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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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c’est que ça ? »
s’étonnait-elle à voix haute, en considérant ce qui s’avéra être une compote de
pommes séchées, de miel, d’amandes, d’œufs et de lait, servie bouillonnante
dans un pot en terre. « On appelle ça une muse*, l’informa dame
Agnès sans même tourner la tête. C’est aussi bon avec des abricots, des pêches
ou des poires. »
    Mérian n’avait pas la moindre idée
de ce que pouvaient être des abricots ou des pêches, mais ça devait plus ou
moins ressembler à des pommes. On garnit bientôt la table de plats de poisson
cuit à la vapeur et de frose*, qui se révéla être du porc et du bœuf
attendris cuisinés avec des œufs… et bien d’autres mets dont Mérian ne pouvait
qu’essayer de deviner la composition. Enchantée par l’extraordinaire variété
d’aliments qui s’étalait devant elle, elle résolut de goûter chacun d’eux avant
la fin de la soirée.
    Quant à la baronne, assise aussi
droite qu’une hampe de lance à ses côtés, elle prit un morceau de viande
qu’elle mâcha d’un air pensif avant de l’avaler. Puis elle rompit un morceau de
pain, le trempa dans la sauce de la viande et le mangea. Après s’être poliment
tamponné la bouche du dos de sa main, elle se leva de sa chaise.
« J’espère que nous aurons à nouveau l’occasion de discuter avant votre
départ, dit-elle à Mérian. Je vous prie de bien vouloir m’excuser, je suis
encore très fatiguée des suites de mon voyage. Je vous souhaite le bonsoir*.  »
    La baronne gratifia son époux d’un
rapide baiser et lui souffla quelque chose à l’oreille avant de sortir de
table. Son absence soudaine laissait un vide à sa droite, et comme le baron
était en pleine conversation avec son père, Mérian se tourna vers son voisin de
gauche, un jeune homme plus âgé que son frère d’un an ou deux. « Vous
n’êtes pas d’ici, j’ai l’impression, lui dit-il en la lorgnant du coin de
l’œil.
    — En vérité, répondit-elle.
    — Ça nous fait un point
commun. » Ses yeux avaient la couleur de la mer en plein hiver. Son visage
était fin, presque féminin, n’était-ce sa mâchoire large et anguleuse. La
commissure de ses lèvres se tordait lorsqu’il parlait. « Je viens de
Rainault. Savez-vous où ça se trouve ?
    — Je dois avouer que non,
répondit Mérian, qui se rappelait les avertissements de sa mère et essayait de
garder un ton d’indifférence.
    — C’est après la passe de
Normandie, dit-il, mais ma famille n’est pas normande.
    — Non ? »
    Il secoua la tête. « Nous
sommes angevins. » Une touche de fierté mâtinait cette simple affirmation.
« Une vieille famille de la noblesse.
    — Qui n’en est pas moins
ffreinc, fit remarquer Mérian, guère impressionnée.
    — Où vivez-vous ?
demanda-t-il.
    — Mon père est le roi Cadwgan
ap Gruffydd, une vieille famille de la noblesse. Nos terres se trouvent en
Eiwas.
    — Dans le Wallia ? railla
le jeune homme. Vous êtes galloise !
    — Bretonne », rectifia
Mérian avec raideur.
    Il haussa les épaules. « Y
a-t-il une différence ?
    —  Gallois, reprit-elle
sur un ton dédaigneux, est le terme qu’utilisent les Saxons ignorants pour désigner
quiconque vit au-delà des Marches. Et ce sont bien les seuls.
    — J’ai entendu parler de ces
Marches, poursuivit-il, imperturbable. Et de votre forêt hantée. »
    Mérian fixa des yeux le jeune
homme, partagée entre sa répugnance à lier plus ample connaissance avec un
Ffreinc et sa curiosité. Qui l’emporta. « C’est la seconde fois ce soir
qu’on m’évoque cette apparition. » Parcourant du regard les tables en
contrebas, elle retrouva les deux filles avec qui elle avait parlé. « Les
deux damoiselles, là-bas. » Elle lui désigna les deux sœurs assises côte à
côte. « Elles m’en ont parlé également.
    — Je n’en doute pas, marmonna
le jeune homme, à l’évidence agacé qu’on ait gâché son effet.
    — Vous les connaissez ?
    — Ce sont mes sœurs. » Le
mot semblait lui écorcher la bouche. « Que vous ont-elles dit ?
    — Rien du tout. Le baron avait
pris place à table, et nous avons dû le rejoindre. Nous n’avons pas eu le temps
d’en discuter.
    — Parfait, dans ce cas je vais
vous raconter. » Le jeune homme retrouva un peu de sa bonne humeur à
mesure qu’il évoquait le spectre qui hantait la forêt sous la forme d’un
gigantesque oiseau de proie.
    « Comme c’est

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