelque réflexion. Un Neufmarché en dette avec lui pourrait s’avérer
utile lors de leurs échanges futurs. « Oh, très bien, allez vous reposer
pendant que je règle cette affaire. Vous pourrez partir demain matin.
    — Merci, sire, dit le
chevalier. Je vous en suis des plus reconnaissant. »
    Une fois le guerrier parti, le
comte Falkes chassa toute cette histoire de son esprit. Les soldats étaient des
gens superstitieux, toujours à chercher des signes et des prodiges là où il n’y
en avait pas. Même ceux qui semblaient avoir le plus la tête sur les épaules se
laissaient facilement embarquer – une ombre dans les bois, et puis quoi
encore ? – par leur imagination débordante et faisaient alors un peu
trop marcher leur langue. Ces crétins de gardes s’étaient sans doute soûlés
entre eux après avoir laissé le convoi loin derrière eux ; ivres morts,
ils avaient dû oublier d’entraver leurs chevaux.
    Plus tard dans la soirée,
cependant, alors que le crépuscule tombait sur la vallée, le comte eut
l’occasion de reconsidérer ses préjugés lorsque le soldat disparu, Laurent,
sortit en trébuchant de la forêt et se présenta aux portes de sa forteresse. La
peur l’avait rendu à moitié fou : il baragouinait à propos de démons, de
spectres et d’un étrange oiseau fantôme,

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