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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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fait
construire trois châteaux aux frontières nord et ouest de l’Elfael, n’est-ce
pas ? Il dispose d’une centaine, peut-être de deux cents maçons, sans
parler de tous les travailleurs qui besognent pour son compte. Les ouvriers
doivent être payés. Tôt ou tard, ils le seront jusqu’au dernier, et ils sont
des centaines. » Aethelfrith sourit en voyant une lueur s’éveiller dans
les yeux de ses auditeurs. « Ah ! Vous comprenez maintenant, pas
vrai ?
    — Des centaines de
travailleurs payés en argent, murmura Bran, osant à peine formuler cette
pensée. Une rivière d’argent.
    — Un déluge d’argent,
le corrigea Aethelfrith. N’est-ce pas ce que je vous disais ? À l’heure
qu’il est, le baron se prépare à envoyer des chariots chargés de coffres-forts
remplis de bons pennies anglais pour payer tous ces ouvriers. Tout l’argent
dont vous avez besoin coulera bientôt à flot dans la vallée, n’attendant qu’à
être dérobé.
    — Bien joué, Tuck !
s’écria Bran juste avant de se mettre à bondir autour du feu. Vous avez entendu
ça, banfáith ? demanda-t-il après s’être tourné vers Angharad, voûtée sur
son tabouret à côté de la porte. Voici notre chance de bouter les étrangers
hors de nos terres.
    — Oui, peut-être. » Elle
hocha prudemment la tête. « Mais les Ffreincs n’enverront pas leur argent
sans protection. Il y aura des marchogi, et en nombre. »
    Bran la remercia pour son
avertissement, puis se tourna vers son champion. « Iwan ? »
    Ce dernier plissa le front,
mâchonnant pensivement sa réponse. « Nous disposons de quoi ? De
peut-être six hommes ayant déjà tenu autre chose qu’une pelle. Nous ne pouvons
pas affronter toute une troupe de chevaliers rompus au combat, à cheval qui
plus est.
    — Et je doute que l’argent
tombe dans nos mains de son plein gré », ajouta Siarles.
    Angharad, la figure sombre sur son
tabouret, reprit la parole. « Si vous voulez obtenir justice, vous devez
vous-mêmes vous montrer justes. »
    Tous jetèrent des regards
interrogateurs en direction de Bran. « Je crois que ce qu’elle veut dire,
c’est que nous ne pouvons pas les attaquer sans avoir été provoqués. »
    Tous se turent, conscients du défi
qui les attendait. « En vérité, finit par reprendre le jeune homme, dont
les yeux brillaient avec malice au-dessus du feu, nous ne pouvons affronter des
chevaliers, mais le Roi Corbeau si. »
    Frère Tuck demeura impassible.
« Il faudra plus qu’un gros oiseau noir pour effrayer des chevaliers
endurcis, non ?
    — D’accord, conclut Bran avec
un sourire diabolique. Nous leur donnerons de quoi avoir peur. »
     
    L’abbé Hugo de Rainault était
habitué à mieux. Il avait servi aux cours des rois angevins, des princes
s’étaient battus pour satisfaire ses caprices, ducs et barons lui avaient obéi
au doigt et à l’œil. Hugo était allé à Rome – à deux
reprises ! – et avait rencontré le pape chaque fois : Grégoire
et Urbain l’avaient tous deux reçu en audience, le couvrant l’un comme l’autre
de reliques enchâssées de joyaux et de manuscrits précieux. On l’avait
pressenti pour devenir archevêque, peut-être même pape lui-même. Il avait
administré sa propre abbaye, contrôlé d’immenses domaines, tenu sous son empire
les vies d’innombrables hommes et femmes, et joui d’une magnificence que même
les rois de France et d’Angleterre pouvaient envier.
    Hélas, il n’en restait plus
grand-chose.
    Il avait fait tout son possible
pour prévenir ce fiasco lorsque le cours des événements avait commencé à jouer
contre lui – des donations et des indulgences, des dons coûteux aux nobles
les plus en vue (chevaux, faucons et autres chiens de chasse), des lettres de
recommandation à tous ceux qui se trouvaient en position de parler en sa
faveur. Obtenir l’oreille des rois était une tâche de longue haleine, mais plus
longue encore était leur mémoire des insultes perpétrées à leur égard. Quand
William le Rouge s’était emparé sans ménagement du trône de l’Angleterre, Hugo
avait fait ce que n’importe quel homme d’église sensé aurait fait – la seule chose qu’il pouvait faire. Avait-il eu un autre choix ? Robert Curthose,
l’aîné du Conquérant, était l’héritier légitime du trône de son père. Qui
aurait pu se douter que le fourbe William agirait si vite ? Il avait coupé
l’herbe sous le pied de son pauvre père

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